Bonjour Mikelangelo, comment as-tu été choisi pour interpréter le rôle principal de cet opéra-rock "Mozart" ? (Nikolas Lenoir, journaliste) ?
Mikelangelo Loconte : Le premier signe a été un coup de téléphone de Jean-Pierre Pilot. Il est un des réalisateurs du spectacle et nous avons des amis en commun. Nous nous sommes ensuite rencontrés dans un bistrot et les choses se sont enchaînées.
Les producteurs Albert Cohen et Dove Attia ont déjà connu des succès importants avec "Les Dix Commandements" et "Le Roi Soleil". Est-ce que cela t’as mis en confiance ?
Découvrez un teaser de l'opéra-rock "Mozart" :
Tu es Italien et est-ce que le fait d’interpréter en français Mozart, qui était Autrichien, a été pour toi un défi supplémentaire ?
Tu parles des télécrochets mais tu es aussi assez critique sur le célèbre festival de San Remo. Quel regard portes-tu sur cet évènement reconnu dans toute l’Europe ?
Je pense que ce festival est inutile. C’est devenu un jeu entre les maisons de disques et il y a pas mal d’arrogance dans tout cela. Ils se font plaisir pour eux-mêmes. San Remo reste le plus grand évènement en Italie mais je trouve honteux de mettre autant d’argent dans une manifestation qui n’a aucun intérêt pour le public. Les gens n’achètent pas les albums des artistes qui passent à San Remo. Il faudrait que le festival change d’orientation musicale ou qu’il s’ouvre aux jeunes qui peuvent vraiment réussir et intéresser le public.
À l’âge de 21 ans, tu as rencontré Rita Pavone, célèbre chanteuse et actrice italienne. Est-ce que cela a été un déclencheur dans ta carrière ?
Oui car avant elle, des gens me disaient que c’était juste impossible ce que j’avais dans la tête. Je viens d’un endroit où il n’y avait ni école de musique, ni école de danse et où il fallait faire au moins vingt kilomètres pour acheter un album. Rita Pavone m’a fait comprendre que je pouvais en effet faire quelque chose dans la musique.
Pourquoi as-tu fait le choix de quitter l’Italie ?

Tu es arrivé en France avec un spectacle musical qui s’appelait "Les Nouveaux Nomades" et tu chantais d’ailleurs en phonétique. Que retiens-tu de cette expérience ?
À la base, je devais enregistrer un album et mettre ma voix sur le projet. Il n’y avait pas encore la proposition de la scène. Cela est donc resté une expérience relative.
Comment as-tu appris le français ?
Est-ce que le fait de quitter ton pays natal pour aller réussir ailleurs est ton plus grand point commun avec Mozart ?
Sans aucune prétention, il y a d’autres signes. Il est mort un 5 décembre, je suis né un 5 décembre. Il est décédé à 35 ans, j’avais cet âge lorsque j’ai commencé le projet. Je me reconnais un peu à travers lui car tout ce qu’il voulait faire n’était pas vraiment compris. Il voulait faire l’artiste comme on le fait actuellement. On travaille, la création est sur un CD, les gens peuvent l’écouter librement et la communication prend de l’importance. Mozart avait cependant compris que ses partitions avaient de la valeur et il ne voulait pas les laisser entre les mains de n’importe qui.
Quel regard portes-tu sur son indépendance et son côté parfois rebelle ?
Il a finalement été très raisonnable car il avait un bagage technique énorme et une immense inspiration. Il a même fait preuve de sagesse. Ensuite, il est évident qu’il a dû être subversif car son père a fait une vie qui ne lui plaisait pas. Celui-ci avait énormément de talent mais il était soumis au pouvoir. C’est là que Mozart a puisé son côté rebelle, ce qui a notamment nourri "Don Juan", "Les Noces de Figaro"…
Comment t’es-tu préparé à devenir Mozart sur scène ?
Retrouvez Mikelangelo Loconte (Mozart) et la troupe de "Mozart" dans "Tatoue-moi" :
Le premier single "Tatoue-moi" a été au départ peu diffusé sur les ondes. Le titre a ensuite été n°1 des ventes pendant plusieurs semaines et les radios se sont étrangement montrées moins frileuses. Comment as-tu vécu cette période ?
C’était un véritable défi. Je trouve bien plus intéressant de faire connaître un projet avec une chanson un peu bizarre plutôt qu’avec quelque chose de fade. Je pensais donc qu’il nous fallait arriver avec un morceau qui déchire ou qui soit complètement barjot. Quand l’équipe a fait écouter "Tatoue-moi", les gens disaient que c’était justement un morceau trop fou et que cela ne pouvait pas être un single. Pour eux, ce n’était pas radiophonique car il y aurait eu un trop grand décalage avec les autres titres diffusés sur les ondes. J’ai aimé que cela ne soit pas passé ainsi et qu’à un moment, quelqu’un dise que ce serait comme ça et pas autrement. La suite nous a joliment donné raison.
Les spectacles musicaux "Cléopâtre" et "Mozart" sont presque arrivés dans la même période. En terme de ventes, "Cléopâtre" a cependant eu un succès moindre que "Mozart". Quel regard portes-tu sur ce constat ?
Je trouve qu’il y a également de bonnes chansons dans "Cléopâtre". Quand j’ai vu le spectacle, je me suis amusé, sur l’aspect visuel surtout. Après, je pense qu’ils auraient pu soigner certains détails, notamment sur le plan de la comédie. Un bon spectacle ne doit jamais oublier qu’il est là pour raconter une histoire, c’est la même chose pour un film d’ailleurs. Il faut savoir le faire et ce n’est pas évident. Malgré l’énorme investissement de Sofia Essaidi, malgré les talents des personnes présentes, malgré les danseurs qui sont juste incroyables…, ce spectacle musical est peut-être arrivé trop tard.
Sans vouloir faire de comparaisons, il y a plusieurs différences entre "Mozart" et d’autres spectacles musicaux tels qu’on les a connus en France. Selon toi, qu’est-ce qui rend celui-ci différent des autres ?

Est-ce que tu t’attendais à un tel succès ?
Évidemment non. Nous sommes tellement concentrés sur notre travail que l’on ne pense pas vraiment à cela d’ailleurs. Ceci dit, on espère tous que cela va durer mais on ne le sait pas, cela nous fait même un peu peur en fait. On travaille et on essaie d’être au mieux pour garder ce succès.
Le spectacle a cartonné à Paris. Quel est ton état d’esprit en commençant cette grande tournée ?
Je me sens un peu stressé. Il y a toujours des ajustements et j’ai le sentiment de recommencer à chaque spectacle. Il faut soigner tout ce qui fait le spectacle et toujours se remettre en question afin de donner le meilleur.
Avec l’Opéra-Rock "Mozart", le grand public te découvre chanteur mais tu es également musicien, poète, peintre et sculpteur. Comment es-tu devenu un artiste ouvert sur toutes ces formes d’expression ?
Avec la tournée de "Mozart", arrives-tu à trouver le temps nécessaire pour tes autres créations ?
J’essaie de le trouver. Ceci dit, c’est plus une question d’inspiration que de temps. Quand je veux vraiment écrire une poésie par exemple, je l’écris.
Retrouvez Mikelangelo Loconte (Mozart) et Florent Mothe (Saliéri) en duo sur "Vivre à en crever" :
Est-ce qu’il t’arrive de penser à l’après "Mozart" ?
Et il sera dans quel style musical ?
Ce sera du rock avec des arrangements symphoniques.
Quel message aimerais-tu transmettre au public et aux internautes ?
