AC/DC à bout de souffle ? On a vu le concert au Stade de France, voici notre avis
Ce mardi soir, AC/DC a donné son deuxième concert d'affilée au Stade de France. Plus en forme que jamais, le mythique groupe a multiplié les riffs et les tubes sous une pluie diluvienne et devant un public trempé mais conquis. Nous y étions !

GregH Photographer
Les premiers retours du samedi étaient unanimes. Oubliez la semi-déception de l'été dernier à l'Hippodrome de Longchamp. AC/DC est de retour plus en forme que jamais pour son doublé au Stade de France. Match retour ce mercredi soir devant plus 75.000 spectateurs chauffés à bloc... mais trempés. Comme un symbole, un éclair transperce le ciel et une pluie diluvienne s'abat sur Saint-Denis à 10 minutes du début du concert. De quoi décourager le public ? Bien au contraire, l'énergie s'en retrouve même décuplée. Car quand AC/DC débarque sur scène, tambour battant et sous une chaleur étouffante, nos craintes s'envolent immédiatement.

En short et veste bleu, Angus Young attaque les premiers riffs du génial "If You Want Blood (You Got It)". Message reçu cinq sur cinq par une fosse déjà bouillante. Veste Harley Davidson sans manches déjà ruisselante, Brian Johnson, ravi d'être là, harangue les premiers rangs, les bras en l'air. « On va vous jouer du rock & roll » lance-t-il à une foule intergénérationnelle et conquise d'avance. On en oublierait presque ses 77 ans, tant il trépigne comme un ado !

Tous les tubes enchaînés dès la première heure !

Et l'autoroute (de l'enfer) des tubes est lancée. À peine cinq minutes de show que les Australiens balancent déjà "Back in Black", classique parmi les classiques et morceau-titre du deuxième album le plus vendu au monde (50 millions de ventes). C'est là la grande surprise de cette tournée. Si les mauvaises langues ont souvent raillé les concerts similaires d'AC/DC depuis peu ou prou 40 ans, la formation déjoue nos attentes en proposant tous ses plus gros classiques dès la première heure. Ainsi, il ne faut attendre qu'une petite demi-heure pour que les cloches de "Hells Bells" sonnent et que "Highway to Hell" fasse rugir le Stade de France. Sans oublier les tout aussi exaltants "Stiff Upper Lip", "Shot Down in Flames" ou le plus rare "Have a Drink On Me". Du dernier album "Power Up", qui remonte à cinq ans et que, soyons honnêtes, tout le monde a oublié, le groupe ne joue que deux morceaux et pas les plus transcendants de la soirée. Le reste, c'est 50 ans d'histoire du hard rock. Jouée par Angus et Brian, toujours au devant de la scène, mais aussi par Stevie Young (guitare), Chris Chaney (bass) et Matt Lang (batterie), en retrait mais qui assurent la rythmique.

"Thunderstruck", qui marqua le retour au sommet du groupe au début des années 90, est aussi jouée très tôt mais peine à convaincre, entre le riff raté d'Angus et Brian qui oublie ses paroles. Car malgré tout, la réalité revient parfois nous secouer : oui, le groupe n'est plus dans la fleur de l'âge. Brian Johnson pousse vocalement et ne s'accroche plus à la corde pour faire sonner la cloche de "Hells Bells". Angus Young, 70 printemps, s'excite moins sur scène. De même pour le décor, simplement constitué d'écrans, là où la grosse machinerie se composait par le passé d'une boule de démolition, d'une statue XXL ou d'une locomotive géante en fond de scène.


Un solo de 25 minutes !

Mais du coup, après une première heure tubesque à souhait, la seconde multiplie les morceaux moins fédérateurs et plus heavy. Les riffs d'Angus s'intensifient sur le bien nommé "High Voltage", "Riff Raff", "Dog Eat Dog" ou encore "Whole Lotta Rosie", où la Rosie du titre n'est désormais plus en poupée gonflable mais simplement en néons sur les écrans. Signe des temps ou envie de se débarrasser d'un certain mauvais goût ? La nuit tombe et les lumières des cornes diaboliques illuminent l'arène de Saint-Denis. Au doigt mouillé, deux tiers du public arbore l'objet vendu 20 euros pièce aux alentours du stade. Et la dernière ligne droite est lancée : à son habitude, "Let There Be Rock" s'étire sur 25 minutes de solo de guitare d'Angus Young tour à tour juché sur une plateforme, à terre ou au fond de la scène. Une démonstration interminable mais qui se termine sur le visage d'Angus, trempé de sueur et les yeux rouges, devant un public qui en redemande.

Le rappel, lui, n'a pas bougé d'un iota depuis des années. Et il est littéralement explosif grâce à "T.N.T." puis "For Those About to Rock (We Salute You)" rythmé par ses coups de canon. Et AC/DC quitte, triomphant, la scène. Le temps de deux heures, l'un des plus grands groupes de rock de la planète aura donc réussi à mettre de côté toutes les interrogations sur sa santé et son énergie. Oui, les rockeurs australiens sont plus proches que jamais de la retraite et oui, les chansons sont désormais jouées plus lentement. Mais ce "Power Up Tour" est une cure de jouvence comme nulle autre. L'oeuvre du démon, sans doute !

Setlist du concert d'AC/DC au Stade de France

If You Want Blood (You've Got It)
Back in Black
Demon Fire
Shot Down in Flames
Thunderstruck
Have a Drink on Me
Hells Bells
Shot in the Dark
Stiff Upper Lip
Highway to Hell
Shoot to Thrill
Sin City
Dog Eat Dog
Dirty Deeds Done Dirt Cheap
High Voltage
Riff Raff
You Shook Me All Night Long
Whole Lotta Rosie
Let There Be Rock

Rappel :
T.N.T.
For Those About to Rock (We Salute You)

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
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