
Bonjour Melissmell, comment vas-tu depuis le Prix Georges Moustaki que tu as remporté en février dernier (ndlr : doublé gagnant Prix de jury et Prix du public) devant près de 300 candidatures d'artistes autoproduits et/ou signés sur des labels indépendants ? Avec le recul, cela t'a-t-il apporté quelque chose (Thierry Cadet, Rédacteur en Chef) ?
Melissmell : Ça ne m'a rien apporté de particulier, mis à part une exposition médiatique plus importante les jours suivants. Mais ça s'est tassé très vite (sourire). Cela dit, c'était la première fois que j'étais distinguée par la profession (ndlr : le jury était composé notamment des journalistes Didier Varrod, Jean-Pierre Pasqualini, Benjamin Petrover, etc.). Après, mon fer de lance c'est la scène, ce que j'ai toujours fait, et que j'ai donc continué à faire.
Visionnez Melissmell live, "Viens" (horscene.com) :
Ton premier album "Ecoute s'il pleut" reçoit un bel accueil depuis sa parution. Le premier single "Aux armes" a même été diffusé sur NRJ. Tu complètes ainsi la liste très fermée des artistes qui font le grand écart entre France Inter et NRJ (Zaz, Ben l'Oncle Soul...). Huit mois après sa sortie, es-tu satisfaite de son parcours (Top 66) ?
Finalement, NRJ la radio la plus commerciale par excellence, jouant "Aux armes", cela t'a-t-il décontenancée ?
Non, parce que le titre a été joué tel quel, tel qu'il est sur le disque et donc tel que je l'entends. Je n'ai fait aucune concession. Je suis restée moi même, et mon message est passée auprès du plus grand nombre. Pourquoi m'en plaindrais-je ? Cela dit, les rotations n'ont été que de courtes durées (sourire).
On murmure que NRJ se vantait d'avoir trouvé “sa” Zaz...
Visionnez le clip de Melissmell, "Aux armes" :
Artistiquement, que penses-tu de son univers ?
Nous n'abordons pas les thèmes humanistes de la même manière, et je pense être plus alternative. Elle a un côté jazzy, moi plutôt rock, et mes chansons sont plus empreintes de mélancolie. Elle a beaucoup d'humain en elle, j'aime bien cette fille. J'espère qu'elle est assez forte pour ne pas se faire bouffer par ce monde de requins.
Pourquoi avoir choisi de t'appeler Melissmell ?
(sourire) Mélanie est mon vrai prénom. Ensuite, Melissmell évoque "Smell Like Teen Spirit", en hommage au groupe Nirvana, et enfin Mélisme, mot grec qui veut dire mélodie.
Crédit photos : Sand Mulas.
Melissmell, c'est aussi et surtout un groupe non ? Mélanie au chant, mais aussi... ?
Exactement. J'ai réussi avec mes chansons à faire la part des choses. C'est à dire qu'une grande part des influences de mes musiciens, qui sont à mes côtés depuis le début de l'aventure Melissmell, est présente. L'album est un disque que nous avons enregistré en trois semaines, en laissant une grande part d'improvisation et de spontanéité. Je suis ouverte musicalement aux propositions extérieures, alors on essaie des choses en permanence. Stefano Bonacci est guitariste soul/funk/jazz à la base, Thomas Nicol vient du classique, sans oublier Claude Dos Santos à la basse. Quant à mon batteur scénique, Jérôme Spieldenner, je ne le connaissais pas avant, mais je l'ai laissé amener ses idées afin d’enrichir les arrangements.
Sur scène, vous arborez même une chorégraphie très “boysband”, avec beaucoup de second degré, sur ce véritable hymne générationnel qu'est "Les enfants de la crise" - et qui fait par ailleurs un excellent single...
Par exemple (sourire). Une chanson doit vivre, s'enrichir. Une chanson ne doit pas rester figée. Elle est amenée à évoluer.
Ecoutez le titre de Melissmell, "Les enfants de la crise" :
Quelle formation musicale adoptes-tu généralement sur scène ?
Cela dépend des conditions de la salle. Nous avons deux formations : une formation électrique pour les festivals et les concerts qui me le permettent, et une formation acoustique, avec guitare et contrebasse.
Te sens-tu suffisamment soutenue par les médias ?
Par certains oui, évidemment.
Quelles sont tes influences musicales ?
J'aime Léo Ferré, Jacques Brel, Edith Piaf, Noir Désir, plus que tout. Mais aussi Cyril Mokaiesh, Alexis HK, Têtes Raides, La Rue Kétanou, Les Hurlements d'Léo, Les Ogres de Barback, Flow, Gavroche, The Smashing Pumpkins, Radiohead...
Que penses-tu de Pep's, dont tu as réalisé de nombreuses premières parties avant la sortie de ton premier album ?
Humainement c'est un mec bien, c'est un type qui n'a pas de masque. C'est même devenu un copain. Après, musicalement ça me touche moins. Mais Pep's est resté vrai, malgré le succès de "Liberta", il ne s'est pas trahi pour faire de l'argent à tout prix.
On murmure que tu as également croisé le parcours de Soan, avant sa victoire à "Nouvelle Star" en 2009.
Oui. Soan et moi avons notamment fréquenté le même bar à Paris, le Café de La Liberté dans le 11ème arrondissement, dans lequel nous donnions des concerts.
Qu'as-tu pensé de son passage dans le télé-crochet d'M6 ?
Il trimait plus que moi. Tu sais que ma mère, ma tante et ma cousine m'ont saoulé également pour que je m’inscrive. Alors je l'ai fait. Je suis allée au casting pour qu'elles arrêtent de m'emmerder, et j'ai tout fait pour ne pas être prise. « Tu ne rentres pas dans le style de l'émission » qu'ils m'ont dit (sourire). Je pense malgré tout, que si Soan a rapidement gagné un public, il se décrédibilise auprès d'un autre, celui qui décrie ces émissions. S'il avait attendu deux ans de plus, ils en serait peut être là aussi, sans être passé par la case télé-crochet. On a le même parcours, le même âge, on faisait du guitare/voix dans les mêmes bars, et j'ai fini par faire parler de moi aussi. Il aurait peut-être dû être plus patient.Quel genre d'adolescente étais-tu ?
Sur ton album, il y a d'ailleurs une chanson qui s'appelle "Le mouton" - et qui fût le premier extrait de l'EP "Aux armes"...
Voilà (sourire).
Pourquoi avoir choisi des interludes musicales de quelques secondes avant certains morceaux ?
Les interludes avec cette boite à musique posent les choses, comme "Glouton", qui reprend la mélodie du "Mouton", c'est un peu comme un 33 tours qu'on changerait de face. C'est une respiration, comme un goûter d'après-midi, ou une sieste, tranquille, au soleil (sourire).
Tu évoques le temps qui passe dans cette chanson, « prends toi aussi le temps ». Est-ce important à tes yeux ?
Bien sûr. Comme je l'évoquais tout à l'heure avec le parcours de Soan, je pense qu'il faut prendre le temps, que tout arrive à temps à qui sait attendre, et qu'il ne sert à rien de brûler certaines étapes. Chaque chose en son temps (sourire).
Visionnez Melissmell live, "Le mouton" (blugture.com) :
Tu sembles déterminée !
Je sais où je veux aller. Prendre le temps de grandir.
Dans "Aux enfants de la crise", tu dépeins un « monde à refaire », qu'est-ce que tu changerais toi si
Je brûlerai l'argent. Le fric est le cancer de l'humain.
Désires-tu des enfants ?
Oui et non. Même si la personne qui saura élever parfaitement des enfants n'est pas encore née. C'est impossible. Il n'y a pas d'éducation parfaite. Je suis l'enfant d'un père qui n'a pas assumé, alors je n'ai pas confiance aux hommes. J'aurais bien aimé, mais ce n'est pas le cas (sourire).
Iras-tu voter l'an prochain aux Présidentielles ?
Je ne sais pas.
Ton album se termine par "Plutôt rêver". A quoi rêve Melissmell aujourd'hui ?
Ecoutez le titre de Melissmell, "Plutôt rêver" :
Voyages-tu beaucoup ?
Je voyage dans mon cœur et dans mon âme. Je reste proche de la France et des pays frontaliers.
Que réponds-tu à tes détracteurs qui disent que tu as réalisé un album sombre, pessimiste... ?
Pour finir, Melissmell est-elle amoureuse actuellement ?
Non (sourire).
Merci beaucoup, on se retrouve donc le 9 novembre prochain au Trianon de Paris, avec notamment Gaëlle Vignaux en première partie.
Avec grand plaisir ! Merci à toi.
Crédit photos : Sand Mulas.