C’était il y a un siècle déjà. En janvier 1999, Gotan Project entamait son retour vers le futur. Celui du tango, alors rangé aux rayons des us et usages délavés. Du passé, dépassé ? Un temps. Il faut que jeunesse s’y fasse. En 2001, "La revancha del tango" (Top 12) s’impose sur le dance-floor et impose un nouveau son. Une marque de fabrique souvent photocopiée, jamais égalée. Le succès sur disque se transforme en triomphe sur scène. Tant et si bien qu’en 2006, le trio signe une suite, "Lunático" (Top 6), hommage explicite à Carlos Gardel, et plus largement à tous les héros du tango dont bien sûr Astor Piazzolla. Dix ans après, un millénaire plus tard, Gotan Project reprend les chemins du studio, fidèle aux principes fondateurs : une volonté de transgresser les codes du tango pour d’autant mieux les sublimer. Ce sera "Tango 3.0", un titre qui en dit long sur les intentions, un troisième album qui étend ainsi toujours plus loin le domaine des possibles, trace à dessein des pistes insondées, voies parallèles et chemins détournés, où la mélodie demeure le fil inducteur de ces singulières expérimentations. Un disque, actuellement réédité dans sa version Deluxe (agrémenté d'un CD mixé de 15 titres de Gotan Project dont 4 inédits, et 10 cartes postales), déjà porté en radio par deux extraits : "La Gloria" et "El Mensarejo".

Au Casino de Paris, le 26 novembre dernier, quel régal de (re)découvrir les plus beaux morceaux de groupe sur scène ! Ce bandonéon, cette voix ! En revanche, la formation a tendance à s'auto-centrer, s'écouter jouer et à se faire désirer (les premiers rappels ont eu lieu après seulement une heure de spectacle, et ont duré plus de 30 minutes). Notons par ailleurs que dès que Gotan Project s'éloigne de l'univers tango (proposant notamment cumbia, ska, marcha, country, milonga, groove, chacarera ou dirty sound), sa musique devient bancale et sans grande personnalité (un bémol également aux vidéos diffusées en arrière plan, peu esthétiques).

Crédit photos live : Tunde Dora.