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Foals en interview : "C'est la fin d'une ère pour le groupe"

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
Foals vient de mettre fin à sa grande tournée estivale. Interrogé dans les coulisses de Rock en Seine, le guitariste Jimmy Smith revient sur la conception du dernier album "Life Is Yours", plus pop, et de la volonté du groupe d'être plus populaire que jamais. Interview !
Crédits photo : Alex Knowles
Propos recueillis par Théau Berthelot.

Foals arrive à la fin d'une grande tournée d'été. Comment ça s'est passé ?
C'était génial ! Encore une fois, on a fait le tour du monde. On a été en Hongrie, au Sziget Festival, où c'était vraiment incroyable, puis en Slovaquie, en France... C'est toujours cool de revenir à Rock en Seine car on sait que ça va être top. Ce week-end, on a enchaîné les deux festivals anglais Reading & Leeds, en tête d'affiche, et Rock en Seine donc c'est vraiment LE gros week-end. C'est toujours le plus gros moment, le week-end le plus chargé.

Rock en Seine, on sait toujours que ça va être génial
En parlant de Rock en Seine, Foals est l'un des groupes qui s'y est le plus produit. C'est toujours un plaisir d'y revenir ?
Toujours ! On entretient une grosse affinité avec Paris. C'est l'une des premières villes dans laquelle on a joué dès nos débuts, en dehors du Royaume-Uni. On essaie de se souvenir, car aucun d'entre nous ne se souvient de tous les concerts qu'on a donnés ici (rires).

Justement, il y a un concert que tu retiens le plus ici ?
J'ai vraiment aimé le dernier qu'on a fait en 2019. Celui-ci d'avant en 2016 était très amusant aussi. On jouait après Iggy Pop, ce qui est complètement fou car ça aurait dû être dans l'ordre inverse, on aurait dû jouer après lui !

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Nous voulions faire une musique plus lumineuse
Je vous ai vus en concert au Zénith de Paris l'an dernier, et sur scène Yannis Philippakis n'arrêtait pas de répéter à quel point vous étiez heureux de remonter sur scène. On sent que ça vous tient plus à coeur qu'autre chose !
On a surtout enfin réussi à remplir le Zénith (sourire). Ça nous avait vraiment manqué de remonter sur scène. Ça fait partie de notre ADN de faire des tournées, de jouer live... Le concert au Zénith, c'est l'un des meilleurs de notre carrière je pense. En tous cas, c'est l'un des mes concerts favoris.

Ce qu'a dit Yannis sur scène, c'est ce qui transparait dans le dernier album "Life Is Yours", le fait de retourner à la vie "normale" après deux ans de pandémie...
C'est exactement ça ! On a écrit "Life Is Yours" durant la crise sanitaire et le confinement. Il ne se passait rien et c'était une période vraiment déprimante. Donc nous avons décidé de faire une musique plus joyeuse, plus lumineuse. C'est une idée qui est venue assez naturellement entre nous. On s'est dit que ce serait cool car, une fois que toute cette crise sanitaire serait finie, on serait enfin autorisés à remonter sur scène et à jouer ces chansons positives. Mais c'est juste une parenthèse, car le prochain album sera super déprimant (rires).

Ecrire de la musique, c'est aussi avoir des opinions
Cet album, vous l'avez enregistré à trois sans le bassiste Walter Gervers. Qu'est-ce que ça a changé dans le processus du groupe ? C'était plus difficile ?
Non pas vraiment... En fait, c'était assez similaire. Jack [Bevan, le batteur, ndlr], Yannis et moi sommes vraiment le coeur central du groupe en termes d'écriture et de composition. Donc ça n'a pas vraiment affecté le processus... Bien sûr, Walter nous manquait, tout comme Edwin [Congreave, ancien claviériste]. Car écrire de la musique, ce n'est pas juste jouer des instruments, c'est avoir des opinions, les partager, avoir des critiques... Edwin était particulièrement bon pour ça ! On lui jouait les chansons et on lui demandait : oui ou non ? Et lui il répondait (rires).

N'être que trois, et non plus quatre ou cinq, c'est plus compliqué pour prendre des décisions ?
Au contraire, c'est plus facile ! Il y a moins d'opinions, donc c'est plus facile. Il y a moins de dissension dans les moments où chacun veut quelque chose de différent.



Foals va repartir sur de nouvelles bases
L'album est sorti il y a maintenant plus d'un an. Avec le recul, quel est ton avis sur le disque ?
Je ne pourrais pas faire un classement des albums, c'est comme si c'était tous mes enfants ! Mais je suis très fier qu'on ait réussi à faire un album dans ces conditions. Je l'adore, on s'est vraiment amusés à jouer certaines des chansons sur scène. Je le vois plus comme la fin d'une ère pour Foals, et on va repartir sur de nouvelles bases. Maintenant que Walter est de retour dans le groupe, il est temps de faire quelque chose de neuf.

Très souvent, quand un artiste ou un groupe sort un album, il dit que c'est son meilleur ou son plus personnel. Il est déjà arrivé de sortir un album sans être contents du résultat ?
En vrai chaque album... Dès qu'il est sorti, tu l'écoutes probablement une fois pour être sûr que tout est bon et c'est tout. Et tu te dis "Merde !", il y a toujours une "to do list" que tu penses n'avoir pas véritablement complétée. Mais je pense qu'avec "Life Is Yours", ça va plutôt bien. Il y a dessus "2001", que je considère comme une des chansons les mieux produites de notre discographie.

Avec cet album, vous avez pris un virage plus pop et plus dansant, moins rock. C'est venu comment ?
Musicalement, on ne voulait plus trop faire de chansons rock à ce moment-là. Nous n'étions pas vraiment intéressés, ce n'était pas le moment pour avoir de gros riffs de guitare heavy et déprimants. J'avais l'impression qu'on devait faire autre chose car on a beaucoup trop fait ça. Dans un sens, les gens s'attendaient à ce qu'on refasse ça et on s'est dit "faisons plutôt le contraire". Peut-être qu'il y aura des choses plus rock sur le prochain album, mais on voulait quelque chose de frais et c'est vraiment allé dans ce sens très naturellement. Et ça aurait été très bizarre de mettre de grosses guitares sur ces chansons pop. Il y a juste "Flutter" qui s'en rapproche le plus avec ce gros riff.

Les Français ont détesté notre deuxième album
L'an dernier à Paris, vous aviez une scénographie assez imposante avec un bel écran géant. J'ai l'impression qu'entre ça et ce virage pop, il y a une volonté assumée de devenir une sorte de "groupe à stades". C'est le cas ?
Plus un groupe d'arenas, de grandes salles (sourire). Le truc c'est que les histoires de productions, c'est assez chiant. Il y a encore quelques années, je ne pense pas que tout le monde avait une grosse prod'. Mais aujourd'hui, si vous jouez dans des salles assez grandes, c'est ce qu'on attend de vous. J'aime bien quand les groupes n'en ont pas. Je pense à Blur qui a rempli deux Wembley Stadium à Londres, ils n'avaient pas vraiment de scénographie, à part des écrans géants. Et toutes les critiques étaient dithyrambiques, disant qu'ils n'avaient pas besoin d'une grosse scénographie, que la musique se suffisait à elle-même. C'est pour ça que le public est là. Je pense que cet art s'est un peu perdu, certains groupes dépensent des millions d'euros dans des écrans, des machines à fumée, toute cette m*rde. Ça commence à cacher quelque chose...

Il y a quand même eu certaines personnes qui ont été déçues d'avoir payé plus de 100 livres pour Blur et de n'avoir qu'un show un peu "minimaliste"...
Qu'ils aillent voir quelqu'un d'autre alors (rires). Pourquoi tout doit être similaire ? C'est ce qui m'énerve en ce moment, tout doit être fait exactement de la même façon. Ils ont un écran donc tu dois en avoir un... Mais pourquoi ? J'aime les groupes qui ne font pas ça et qui s'en foutent !

Parfois comme on dit, plus c'est gros mieux c'est !
Exactement ! Sauf que parfois, ce n'est pas vrai... C'est quelque chose d'intéressant aujourd'hui... Tu as le management et tout le monde qui dit que vous devez faire telle ou telle chose...



Faire des tournées, c'est psychologiquement dur
J'ai l'impression que vous êtes plus populaires que jamais aujourd'hui, notamment en France.
La tournée que l'on fait depuis l'an dernier est vraiment géniale ! On fait des concerts en France depuis des années, donc on peut voir à quel point notre popularité grandit ou décroit. Le premier album a été très populaire ici, mais les gens ont détesté le deuxième (rires). Les gens me disaient ça dans la rue à Paris : "J'adore votre premier album, mais je déteste le nouveau". Oh eh bien merci, c'est très gentil ! C'est comme si j'allais voir un couple et que je leur disais "Je déteste ton premier enfant, mais ton deuxième ok...". Mais on est tellement fiers d'avoir rempli Zénith l'année dernière, c'était tellement bien, et de revenir ici à Rock en Seine après avoir fait deux gros festivals ce week-end...

Vous avez énormément tourné cet été. On a vu beaucoup de groupes ou d'artistes, comme Yard Act, Fontaines DC ou Sam Fender, qui ont annulé pas mal de concerts pour leur santé mentale, car ils enchaînent trop de dates. Comment vous faites dans le groupe pour tenir le coup ?
C'est assez dur en réalité ! On a vraiment sympathisé avec Sam Fender, notamment... Ce qui se passe c'est qu'avant le Covid, tout était planifié d'avance. On savait qu'on partait en tournée, qu'il allait se passer telle ou telle chose. C'était toujours la même chose et on s'y habituait. D'avoir une grosse pause et le fait que tout le monde reste chez soi nous a tous fait nous rendre compte que faire des tournées, c'est vraiment dur d'un point de vue psychologique. Tu es loin de chez toi pendant une longue période, ce qui n'est vraiment pas bien. A l'époque, ça pouvait paraître excitant, maintenant je n'aime pas partir de chez moi pendant deux mois, j'ai l'impression d'être un étranger dans ma propre maison. Personne ne parle trop de ça car tout le monde est en mode "tais-toi et fais avec, sois un homme". Regarde tous ces mecs qui se sont tués car ils n'avaient personne pour les soutenir. Il y en a tellement ! Et ce n'est que la partie immergée de l'iceberg. Tous les abus de drogue sont glamourisés par les magazines et tabloïds. Pourquoi ce gens font ça ? Parce qu'ils vivent une période difficile qu'ils essaient de surmonter. Certains fument de l'herbe, d'autres boivent... C'est vraiment un mode de vie qui n'est pas sain. Je respecte tous ceux qui font d'énormes tournées. Mais il faut savoir que la santé mentale est plus importante que toi, et c'est un message primordial à faire passer à tout le monde. Les gens ne devraient pas avoir honte d'annuler des concerts s'ils ne se sentent pas bien.

La santé mentale est plus importante que tout !
Ça me fait penser à Paul Thomson, l'ancien batteur de Franz Ferdinand qui disait justement ne plus vouloir partir en tournée et rester trop longtemps loin de chez lui.
C'est vraiment dur, et cette expérience de rester à la maison avec sa famille a radicalement changé les choses. C'est la même chose dans notre équipe, on a beaucoup de parents et tu vois qu'ils sont épuisés au bout d'un mois. Ils n'arrêtent pas de faire des FaceTime à leur moitié, ils sont fatigués...

Depuis votre retour à quatre avec Walter, vous avez commencé à écrire de nouvelles chansons ?
Non pas encore. On n'a rien fait pour le moment. On écrit tous les jours, mais on va faire un petit break. On pourrait sortir un disque avec toutes les idées qu'on a en poche mais on ne veut pas trop faire ça. On va finir cette tournée, faire les derniers concerts en Australie début 2024, et puis on va prendre une longue pause, peut-être pendant six ou sept mois, et puis on verra ! Car tout le monde écrit de chez soi, et c'est de là que jaillissent les idées.
Toute l'actualité de Foals sur son site internet officiel et sa page Facebook.
Ecoutez et/ou téléchargez la discographie de Foals sur Pure Charts.

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