Isaac Ponseele
On s'en souvient comme si c'était hier : un jour froid de février 2017, on découvrait Parcels en première partie d'un concert peu mémorable de Two Door Cinema Club au Casino de Paris. Mais ces Australiens chevelus et moustachus nous avaient fait forte impression, les mêmes que certaines mauvaises langues enterraient déjà, eux et leur disco-funk copié sur Daft Punk. Depuis, le buzz s'est amplifié et le groupe a explosé. On a pu suivre avec délectation leur trajectoire exponentielle, symbolisée par des concerts à chaque fois de plus en plus maîtrisés dans l'espace clos d'un Olympia, d'une Cigale ou d'un Zénith, ou sur les plaines géantes de Rock en Seine et We Love Green. Logique, la dernière étape de ce couronnement est un Accor Arena des plus mérités pour une des meilleures formations live (la meilleure ?) de sa génération.
Tuesday Night Fever
Bercy, les cinq Australiens connaissent : ils s'y sont déjà produits il y a huit ans en ouverture de Phoenix. Désormais, ce sont plus de 15.000 inconditionnels qui les acclament. Sur scène, pas de gros décor. Une plateforme blanche, de nombreuses lumières et surtout un écran rectangulaire surplombant la salle, où le groupe est souvent suivi par un cameraman mouvant, comme chez Nine Inch Nails cet été. "Tobeloved" et "Ifyoucall", deux des pépites du dernier opus "Loved", démarrent les festivités. Mais avec un peu de mal : le son n'est pas assez puissant, le public pas encore dedans et on sent que l'immensité de la salle peut être parfois difficile à dompter. Mais il suffit du tube "Overnight" pour lancer la machine. Jouée en troisième position, le premier hit des Parcels (produit par Daft Punk, excusez du peu !) met la salle en ébullition et lance véritablement un show de 1h45 sans temps mort.
Car à l'image de son dernier LP, la bande construit son concert comme un grand huit d'émotions qui alterne entre décharges funk et moments contemplatifs très émouvants. Il y a évidemment les contagieux "Somethinggreater" ou "Gamesofluck", accueillis avec triomphe par un public désireux de faire la fête, mais aussi les superbes "Sorry" et "Leaveyourlove", interprété par les cinq compères assis sur le devant de la scène. Ou encore ce "Summerinlove", durant lequel une caméra se faufile dans les premiers rangs, à la recherche de tourtereaux pour une kiss cam moins gênante que chez Coldplay.
Entre joie et émotion pure
Ainsi, pour cette nouvelle tournée, la plus imposante de sa carrière, Parcels muscle son jeu et se fait parfois plus rock, à l'image du final électrique de "Safeandsound" et "Iwanttobeyourlightagain". Et impressionne lors d'un immense jam construit autour des morceaux instrumentaux "Everyroad" et "LordHenry", ou en transformant Bercy en karaoké géant sur "Tieduprightnow", paroles sur l'écran en prime. Le tout avant un final des plus époustouflants sur "Yougotmefeeling", meilleur morceau de "Loved", et un atterrissage en douceur sur le bien-nommé "Finallyover".
Une fois encore, nos cinq camarades océaniens ont fait très fort. En 10 années de carrière, Parcels a donc suivi une trajectoire impressionnante qui l'amène aujourd'hui à remplir des arenas. Et même si leur musique sied davantage à la moiteur des petites salles, impossible de résister à une proposition scénique aussi libre que minutieuse, radicalement optimiste et toujours aussi maitrisée. Oui, même dans l'immense Accor Arena qui a vu défiler les plus grands, Parcels prouve qu'il est le meilleur groupe live de sa génération. « Nous avons commencé aux Bains. Puis nous avons joué à la Boule Noire, la Cigale, l'Olympia, le Zénith… C'est notre plus grosse tournée et on nous dit qu'on est devenus un plus gros groupe. Non, c'est juste le public qui est plus nombreux. Nous, nous sommes restés les mêmes qu'il y a 10 ans » s'exclame le batteur Anatole Serret, sous une salve d'applaudissements. Quelques minutes plus tard, il quitte ses fûts pour écrire "Paris Forever" devant la caméra. La partie est amplement gagnée.
Setlist du concert de Parcels à Bercy
Tobeloved
Ifyoucall
Overnight
Somethinggreater
Sorry
Safeandsound
Gamesofluck
Summerinlove
Leaveyourlove
Iwanttobeyourlightagain
Everyroad
LordHenry
Thinkaboutit
Tieduprightnow
Once
IknowhowIfeel
Yougotmefeeling
Tobeloved (Trance Version)
Rappel :
Finallyover