Crédits photo : Pochette du single
1980. Sous l'impulsion de Berger, qu'elle a épousé quatre ans plus tôt, France Gall a repris goût à la scène et vient de connaître un succès considérable avec l'opéra-rock "Starmania", dont elle tient l'une des rôles principaux aux cotés de Daniel Balavoine et Fabienne Thibeault. Après s'être aventurée dans des territoires inédits avec l'album "Dancing Disco" (1977), dont est tiré le hit "Si, maman si", la chanteuse retrouve le Studio Gang dans la capitale pour enregistrer son prochain disque : "Paris, France", produit par Michel Berger. Et c'est avec le titre "Il jouait du piano debout" que France Gall va frapper un grand coup pour son retour au mois de mai, juste avant la saison estivale. Un choix qui s'est imposé de lui-même. « Ça c'est une intro qui se reconnait ! C'était incroyable. Au bout de deux accords on savait. Au cours des écoutes de l'album avec des gens de radio ou des amis, c'était l'évidence pour tout le monde que cette chanson soit un succès. Pas pour moi, mais moi je ne me posais pas la question » expliquait-elle dans les commentaires audio accompagnant le coffret "Évidemment" paru en 2005.

Identité mystère

Mais qui est cet homme qui « jouait du piano debout » et « était libre, heureux d'être là malgré tout » ? Une confusion naît à la sortie du single dans les bacs - notamment dans le reste de l'Europe - car France Gall rejoint la même année Elton John en studio. C'est après avoir entendu "Il jouait du piano debout" et "La groupie du pianiste" à la radio que la superstar britannique téléphone en juillet 1980 à Michel Berger pour lui proposer d'enregistrer un disque en duo avec France Gall. Ensemble, ils donneront naissance aux titres "Donner pour donner" et "Les aveux". Mais dans l'esprit du public, l'association des deux fait alors germer l'idée qu'Elton John, célèbre pour ses tenues excentriques et ses talents de pianiste, se cache derrière le texte de Michel Berger ! Une erreur : le titre rend en réalité hommage au pionnier du rock'n'roll, Jerry Lee Lewis. « Ce texte de Michel est incroyable. Moi je sais très bien quand il a eu l'idée du texte puisqu'on regardait un film sur la vie de Jerry Lee Lewis avec des images de lui qui jouait debout au piano et pour l'époque, c'était fou de faire ça. Il avait trouvé ça extrêmement courageux (...) Il en a fait une chanson sur la différence. Beaucoup de gens se sont reconnus dans celui qui jouait du piano debout » se remémorera la chanteuse.

Regardez France Gall chanter "Il jouait du piano debout" :

"Je souhaite à tous les chanteurs d'avoir un tel succès"

Immense succès populaire, "Il jouait du piano debout" caracole en tête des ventes durant tout l'été 1980 alors que Michel Berger, lui, fait un tabac avec "La groupie du pianiste". Une période bénie pour France Gall : « Pour la sortie de l'album, on avait organisé un petit déjeuner à la Tour Eiffel, au premier étage. C'était la première fois que j'allais à la Tour Eiffel. C'était sympa de faire des présentations comme ça pour les journalistes ! Je souhaite à tous les chanteurs d'avoir un succès comme celui-ci, d'avoir une chanson aussi forte qui vous mène en haut des hits-parades. C'est génial. A part "Poupée de cire, poupée de son". C'est mon plus gros succès... à cette époque-là ». France Gall décrochera en effet le plus grand succès de sa carrière sept ans plus tard avec "Ella, elle l'a", qui traversera les frontières et s'arrachera selon les estimations à 1,5 million d'exemplaires dans le monde entier.