Crédits photo : Pochette de l'album
« Pure emotion » lance Hannah Reid au début de "How Does It Feel". Et cette émotion pure, on la ressent tout au long des 45 minutes de "Californian Soil". Quatre ans après avoir prouvé ne pas être le groupe phénomène d'un seul album grâce à "Truth Is Beautiful Thing", London Grammar revient enfoncer le clou pop avec un troisième opus pour lequel la chanteuse Hannah Reid, seule femme du groupe, a voulu, plus que jamais, se positionner comme la pièce angulaire du trio. « Je voulais faire quelque chose qui relève d'une vraie déclaration. Sur cet album, j'ai l'impression d'être davantage le leader du groupe. Là, j'ai senti que c'était mon moment (...) Le fait d'être toute seule sur la pochette de mon album et dans les clips signifie vraiment quelque chose. Ça prouve que j'ai une histoire à raconter, mais qu'elle ne va pas desservir Dan et Dot. C'est mon expérience » confie-t-elle dans une interview pour Pure Charts à paraître ce week-end.
Equation gagnante !
Cette prise de pouvoir, Hannah Reid l'assume dès l'introduction de ce nouvel album de London Grammar, dans laquelle sa voix aérienne se pare d'une orchestration digne d'un générique de James Bond. Le tout avant d'enchaîner sur le morceau-titre, aux influences trip-hop bien senties. Dans les textes aussi, l'artiste s'impose, va droit au but, évoquant à plusieurs reprises le sexisme et les relations toxiques au sein de l'industrie musicale. Sur "Californian Soil", marquant un tournant pour le trio, London Grammar tend à ouvrir encore plus son univers musical. Si les titres aériens et oniriques, qui font l'ADN du groupe, sont toujours présents, le disque navigue habilement entre morceaux orchestraux et sonorités plus électroniques. Les excellents "Missing" et "Lord It's A Feeling" opèrent d'ailleurs une belle synthèse des deux orientations musicales de l'album. Si Hannah prend le pouvoir, ses deux collègues Dan et Dot brillent à travers leurs voluptueuses mélodies qui marquent l'écoute et restent en tête, à l'instar de l'intense "Lose Your Head", qui s'affirme déjà comme un des chefs d'oeuvre de leur discographie, tout comme le somptueux clip maritime qui en a été tiré.
Si on pourrait qualifier l'album "Californian Soil" de pop orchestrale, London Grammar ne cache pas non plus son envie d'aller caresser la sensibilité des machines, à l'image des excellents "Baby It's You" et "How Does It Feel" défendus en single. Un virage électro-pop certes plus mainstream, "How Does It Feel" étant signé du hitmaker Steve Mac ("Shape of You"), mais en aucun cas facile pour le trio qui conserve malgré tout sa patte rêveuse sur ces titres parés pour cartonner en radio. Cependant, la deuxième moitié du disque se révèle moins forte et intense que la première, parfaite en tout point, bien que les très réussis "Talking" ou "I Need The Night" y résonnent. Malgré tout, London Grammar ne faiblit pas. Mieux, en trois albums, le trio gagne en intensité, en maturité et en efficacité dans la faculté (et la facilité, disons-le aussi !) à produire des chansons aussi belles que marquantes. "Californian Soil" réussit donc aisément le pari d'embellir le printemps et s'affirme déjà comme un album que l'on va écouter en boucle dans les semaines et les mois à venir. Et c'est peut-être à cela que l'on reconnaît la marque des grands !
Ecoutez "Californian Soil", le nouvel album de London Grammar :