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Propos recueillis par Yohann Ruelle.
Vous sortez dans les bacs votre premier album "Sadnecessary". Pour ceux qui seraient passés à côté de "Stolen Dance", comment définiriez-vous votre musique ?
Clemens Rehbein : Oh, vaste question ! (Rires)
Philipp Dausch : Je pense qu'on peut le résumer par des chansons folk mixées avec des petites touches électroniques.
Clemens : Mais si tu prêtes attention aux détails, il y a bien plus. Des arrangements empruntés au reggae, par exemple. Un magazine a appelé ça du "feggae", on a trouvé ça cool (Rires). Ça reflète la diversité des musiques qui ont abreuvé notre enfance.
Philipp : C'est un melting-pot.
Philipp : Ça a commencé de la façon la plus banale au monde : une conversation entre deux potes. On était assis sur un banc, dans un parc, à boire du vin et à s'imaginer ce qu'on ferait plus tard, à ce qu'on aimerait faire... Et puis l'un d'entre nous a sorti l'idée, et le lendemain, elle trottait toujours dans un coin de notre tête. Voilà. On a commencé à bosser sur l'album, donc on avait une raison de franchir le cap. Pour nous, ça n'offrait que des avantages : une liberté de création, un contrôle entier sur la conception du disque... On avait une idée précise de ce qu'on voulait faire, et on a pu le faire à notre sauce.
Il y a de toute évidence un fossé entre le processus créatif de l'album, très artisanal, et le succès commercial et mainstream de "Stolen Dance". Comment expliquez-vous ça ?
Clemens : Je ne crois pas qu'on puisse se l'expliquer... Au début, on a tenté d'analyser l'engouement autour de ce titre, et puis on a arrêté de se poser des questions !
Philipp : C'est une machine qui s'est emballée toute seule. Les gens qui ont commencé à apprécier notre musique se sont chargés eux-même d'en faire la promotion sur le web et les réseaux sociaux. Ils ont consacré du temps et redoublé d'efforts pour lui permettre de bénéficier d'un maximum de visibilité. L'artisan du succès de "Stolen Dance", ce n'est pas nous : c'est le public.
Découvrez le clip de "Stolen Dance", de Milky Chance :
Clemens : YouTube a été l'étincelle qui a mis le feu aux poudres. Mais à partir du moment où l'album "Sadnecessary" est sorti en Allemagne, en octobre dernier, la donne a été différente. Parce qu'on s'est associés à un plus gros label, on a bénéficié de moyens plus importants, on est apparus sur les chaînes de télévision... Au lieu d'aller chercher nos chansons, le public s'est fait servir sur un plateau ! Ça aide, et petit à petit, on a traversé les frontières.
Vous n'avez pas peur d'être victime du syndrome du "one hit wonder" ?
Phillip : On n'y réfléchit pas, et la raison est toute simple : on a toujours fait de la musique dans notre coin, juste pour nous. Faire de la musique à succès ou faire de la musique tout court, ça revient au même ! (sourire). Mais bien sûr, maintenant que nous avons un label et tout un tas de personnes qui travaillent avec nous, on a un peu la pression. Donc d'un certain côté, oui, on espère connaître un succès durable, pour notre équipe, parce qu'on se sent responsables.
Est ce que ça change votre approche de la musique ?
Phillip : Musicalement, non. Ça change notre manière de...
Clemens : .... prendre des décisions !
Phillip : Voilà. On fait très clairement la distinction entre créer de la musique et gérer notre musique.
Phillip : Il n'y en a pas ! (Rires). On a tout enregistré d'une traite, tête baissée.
Clemens : Ce n'est qu'après les sessions studios qu'on a trouvé des similitudes dans les thèmes, l'humeur générale du disque. Le fil rouge, c'est la mélancolie qui parcourt chacune des chansons et qui, assez naturellement, se marie avec une approche festive et dansante.
Vous avez écarté volontairement les titres qui ne correspondaient pas à ces deux critères ?
Phillip : Absolument pas ! En réalité, on a fait aucune sélection. Tous les morceaux qu'on a enregistrés sont sur l'album.
Clemens : On ne savait même pas qu'on en faisait un ! (Rires)
Vos textes sont parfois très sombres. Sur "Stolen Dance", vous chantez quand même "Le soleil ne brille plus, la seule chose que je ressens est la douleur"...
Clemens : Ça reflète bien le titre de l'album : de la tristesse nécessaire. Utiliser ces émotions négatives pour les transformer en quelque chose de positif.
C'est ça, votre message ?
Clemens : On essaie pas de transmettre un message. Ce sont nos chansons qui parlent toutes seules... Mais si les gens y trouvent une note d'espoir, tant mieux !
Clemens : A la base, c'est un coquelicot. (Rires)
C'est ce que j'allais dire !
Phillip : C'est l'oeuvre d'un de mes nos meilleurs amis, qui peint à ses heures perdues. On aimait beaucoup ce tableau. Comme on a dit plus tôt... C'est un album très personnel.
Une idée du prochain single ? "Fairytale" ou "Feathery" semblent tenir la corde...
Clemens : Oui, on a déjà posé une option... Mais mystère !
La prochaine étape pour vous, c'est quoi ?
Phillip : Là pour l'instant, on essaie de prolonger le rêve dans lequel on vit. C'est un boulot à plein temps !
Visionnez le clip "Down By The River" de Milky Chance :