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Eminem | 50 Cent et Eminem collaborent pour une série TV "8 Mile"


Guts

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Après le moyen Recovery je dois dire que j'adore le nouveau single et j'attend l'album.

 

Il est certainement overrated mais voir un rappeur aussi présent dans les charts du monde entier et d'être aussi aduler par un public aussi large c'est tous simplement bandant. Et il retranscrit assez bien sa vie à travers ses textes depuis le début.

 

Sinon j'aimerais vraiment un featuring avec Emeli Sandé, quand je l'écoute je me dis qu'un feat. avec Eminem se serait du lourd et un malheur dans les charts du monde entier. Un peu à la manière de Stan avec Dido.

 

Bref, je suis vachement emballer pour le coup.

 

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Un article bien fait je trouve : http://www.lesinrocks.com/2013/08/28/musique/eminem-chroniques-haine-11420030/

 

Grandi entre quartier white trash et ghetto noir, Eminem a créé au début des années 2000 un rap enragé, toxique et toujours bluffant. En 2010, revenu de nulle part, il explosait les chiffres de vente à l’échelle mondiale avec son album “Recovery”. Il était la semaine dernière au Stade de France : portrait avant la sortie de son huitième album, ‘The Marshall Mathers LP 2″.

 

Il y a trois ans, Eminem revenait en force avec un septième album baptisé Recovery (“rétablissement”). Au strict plan médical, ce titre n’avait vraiment rien d’exagéré. Rendu dépressif par la mort en 2006 de son ami Proof, compagnon des premières battles au Shelter de Detroit, club où les deux rappeurs avaient appris le métier micro en main, Eminem avait sombré. Quarante, voire soixante cachets de Valium et de Vicodin par jour. Puis, une dépendance chassant l’autre, quatre sachets quotidiens d’héroïne. Réchappant de justesse à une overdose de méthadone en 2008, l’ancien blondinet s’était retrouvé à l’hôpital pour une pneumonie avec complications cardiaques. Comme souvent, comme toujours, de toute cette merde, Eminem avait fait une chanson, Déjà vu. Et un album : Relapse (“rechute”).

De “rétablissement” – presque de convalescence – il s’agissait donc bien avec le suivant. Et de renouveau aussi : en 2010, Recovery a été l’album le plus vendu au monde. Dans une industrie musicale offrant un spectacle comparable à Hiroshima après la bombe, le dernier-né du rappeur américain a fait figure de rescapé, avec des chiffres impressionnants : 10 millions d’exemplaires écoulés ; 1 million de téléchargements numériques, record absolu en la matière. C’est simple, sur l’ensemble de la décennie 2000, Eminem a été le plus gros pourvoyeur de musique enregistrée de la planète, avec 105 millions d’unités physiques.

Intimidé par l’ampleur du phénomène, ou pétrifié par le respect qu’inspire un winner échappant à la norme en de telles proportions, on en oublierait presque de rappeler de quoi il s’agit. On en oublierait de dire qu’au gré d’un répertoire comptant environ cent cinquante morceaux, dont chacun porte un concentré de haine et de rage comme libéré de toute inhibition, Eminem et son double maléfique, Slim Shady, ont littérairement égorgé, violé, mutilé, injurié un nombre considérable de personnages, le plus souvent réels. Comme sur ce premier album, The Slim Shady LP, en 1999, où il se met en scène en train d’éventrer sa femme Kimberley avant de se débarrasser du corps en le balançant dans un lac avec l’aide de Hailie, leur petite fille âgée de 3 ans. “Tu veux bien aider papa à attacher cette grosse pierre autour de la cheville de maman et à la jeter du quai ? 1, 2, 3 et voilà : maman est dans l’eau, fini les disputes avec papa, fini les cris, fini les ordres…”, entend-on dans ’97 Bonnie & Clyde. Qu’il ait réellement traîné l’enfant en studio pour la faire participer à l’enregistrement du titre matricide aurait pu nous alerter. Mais pris de vertige par le tourbillon d’obscénités, la quantité d’insultes proférées, la chose a pu paraître alors insignifiante. Après tout, dans le même disque, ne coupait-il pas aussi les seins de Pamela Anderson avant de se suicider en se pendant par la bite ?

Même assénée avec une précision à ce point diabolique, la pulsion homicide et suicidaire semblait n’être encore, à ce stade, que le fait d’une macabre et puérile surenchère dont le rap est coutumier. Ce qu’il allait falloir apprendre avec Eminem, c’est la portée du mot “transgression”, et surtout savoir apprécier la part autobiographique de ses oeuvres. C’est ainsi que derrière le masque grotesque du bouffon sadique Slim Shady, derrière la virtuosité glaçante du rappeur surdoué appelé Eminem, a surgi un jeune père, Marshall Mathers, qui venait d’obtenir la garde de sa fille au prix de l’incarcération de la mère pour toxicomanie chronique.

Ses cicatrices de vie, Eminem les a exhibées tant et plus. Dans ses disques, dans un film (8 Mile) sorti en 2002 où il joue son propre rôle, dans une autobiographie très illustrée (The Way I Am), dans la presse… A chaque fois remonte la même histoire, celle d’un petit Blanc né d’une mère décrite tour à tour comme dépravée, toxico, nympho, paresseuse, et d’un père alcoolique qu’il n’a pratiquement pas connu ; assez toutefois pour avouer avoir envie de lui trancher la gorge dans My Name Is.

Enfant “cassos” (cas social), il a grandi dans l’un des pires endroits des Etats-Unis, à Warren, dans la banlieue de Detroit. De logements insalubres en campements de mobile-homes, il a erré dans cette zone limitrophe où se rejoignent communauté noire et white trash. Pour cette “raclure” blanche, pour ces refoulés du rêve américain, à l’opprobre du déclassement social s’ajoute la honte d’être “la personnification des échecs impensables d’une population ‘racialement’ destinée à prospérer”, comme l’écrit l’américaniste Sylvie Laurent.

Eminem, icône white trash, se trouve ainsi l’héritier d’une double tare, familiale et sociale, dont il va tirer un profit maximum en rejoignant l’autre bord, la communauté noire, chez qui l’expression la plus libérée est alors le rap. Comme le montre le film 8 Mile, se faire accepter dans le milieu hip-hop a été un combat dont les battles du Shelter ne constituent que la partie consensuelle, le rituel codifié. “Dès que je prenais le micro, je me faisais huer, se souvient-il dans The Way I Am. Les Blancs me demandaient pourquoi je faisais du rap ; les Noirs pourquoi je ne faisais pas du rock.

Eminem a beau dire qu’il est color blind – sans a priori racial –, il fera les frais d’une compétition entre communautés qui, à Detroit, ville la plus ségréguée des Etats-Unis, trouve son origine dans les usines automobiles, sur fond de désindustrialisation accélérée. “L’aigreur des ouvriers blancs confrontés à la perte de leurs privilèges, ajoutée à la lente agonie de l’industrie automobile, fut non seulement l’occasion de l’émergence d’une conscience de classe mais aussi d’une prise de conscience ‘raciale’”, souligne Sylvie Laurent.

 

Grandir à 8 Mile, soit précisément sur l’axe routier qui sépare ghetto noir et quartier pavillonnaire blanc, a donc signifié pour Eminem complicité et rivalité. Dans Brain Damage, il raconte ce qu’à l’extrême pouvait endurer un trou du cul blanc tel que lui dans les parages d’un quartier black. Coincé dans les toilettes du collège par un certain D’Angelo Bailey, il se fait tabasser au point de faire une hémorragie cérébrale et de passer quatre jours dans le coma. Devenu la tête de Turc des bullies (les petites frappes) du coin, il est la proie d’un communautarisme exacerbé et la victime des vicissitudes d’une famille à la dérive. “Parfois, ma mère m’envoyait à l’école en pyjama bleu. L’été, je prenais l’habitude de le rouler pour qu’il ait l’air d’un short”.

Honte et humiliation trament son quotidien : lorsque, après l’école, il invite quelques copains dans la caravane de sa mère, il s’efforce de dissimuler sous une feuille de salade le fromage alloué par les services sociaux qui lui sert à préparer les sandwiches. De cette indignité, de la rage qui en résulte, il se servira comme d’un carburant. “J’en ai marre d’être un Blanc minable, de ne pas avoir de maison, pas de téléphone, marre d’avoir à rapporter les bouteilles à la consigne, marre d’être toujours fauché”, éructe-t-il dans If I Had. Et comme souvent dans ce cas, la haine envers sa propre famille nourrit la volonté désespérée d’en construire une à lui.

 

Rompant avec l’école après avoir raté trois fois son entrée en seconde, il se met en ménage avec Kimberley Scott. Elle a 13 ans, lui 15. Le couple s’installe dans un quartier infesté de crackheads. Leur appartement y sera régulièrement cambriolé. Eminem travaille au Gilbert Dodge, restaurant tenu par un Grec qui se souvient de cet aide-cuistot parce même auréolé de succès et couvert de récompenses, Eminem restera une raclure blanche, un irrécupérable qu’il “passait les commandes en rap”. Le 25 décembre 1995 naît la petite Hailie Jade Scott Mathers. Le couple se marie en 1999, divorce en 2001, se remarie en janvier 2006 et se sépare à nouveau quelques mois plus tard. “Qui est le raté ? Marshall Mathers ! Qui est le gagnant ? Slim Shady !”, ne tardera pas à conclure pourtant le futur milliardaire.

 

Car entre-temps, son chemin a croisé celui de Proof, avec qui il monte le collectif D12, pour Dirty Dozen. Du temps où sévissait l’esclavage aux Etats-Unis, le dirty dozen définissait le lot vendu séparément à bas prix car constitué de malformés et d’estropiés. Par la suite, dirty dozen désignera un mode d’échange cathartique propre à la communauté noire, essentiel dans l’avènement du rap, où les protagonistes s’insultent en rimes de douze pieds plutôt que d’en venir aux mains. C’est sous cette étiquette associant expression exubérante et libératrice et catégorie d’Untermensch que le white trash de Warren va se transformer en roi du rap, exactement comme un autre intouchable, du Tennessee celui-ci, s’était jadis changé en roi du rock. Dans le film 8 Mile, Eminem est d’ailleurs ironiquement surnommé “Elvis” par ses adversaires…

 

Rock ou rap, c’est toujours la même histoire, celle du bâtard culturel qui fait des merveilles de la désespérance profonde des asservis et de l’irréductible joie que dégage leur musique. Aidé par le producteur Dr. Dre, Eminem y aura ajouté ce flow blanc, dénué de la sensualité noire mais pourvu d’une précision de sniper ; et cette réalité trash qui lui colle à la peau, qu’il ne cesse de transpirer à longueur de textes enragés, rage que le succès n’a pu apaiser, que la fortune n’a su dompter.

Car si l’on pense que devenu milliardaire, après vingt ans de carrière où il n’a cessé de battre le fer du ressentiment familial, le feu qui a alimenté cette forge de la haine serait aujourd’hui moins vif, on se trompe. Il suffit d’écouter Cold Wind Blows dans Recovery, et cet aveu, “mes pensées sont emprisonnées”, ou encore l’entendre dans So Bad ou 25 to Life ressasser les traumas de son enfance pourrie, pour réaliser que, même auréolé de succès, même couvert de récompenses, Eminem restera une raclure blanche, un irrécupérable. Et si Recovery laisse effectivement envisager un rétablissement, il ne saurait être question de rédemption pour lui.

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