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lundi 29 août 2022 19:00

Rock en Seine 2022 : Arctic Monkeys déçoit, Tame Impala et Parcels phénoménaux

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
Rock en Seine a fait son grand retour ce week-end après deux saisons blanches. Malgré des problèmes d'organisation et un "golden pit" très critiqué, le festival a tout de même convaincu les fidèles avec une programmation alléchante de Tame Impala à Arctic Monkeys en passant par Kraftwerk, London Grammar ou Nick Cave. On y était, on vous raconte !
Crédits photo : Olivier Hoffschir
C'était comme retrouver un vieil ami. Après deux saisons blanches, Rock en Seine a de nouveau posé ses valises d'été dans le Domaine National de Saint-Cloud pour une édition XXL. L'occasion de rattraper deux ans d'absence et de retrouver le goût de la vie d'avant. Avec un vrai succès à la clé puisque ce cru 2022 a rassemblé un total de 150.000 festivaliers sur quatre jours, un record historique pour l'événement. Pour autant, Rock en Seine 2022 n'a pas commencé sur une bonne note. Après l'annulation à la dernière minute de la journée du mardi consacrée à Rage Against The Machine, le festival a débuté son jeudi sous les mauvais auspices.

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Débordé par une énorme affluence (40.000 spectateurs venus du monde entier pour voir Arctic Monkeys), l'organisation du premier jour a été catastrophique : jusqu'à une heure d'attente pour manger ou boire, des commerçants dépassés, et une queue interminable pour rentrer ou sortir du festival (on a mis 45 minutes à quitter le site le premier soir)... Ajoutez à cela le très controversé "golden pit" qui, moyennant 20 à 30 euros supplémentaires, permettait à 1.500 festivaliers de profiter des concerts dans un espace VIP prenant la moitié de l'espace devant la Grande Scène. Pratique courante dans les festivals anglo-saxons, ce carré or a été largement critiqué sur les réseaux sociaux. Surtout quand, à l'exception de la tête d'affiche de chaque soir, celui-ci est resté quasiment vide pour les artistes moins "connus".

Crédits photo : Christophe Crénel

Un jeudi très rock


Programmée tout juste 30 minutes après l'ouverture des portes, la révélation américaine GAYLE s'est vue contrainte de jouer devant un public clairsemé, principalement composé de fans hardcore d'Arctic Monkeys alors que la plupart des festivaliers étaient encore bloqués à l'extérieur. Mais qu'importe pour la jeune chanteuse, qui a délivré un set rapide (35 minutes) mais véritablement énergique avec en point d'orgue son tube "abcdefu" repris en choeur par la foule et les quelques dizaines de fans présents dans le "golden pit". Un concert qu'elle qualifiera « d'absolument incroyable » à notre micro quelques instants plus tard. Largement dédiée au rock britannique, la journée du jeudi restera la plus qualitative en terme de programmation. Et il a fallu courir pour ne pas rater l'un des phénomènes de l'année, Yard Act, qui a chauffé le public pour le reste de la soirée. Sur la même scène de la Cascade, la deuxième plus grande du site, Inhaler a pris le relais devant une énorme audience principalement composée de Britanniques. Et le groupe irlandais, dont le chanteur n'est autre que le fils de Bono, a déjà tout pour faire l'unanimité avec ses hymnes rock pour les stades que sont "It Won't Always Be Like This" ou "My Honest Face".



Sur la Grande Scène, IDLES a transformé Rock en Seine en pogo géant, pour notre plus grand plaisir, et a multiplié les moments de bravoure sur "Mother" ou "Never Fight a Man With a Perm". Très attendus également, les Irlandais de Fontaines D.C. nous ont déçus. Alors que "Skinty Fia" est l'un des meilleurs albums de l'année, le quintet a proposé un set percutant mais sans aucune âme, ni quasi aucune interaction avec le public. La fatigue d'une tournée éreintante et interminable y est peut-être pour quelque chose... Evènement de la soirée, Arctic Monkeys n'a malheureusement pas rempli sa part du contrat. Avec un son trop faible et de trop longues pauses entre chaque chanson (30 secondes à raison de 21 titres, faites le calcul), le groupe a été largement en deçà de ses capacités, malgré un début mené tambour battant sur "Do I Wanna Know" et "Brianstorm". Emmenés par un Alex Turner aux mimiques de plus en plus forcées, les rockeurs anglais se sont même permis même d'interpréter le titre inédit "I Ain't Quite Where I Think I Am"... pas très prometteur pour l'album "The Car".

Crédits photo : Olivier Hoffschir

London Grammar et Nick Cave envoûtent


Passés les problèmes du jeudi, la situation s'est nettement améliorée le vendredi, seul jour qui n'affichait pas complet. Si la journée a commencé en douceur avec Aldous Harding, DIIV nous a mis une grosse claque. En 45 minutes d'un set bien efficace, le groupe de rock new-yorkais a mis tout le monde d'accord avec ses excellents "Under the Sun", "Skin Game" ou l'énorme "Blankenship" en final. Assurément l'un des meilleurs sets du festival. La suite de la soirée se voulait plus douce mais a été pleine de surprises. Ainsi, la venue de James Blake a été marquée par sa voix sublime et des morceaux plus électro gorgés de basses, tandis que London Grammar a musclé son jeu avec des productions plus rythmées. Sur la Grande Scène, le trio a su autant nous faire rêver que vibrer, comme sur ce final avec un "Lose Your Head" remixé en version club. Dommage que le groupe soit parti avec 20 minutes d'avance sur l'horaire prévu !



C'est alors qu'est arrivé LE dilemme de la soirée : enchaîner avec Kraftwerk ou Squid, qui jouaient en même temps ? Si on aurait adoré voir les nouveaux prodiges du post-punk, on est restés totalement hypnotisés par le show des pionniers de l'électro allemande, et en 3D s'il-vous-plait ! Un son et lumière totalement époustouflant qui a divisé le public : certains ont quitté les lieux dans l'incompréhension, d'autres sont restés jusqu'au bout, lunettes 3D sur le nez, bluffés par le spectacle. Un set impérial qui en suivait un autre : celui de Nick Cave. Avec ses Bad Seeds, l'icône du rock australien a envoûté le public, tel un prêcheur s'adressant à ses fidèles, et s'est fait aussi impressionnant que poignant sur ses quelques chansons seul au piano (déchirant "O Children"). Sur le chemin du retour, Trentemøller a offert l'un des concerts les plus incroyables du week-end. Musclant son set, le DJ allemand a mis quelques doses de rock dans son électro qui a fait vibrer les quelques fêtards qui ont eu la chance d'assister à cette performance live grandiose, où le platiniste était entouré de plusieurs musiciens.

Un samedi littéralement surchargé


On se croyait tirés d'affaire. Mais le samedi nous a fait revivre la mauvaise expérience du jeudi avec un public tellement nombreux qu'il a été difficile de circuler. Les bonnes surprises, françaises, ont eu lieu assez tôt : les rockeurs franciliens de Bryan's Magic Tears puis l'électro décomplexée de Lewis Ofman ont été d'efficaces mises en jambes. Derrière, La Femme a assuré sur la Grande Scène face à une masse si nombreuse qu'on a cru qu'il s'agissait de la tête d'affiche du soir. Fidèle à ses habitudes, la joyeuse bande a amené une bonne dose d'humour et de délire, délaissant quelque peu le dernier album "Paradigmes" pour se réfugier dans les valeurs sûres que sont les hymnes "Sur la planche", "Antitaxi" ou "Nous étions deux". La soirée électro a continué avec le set de Jamie xx qui a ambiancé la foule avec une idée simple mais bien trouvée : filmer en direct le public en train de danser, comme dans une rave party, grâce à des caméramans glissés parmi les spectateurs. Ambiance assurée !

Crédits photo : Olivier Hoffschir
Enfin, Tame Impala a visé dans le mille. Si certains se désolent que le petit groupe de rock psyché soit devenu une grosse machine pop, il n'y a pas à faire la fine bouche tant le show cosmique des australiens nous en a mis plein les yeux et les oreilles. Sous un anneau lumineux en forme de soucoupe volante et à grand renfort de lasers et confettis, Kevin Parker a mis les 40.000 festivaliers dans sa poche avec les imparables "Let It Happen", "The Less I Know The Better" ou "Elephant", repris en choeur par des fans venus de tous les pays. La grande claque de la soirée... enchaînée par des problèmes de transports en commun.



Le triomphe de Parcels à Rock en Seine


Largement plus calme, le dimanche a proposé tout de même une belle affiche pour finir le week-end. Devant des fans conquis d'avance et un public très familial, Aurora a charmé en invitant Pomme sur scène pour "Everything Matters" avant de faire sauter la foule sur "Cure for Me" ou "Queendom". Fred Again.. a également dynamité Rock en Seine. Le producteur d'Ed Sheeran nous a complètement fait chavirer avec son set house plus puissant que jamais. Et l'ambiance est encore montée d'un cran avec Parcels sur la Grande Scène. Les cinq Australiens ont tout simplement délivré LE meilleur concert du festival. La recette ? Mettre de côté les rythmes funk pour un set plus électro, tournant autour de nombreux improvisations instrumentales, une reprise inattendue ("I Follow Rivers" de Lykke Li) et quelques incontournables ("Somethinggreater", "Tieduprightnow", "Overnight") pour faire danser le public. S'améliorant à chaque concert, Parcels a encore prouvé qu'il était l'un des meilleurs groupes live de sa génération, capable de faire l'unanimité au sein de festivaliers qui ne les connaissent pas forcément et qui sont tous ressortis bluffés par ce set d'une précision chirurgicale et d'une énergie incomparable. On en aurait bien repris 1h15 de plus ! Enfin, c'est Stromae qui s'est chargé de clôturer l'édition 2022 devant une Grande Scène plus remplie que jamais, et avec un show technologique d'envergure similaire à celui vu à l'Accor Arena en début d'année.

Crédits photo : Bestimage




On ressort ainsi du festival avec un sentiment paradoxal. D'un côté, on ne peut bouder notre extrême plaisir d'avoir retrouvé nos marques à Rock en Seine, trois ans après la dernière édition marquée par la venue de The Cure. D'autant plus avec une programmation de cette qualité, qui a limité au maximum les fautes de goût musicales. Mais le festival a souffert d'énormes problèmes d'organisation, incompréhensibles pour un événement de cette ampleur et qui dure depuis 19 ans !



Le "golden pit", au coeur de toutes les critiques, a littéralement divisé le public, et même été gentiment moqué par certains groupes sur scène (Parcels, La Femme). Le signe d'un festival qui roule désormais à deux vitesses. Malgré tout, l'enchaînement de concerts réussis grâce à une affiche alléchante a permis un retour musical au sommet pour Rock en Seine. Ne reste plus qu'à voir ce que donnera l'édition des 20 ans, annoncée pour les 25, 26 et 27 août 2023. « Et plus si affinités » préviennent les organisateurs...

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