
Retracer la carrière de Barbara n'est pas le sujet du jour. Je préfère parler de son humour, de la femme drôle qu'elle était à la ville comme à la scène, aussi. « Je ne suis pas quelqu'un de triste. Il s'est trouvé que les gens se sont retrouvés dans les chansons tristes » dit-elle dans une interview filmée du 18 février 1969.
Certes, Barbara a chanté ses morts, sa solitude, ses doutes, son mal de vivre, son désespoir, la maladie mais comme toute personne "entière" et comme tout natif des gémeaux aux mille facettes attrayantes, elle a su aussi chanter la vie, l'espoir en l'Homme, le bonheur intense d'aimer à la folie avec la démesure des éternelles amoureuses. « J'ai peur mais j'avance quand même » était devenue sa devise.
« Je ne suis pas une grande dame de la chanson,
Je ne suis pas une tulipe noire.
Je ne suis pas poète,
Je ne suis pas un oiseau de proie.
Je ne suis pas désespérée du matin au soir.
Je ne suis pas une mante religieuse,
Je ne suis pas dans les tentures noires.
Je ne suis pas une intellectuelle.
Je ne suis pas une héroïne,
Je suis une femme qui chante ! »

« Et si le noir pour moi est couleur de lumière / La raison que m'importe et qu'elle aille en enfer » ira-t-elle jusqu'à chanter dans "L'enfant laboureur" (1973). Quand Barbara débuta dans les cabarets de Bruxelles et de Paris, beaucoup de ses chansons qu'elle n'écrivait pas encore étaient empruntées au “répertoire 1900” truffé de pépites d'humour. On peut retenir "Elle vendait des petits gâteaux", "La Joconde", " La plus bath des javas", "D'elle à lui", "Maîtresse d'acteur" ou encore "Les amis de monsieur", une chanson sur les aventures d'une coquine femme de chambre moins farouche apparemment que celle dont on parle beaucoup actuellement et qui se trouve au cœur d'une certaine affaire DSK sur laquelle nous ne reviendrons pas !
Ecoutez Barbara live, "Les amis de monsieur" (1969) :
Barbara chanta aussi l'humour noir à travers "Veuve de guerre" ou encore des titres qu'elle écrivit comme "Y'aura du monde à l'enterrement", "Le testament", ou bien "Les insomnies" qui raconte l'histoire d'une nuit de 1974 qui aurait pu être tragique et dont elle revint de justesse. Une chanson écrite dans le style Brassens et qui fit d'un drame frôlé une élégante pirouette !
Visionnez Barbara live, "Mes insomnies" (1975) :
Barbara aima aussi jouer de son personnage de femme fatale comme dans "Le bel âge" en 1960, récit d'une idylle avec un jeune homme, sorte de "Il venait d'avoir 18 ans" avant l'heure qui pourrait être inspiré du célèbre roman "Le blé en herbe" de Colette, titre dans lequel Barbara dit « J'aime beaucoup les enfants / J'ai l'esprit de famille / Mais j'ai dépassé le temps / De jouer au billes… ». Dans la même veine il y eut le célèbre "Si la photo est bonne" sur une femme de président qui décide d'alléger la peine d'un délinquant au physique avantageux…
Visionnez Barbara live, "Si la photo est bonne" (1967) :
On pourrait aussi citer le coquin conte "Joyeux Noël", "Les mignons", "Hop-là", "Fragson", "Gueule de nuit", "Vol de nuit", "Femme-piano-lunettes" et "Lucy", une chanson écrite avec Luc Plamondon sur son tout dernier album paru en 1996.
Ecoutez Barbara live, "Hop-là" - précédée d'une présentation-sketch (1973) :
Barbara considérait le spectacle comme une fête, un moment unique et elle y mettait toute son énergie, chantant comme si c'était la dernière fois à chaque fois, arrivant très tôt dans les théâtres pour voir le spectacle se monter et respirer la salle afin qu'aucun détail ne lui échappe. Quitte à surprendre, je dis avec une totale conviction que Barbara était une rockeuse dans l'âme si on définit cela comme le fait d'aller au bout de soi, de tout donner, jusqu'à s'en briser la voix…
Jean-Louis Aubert qui chanta "Le jour se lève encore" (paroles de Barbara) déclara à plusieurs reprises et même
dernièrement sur le site nordeclair.fr :
Ecoutez Barbara live, "Vivant poème" (1996) :