lundi 09 juin 2025 12:00
Cynthia Erivo en interview : "Grâce à Wicked, je peux partager ma musique avec le monde"
Propulsée au rang de star grâce à "Wicked", Cynthia Erivo profite du feu des projecteurs pour dévoiler son deuxième album "I Forgive You". Au micro de Purecharts, la chanteuse et actrice britannique nous parle du pouvoir de la voix et du pardon, de sa nouvelle notoriété et de sa relation avec Ariana Grande.
![]() Propos recueillis par Yohann Ruelle Ces deux dernières années ont été un véritable tourbillon avec le succès mondial de "Wicked" au cinéma. Comment te sens-tu à l'idée de revenir enfin à la musique ? Je suis tellement enthousiaste. Je suis vraiment, vraiment excitée ! J'avais l'impression que c'était le bon moment pour moi. J'ai eu un peu peur de m'y replonger pendant une seconde, et puis toute l'inspiration a commencé à affluer, l'écriture a commencé à couler, et je me suis sentie vraiment chez moi là-dedans, dans l'exercice de la musique. Je suis enchantée de pouvoir la partager. Cet album est né pendant le tournage de Wicked Cette nouvelle et large exposition médiatique te met-elle une pression ?Peut-être, mais j'ai en quelque sorte choisi de prendre le bon avec le bon et le bon avec le mauvais. Rien n'est jamais parfait. Je suis simplement très reconnaissante d'avoir la chance d'être dans cette position. J'espère que ça signifie que je pourrai partager davantage de ma créativité avec plus de gens, ce qui est une chose merveilleuse. Comment as-tu trouvé le temps de travailler sur ce nouvel album, alors que tu as parcouru le monde pour promouvoir "Wicked" et participer à des remises de prix ? Pendant que je tournais le film. Vraiment ? Oui ! Nous avons eu quelques pauses pendant le tournage, et j'ai commencé quand il y a eu la grève des scénaristes. Je me suis donc mise au travail à ce moment-là, pendant cette période. Ensuite, nous avons eu une autre pause et j'ai pu recommencer à travailler dessus. Il y avait un petit studio à Londres, donc nous bricolions des choses par-ci par-là. Une fois que nous avons terminé le tournage, je suis retournée en studio. En fait, pendant que nous faisions cette grande tournée de presse, j'étais aussi en studio à travailler sur l'album et à le terminer. Tout s'est donc fait en quelque sorte en même temps ! Nous n'avions pas le temps, alors je me suis créé du temps. (Sourire) Le player Dailymotion est en train de se charger...
En arrivant en studio, avais-tu déjà une vision précise de ce que serait cet album ? Je ne sais pas si j'avais déjà une direction particulière, mais je savais comment je voulais faire ma musique. Je savais que je voulais vraiment me concentrer sur la partie vocale et les harmonies, en utilisant vraiment la voix comme un instrument pour raconter une histoire. Et cela a en quelque sorte aidé véritablement à affiner le son parce que vous remarquerez que dans toutes les chansons, il y a des éléments d'harmonie. Tout le reste est venu très facilement à partir de là. Personne n'est parfait. Il faut s'autoriser à être imparfait C'est un album très intime, plein d'âme. Quel est le message global derrière ces chansons ?Cet album parle de s'appuyer sur la douleur que vous avez ressentie, l'amour que vous pouvez trouver, le processus de guérison pour réparer son coeur brisé, et de se débarrasser des erreurs passées pour aller de l'avant. C'est vraiment de cela que parle le titre "I Forgive You", qui donne son nom au disque. Il ne s'agit pas seulement de pardonner aux autres, mais aussi de se pardonner à soi-même si les choses ont mal tourné. Parfois, nous pouvons être très durs envers nous-mêmes... Mais en réalité, les erreurs que nous commettons sont parfois ce qui nous enseigne ce qui est censé arriver, ce vers quoi nous sommes censés évoluer. Il faut s'autoriser à être simplement humain, se permettre d'être imparfaits et ne pas chercher à vouloir être parfait car personne ne l'est. Ces histoires sont très personnelles. As-tu hésité à les sortir en te disant que c'était trop intime pour être public ? Non, je n'hésite pas parce que je ne sais pas écrire autrement. Ma façon d'écrire doit être personnelle, doit être connectée. Je pense que c'est un fil conducteur à travers tout mon travail, que ce soit à l'écran, sur scène ou sur un disque. Il faut que ça semble connecté à quelque chose. Est-ce intimidant et effrayant ? Oui. C'est terrifiant de devoir partager un petit peu de soi de cette façon. Mais je ne sais pas vraiment comment faire autrement. C'est important, et c'est la seule façon pour les gens d'apprendre à me connaître. Nous sommes si éloignés les uns des autres... Pour montrer qui je suis, c'est essentiel de semer des petits bouts de moi dans mes différentes oeuvres. Ce sont mes ongles que l'on entend ! Sur cet album, tu chantes, tu co-écris toutes les chansons, tu assures la production, les arrangements. C'est une façon de rester pleinement en contrôle de ton identité musicale, sans personne pour l'altérer ?C'est une très bonne question. En fait, je ne sais pas si c'est pour garder le contrôle, bien que ça me permette d'être complètement en contrôle du processus créatif. Je pense, plus simplement, que c'est parce que je suis curieuse de l'artisanat de l'art. Je veux savoir comment ça marche. Ce n'est pas que je ne peux pas chanter la chanson de quelqu'un d'autre, mais si je fais mon propre travail, si c'est ma musique, j'ai besoin d'être la personne qui écrit les paroles. Pour que je puisse chanter les paroles et qu'elles aient un sens. Et parce que je suis musicienne aussi, et que j'ai joué d'un instrument avant, je peux comprendre la musique. J'ai travaillé avec mon merveilleux producteur Will Wells pour créer le son. Les arrangements sont arrivés pendant que je m'occupais de la partition vocale. Je faisais une ligne, puis je la terminais, et pendant que je terminais cette ligne vocale, une autre ligne me venait à l'esprit, et je la chantais, et ça a continué jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de ligne dans ma tête. Donc ce n'est pas que j'ai réservé du temps pour écrire un arrangement, c'est juste que pendant que je faisais la musique, les arrangements sont venus. (Sourire) Mais il y a des choses que je ne sais pas faire, comme jouer de la batterie. Alors ça m'a permis de dire : "Oh, j'adore le jeu de ce musicien puis-je l'avoir sur cet album ?". Ça me permet de ne pas seulement être en contrôle, mais de créer le son que je veux vraiment entendre. Je tiens à ce que l'auditeur sache que je n'ai pas juste donné ça à faire à quelqu'un, c'est vraiment moi sur cet album. Ce sont mes mains, mes oreilles, mes goûts ce que vous entendez. Ça te permet d'être plus libre, d'une certaine manière, dans ta création. C'est exactement ça. J'ai entendu dire qu'il y a même le bruit de tes ongles sur le disque ! Dans quelle chanson exactement ? C'est sur "Replay", ce sont mes ongles. (Rires) J'ai peut-être mis ça ailleurs, mais nous avons samplé mes ongles. Nous les avons utilisés comme une percussion. Et ensuite nous avons placé le son sur une chanson ! Tous les sifflements que vous entendez dans l'album, c'est également moi. Je voulais utiliser ma voix comme un instrument Tout le monde sait que ta voix est puissante, mais ce que j'aime dans cet album, c'est qu'il y a une vraie douceur. Tu n'as pas ressenti le besoin de chanter avec force, même si tu es en capable...C'est exact. J'ai dit à quelqu'un "c'est comme un repas". Tu vas au restaurant. Et tu sais que tu veux un steak comme plat principal. Mais si c'est un repas en cinq plats, vous n'avez pas de steak du début à la fin. Vous avez de petits morceaux, et ils changent, et ils sont différents, vos papilles gustatives changent. Et je voulais que les gens aient une expérience complète de ce qu'est ma voix, et de ce qu'est la narration. Je ne peux pas faire chanson puissante après chanson puissante après chanson puissante parce qu'alors, vous perdez ce que vous entendez dans ce son. Il faut pouvoir l'apprécier. Ces moments doux, calmes, ces choses qui ressemblent à des berceuses, signifient aussi quelque chose. Elles sont un moment important dans la narration, elles ont aussi une place dans ma voix, et cela fait partie de ma voix. Donc j'ai voulu utiliser toute l'étendue de ce que ma voix pouvait faire sur cet album. Il y a même comme des lamentations à la fin d'une chanson, il y a du yodel à la fin d'une autre. C'est comme si je voulais vraiment étendre mes possibilités en tant que vocaliste. Je suis curieuse de ce que ma voix peut faire, et je voulais le faire sur cet album. Je voulais utiliser ma voix autant que possible, presque comme un instrument, du début à la fin. Quand tu chantes une chanson comme "She Said", en tant que femme qui chante sur l'amour d'une femme, as-tu l'impression d'être une voix pour les minorités ? Je suppose que oui, mais je ne me suis pas donné ce titre. Mais j'espère que je suis une voix. Pas la voix. J'espère que ma musique est un endroit où les gens peuvent venir pour se sentir vus, pour savoir que leur existence est désirée et spéciale, et qu'ils ne sont pas anormaux. Qu'ils sont autorisés à aimer comme ils aiment. Qu'ils sont autorisés à être comme ils sont. J'espère que ma voix est une voix parmi tant d'autres, dans une pièce remplie de nombreuses personnes qui encouragent les gens à être simplement eux-mêmes. Avec Ariana Grande, nous adorons chanter ensemble Tu te souviens du moment où tu as découvert ta voix, que tu avais ce pouvoir en toi ?Je ne sais pas si je savais que c'était puissant. J'ai su que je pouvais chanter, ou du moins faire un son qui rendait les gens heureux, quand j'avais environ cinq ans. Je pense que j'ai réellement commencé à comprendre ce dont j'étais capable, et ce pour quoi je pouvais utiliser ma voix, quand j'avais peut-être 15 ou 16 ans. C'est à ce moment-là que j'ai pu commencer à choisir les chansons que je chantais. Et j'ai commencé à comprendre que les gens voulaient entendre ma voix et à ce moment-là, comprendre la puissance qu'elle pouvait détenir. Compte tenu du lien spécial que tu as tissé avec Ariana Grande, les fans du monde entier attendent avec impatience une vraie collaboration. Pourquoi ce n'est pas arrivé sur cet album ? Je pense que, d'une part, Ariana travaillait sur son propre album ["Eternal Sunshine", ndlr]. Nous travaillions presque en même temps : elle travaillait sur son album et moi sur le mien. Ensuite, je pense qu'il est important que les gens nous comprennent en tant qu'individus. Vous nous avez tellement vues ensemble, et vous allez bientôt nous voir encore plus ensemble ! (Rires) Cela ne veut pas dire que nous ne collaborerons pas [dans le futur]. Je pense que nous adorons chanter ensemble. Nous aimons vraiment, vraiment chanter ensemble. Même si je l'adore, je pense qu'il est important pour moi, en tant que musicienne, de m'établir d'abord seule. Je voulais être un peu indépendante. Je suis tombée sur cette vidéo où tu parles français sur un tapis rouge. Quels sont tes liens avec la France ? J'adore cette langue et j'adore l'endroit. C'est ça le lien. C'est tout ! Tu parles si bien dans cette vidéo, alors j'étais curieux de savoir quand as-tu appris... parce que c'est une langue difficile ! (En français) Oui, je parle un peu français. Un petit peu. Parce que j'adore la langue et ce pays, et j'ai étudié... "étudier" c'est "to learn", n'est-ce pas ? Oui ! J'ai étudié à l'école à Londres. Et c'est la seule raison pour laquelle je peux le parler. (Sourire) Il est possible que "Wicked Partie II" vous brise le coeur Alors, quand viendras-tu chanter à Paris ou en France ?Quand vous voudrez de moi ! Je viendrai. J'adore être à Paris. J'apprécie vraiment d'être en France et s'il y a de la place pour que je vienne chanter, je viendrai chanter. Pour conclure cette interview, peux-tu me donner un avant-goût de la suite de "Wicked" qui sortira en novembre au cinéma ? À quoi peut-on s'attendre ? Et bien, je ne peux pas vous dire si vous allez pleurer mais c'est très probable. (Rires) Ces deux femmes ont grandi. Elles ne sont plus à l'école. Et elles doivent en quelque sorte faire face aux décisions qu'elles prennent dans le premier film maintenant. Il est possible que cela vous brise un peu le coeur, oui... |