mardi 12 mars 2024 17:15

"La croissance se tasse" : bilan contrasté pour le marché de la musique en France

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
Comment se porte le marché de la musique en France ? Le SNEP dresse son bilan pour l'année 2023 et si la croissance est positive, divers signaux liés au streaming suscitent l'inquiétude. Analyse et chiffres sur Purecharts !
Crédits photo : Alamy
En ce mois de mars, le Syndicat national de l'édition phonographique (SNEP) a tenu sa conférence annuelle pour livrer l'analyse détaillée du marché français de la musique enregistrée sur l'année 2023. Et pour la septième année consécutive, le chiffre d'affaires global est en hausse ! Avec 968 millions d'euros générés, le secteur enregistre une augmentation de 5,1%, « dans la continuité des scores relevés depuis 2017 » observe l'organisme dans son bilan. Une tendance largement impulsée par le streaming payant, qui booste de 8,8% les revenus numériques. Ils représentent désormais 76% du CA global. Les ventes de musique, tous formats confondus, sont en hausse de 6,2% par rapport à 2022.

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"La France est à la traîne"


Avec des bénéfices à hauteur de 195 millions d'euros, les ventes physiques restent quasi stables (-1,2%) et constituent un quart du marché. En France, 10,5 millions de CD se sont écoulés sur l'année 2023 (-7,1%) tandis que 5,5 millions de vinyles ont trouvé preneurs (+5,5%). Toutefois, si « la dynamique est globalement positive », des zones grises provoquent l'appréhension des professionnels. « La progression ralentie des revenus du streaming par abonnement reste trop faible pour nourrir pleinement le développement du marché ,alors que c'est la première source de création de valeur » s'inquiète le SNEP. Sans inclure les droits voisins et les synchronisations publicitaires, les revenus liés aux ventes de musique (815 millions d'euros, dont 57% grâce au streaming payant) atteignent tout juste 53% du niveau historique de 2002, qui pesait 1,5 milliard d'euros ! « La croissance des revenus de ces abonnements se tasse alors que notre marché est loin d'être parvenu à maturité. La France est à la traîne » note-t-on avec prudence, notamment si l'on se réfère à d'autres marchés mondiaux comme le Royaume-Uni - qui génère le double de revenus - et l'Allemagne. La France compte à ce jour 12 millions d'abonnements payants (+10% sur un an) et environ 17 millions d'utilisateurs, en incluant les offres duos et familles.



Un catalogue en pleine expansion qui pose problème


Ainsi, sur l'ensemble des plateformes de streaming, ce sont 121 milliards d'écoutes (+9%) qui ont été recensées. Seulement, la topographie de la sphère digitale n'est plus la même qu'il y a encore cinq ans. Les streams des Français sont désormais répartis sur un catalogue « comptabilisant entre 180 et 200 millions de titres », avec de plus de 150.000 nouveautés qui font irruption chaque jour. Une « inflation exponentielle » qui inquiète car avec la multiplication des sons d'ambiance, des versions "sped up" et des titres générés par intelligence artificielle, le SNEP observe « une dilution croissante du travail des artistes de la musique » qui génère une problématique sur la rémunération des créateurs. L'application TikTok, mode de consommation qui progresse le plus vite sur l'année 2023, est à ce titre qualifié de « mirage » avec un contraste flagrant entre sa forte popularité, la musique qu'elle expose à ses utilisateurs et ce qu'elle reverse réellement aux ayant-droits...

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