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jeudi 13 juin 2019 16:30

"Madame X" de Madonna : critique de l'album, titre par titre !

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
"Madame X" : c'est avec cet alter-ego que Madonna fait cette semaine son grand retour dans les bacs. Quatre ans après "Rebel Heart", la reine de la pop puise dans la culture latine pour proposer un 14ème album hétéroclite et engagé. Est-il à la hauteur des espérances ? Notre critique, titre par titre !
Crédits photo : Pochette de l'album

1. "Medellín"


C'est avec ce titre que Madonna a choisi de faire son grand comeback. On la comprend, en promettant un album à l'univers latino, inspiré par son année à Lisbonne, s'associer à la star reggaeton Maluma est une bonne stratégie. Dommage que Ricky Martin ou Shakira aient déjà eu l'idée avant elle. Mais l'alchimie sensuelle entre les deux artistes est clairement palpable à l'écoute de "Medellín", rendant le tout encore plus rafraîchissant. On regrettera l'utilisation de l'auto-tune sur les deux voix et une construction hasardeuse (le refrain plombe l'atmosphère générale), mais on se laisse attraper par le texte où Madonna y évoque avec tendresse l'envie de retrouver sa jeunesse et sa candeur, nous fait danser au son de "one two cha cha cha" avant un final festif. Si les premières écoutes étaient plus que déroutantes, au moins, les retrouvailles avec Mirwais promettaient déjà une certaine audace ! 3,5/5

2. "Dark Ballet"


« It's a beautiful life, but I'm not concerned ». Dès les premières phrases sombres et désespérées de "Dark Ballet", le titre captive tant on retrouve instantanément l'empreinte vocale et musicale de Madonna. Sur des notes de piano, rejointes ensuite par un beat urbain dépouillé, la star se met dans la peau de Jeanne d'Arc. Une icône à laquelle elle s'était déjà intéressée dans le passé. Captivée par son histoire, Madonna s'y replonge et nous aussi, mais soudain un solo de piano résonne (c'est très beau) et le titre change alors de direction. Il revisite alors la "Danse des flûtes de roseau" du ballet "Casse-noisettes" signé Tchaikovsky à la sauce électro. Pourquoi ?! Pris dans un trip sous acide malgré lui, l'auditeur ne sait plus ce qu'il écoute. Les flammes s'invitent, le piano reprend et Madonna souffle sur les braises. Difficile de saisir le message fort du titre dans cet habillage confus. 2/5




3. "God Control"


Madonna continue de souffler sur les braises, le piano redémarre, l'artiste articule difficilement alors qu'elle ne mâche pourtant pas ses mots pour dénoncer le problème des armes à feu aux Etats-Unis et s'en prendre aux politiques. « Our nation lied, we lost respect », « When they talk reforms, it makes me laugh » et « Blood of innocence, spread everywhere » lance-t-elle, accompagnée d'un somptueux choeur religieux qui scande « We lost God control ». Encore une fois, alors qu'elle nous plonge dans une atmosphère profonde, Madonna effectue un virage à 180 degrés. Dès que des tirs résonnent, un beat disco démarre et la Queen of pop nous invite sur le dancefloor. En écho à la tuerie d'Orlando survenue il y a 3 ans ? Baignée de violons, la production kitsch et savoureusement régressive avec Mirwaïs et Mike Dean dénote pourtant avec le sujet. Rusant pour nous avoir à l'usure, Madonna délivre son message d'espoir (« The only gun is in my brain / Each new birth, it gives me hope »), appelle à l'éveil des consciences (« We need to wake up, wake up, wake up, wake up, wake up »), s'engage politiquement (« A new democracy! ») avant de rapper sur un pont rappelant son célèbre "Vogue" et de nous susurrer sa vérité dans le creux de l'oreille. Une tornade. 4/5

4. "Future"


Et si on oubliait la performance désastreuse de l'Eurovision ? Nous entraînant avec "Future" dans un univers entre trap et reggae, avec la complicité du rappeur Quavo, "Madame X" nous propose là de réfléchir à nos actions et à prendre du recul sur notre destinée. « Come give hope, come give life
Only get one, so we gotta live it right
». Surprenant dans le répertoire global de Madonna, "Future" est sans doute l'un des meilleurs singles proposés jusqu'ici par la chanteuse (ce n'était pas si difficile). Son flow épouse avec perfection celui de Quavo, l'harmonie entre leurs voix et les trompettes, et Diplo peaufine là une production riche. Cependant, le refrain de "Future" se révèle répétitif et le titre est un peu à part dans la globalité du projet. 3,5/5

5. "Batuka"


Des claquements de mains et des percussions nous accueillent dès les premières notes de "Batuka", pour "Batuque", le nom d'un courant musical originaire du Cap Vert. Hérité des traditions africaines, il allie musique, chant et danse. Et justement, c'est lors d'une session festive avec des artistes de cette discipline, appelées les Batucadeiras, que Madonna a eu l'idée de les enregistrer et de les intégrer sur le morceau. Une très bonne initiative tant leur chant bouillonnant, à la fois féministe et religieux, apporte une fièvre et une énergie brutes à ce morceau bien trop linéaire. Dommage car le sujet est intéressant puisqu'il évoque une lutte cruelle pour mettre fin à une souffrance (l'esclavage, l'oppression des femmes ?), juste avant que les choses changent. Restez quand même jusqu'au bout, le final au violon est particulièrement bouleversant. 2,5/5

6. "Killers Who Are Partying"


Sur une mélodie à la guitare et à l'accordéon, empruntant à la musique traditionnelle portugaise, Madonna ralentit le tempo sur "Killers Who Are Partying", une ritournelle qui, sous ses airs délicats, est encore une fois très engagée. L'artiste confirme son statut d'activiste et met en avant son côté humaniste, prête à absorber la douleur du monde et à prendre la parole pour défendre tous les opprimés : les homosexuels, les Israëliens, les Africains, les musulmans, les pauvres, les femmes violées, les enfants exploités... Seul titre directement inspiré musicalement par son expérience à Lisbonne, l'envoûtant mais redondant "Killers Who Are Partying" permet à Madonna de chanter en portugais (et avec un très bon accent). « Le monde est sauvage » clame-t-elle. Ce titre un peu moins. 3/5

7. "Crave"


Plus léger dans le texte, "Crave" permet à l'auditeur (et à Madonna) de respirer un peu. On quitte ici l'engagement fort et viscéral, mais parfois anxiogène, de l'icône sur ce titre qui débute sur des riffs de guitare acoustique (très "American Life") avant qu'un beat trap débarque. La sensation Swae Lee (déjà entendu sur les tubes "Sunflower" de Post Malone, "Unforgettable" de French Montana ou "Sicko Mode" de Travis Scott avec Drake) accompagne la Madone sur ce morceau mid-tempo les mettant en scène dans une relation toxique. Agréable mais pas follement passionnante, "Crave" devrait séduire les fans de trap grâce à sa production fluide et planante. Les autres passeront sans doute leur chemin. 2,5/5




8. "Crazy"


Est-ce la suite de l'histoire présentée avec "Crave" ? Après le feu de la passion, place aux désillusions sur cette ballade habitée par le spleen qui s'ouvre sur une plainte d'accordéon. Délaissée par son bien-aimé, Madonna refuse d'accepter sa solitude et couvre l'homme de ses tourments de reproches, sous la plume de Starrah (Nicki Minaj, Rihanna). « 'Cause you're driving me crazy / You must think I'm crazy » lance-t-elle en anglais et en portugais, osant une référence à son iconique "Like A Prayer" sur le deuxième couplet. La diva, blessée dans son coeur et son ego, jure alors de ne plus se laisser prendre au piège. « Je t'aime mais je ne te laisserai pas me détruire » susurre-t-elle avec détermination. Jolie parenthèse un peu sage, "Crazy" a le mérite d'offrir une respiration au milieu d'un disque très chargé politiquement. 2/5

9. "Come Alive"


"Madame X" est un agent secret mais aussi une fidèle utilisatrice de l'auto-tune. Comme une bonne partie du disque, "Come Alive" est quelque peu noyé par un excès de retouche numérique qui brise la beauté des arrangements, basculant progressivement de percussions marquées à des envolées de violons où s'invitent choeurs ecclésiastiques et souffles d'orgue. Un sentiment apaisant en jaillit mais répéter « Come alive, come alive, come alive » en boucle ne suffit pas à faire de miracle : l'interprétation bancale voire disgracieuse proposée ici gâche complètement le potentiel du titre. 2/5

10. "Extreme Occident"


Madonna brise l'armure sur "Extreme Occident". « The thing that hurt me most / Was that I wasn't lost » lâche-t-elle sur des notes de piano et sans traitement inutile sur sa voix (enfin). Que c'est beau ! Vulnérable et à nu pour la première fois sur cet album, l'artiste évoque - en peu de mots mais avec beaucoup d'émotion et de justesse - son parcours, ses échecs ou sa force intérieure face à l'adversité. La touche Mirwaïs fait une nouvelle fois des merveilles, sublimant le tout avec des sonorités orientales bienvenues qui s'injectent au tout avec subtilité. "Extreme Occident" est la preuve concrète qu'avec sobriété et sans artifices, Madonna peut toucher en plein coeur et délivrer son message. 4/5

11. "Faz Gostoso"


La rencontre entre la Reine de la Pop et la star brésilienne Anitta était forcément très attendue. Et elle fait clairement des étincelles. Quel plaisir de les entendre réunies ! Tube en puissance, sans tomber dans l'excès niveau production, "Faz Gostoso" est cependant une reprise copie conforme du même titre de l'artiste BLAYA, devenu un gros succès au Portugal en 2018. Madonna et Anitta se l'approprient avec de nouvelles paroles, entre anglais et portugais, et l'efficacité originale du titre ne se perd pas une seconde, d'autant même qu'un rythme endiablé de samba vient faire grimper la température sur la deuxième moitié de ce banger. Un style qui va particulièrement bien à Madonna. Sans doute un pied de nez à celles et ceux qui lui renvoient son âge. 4/5

12. "Bitch I'm Loca"


Un deuxième duo avec Maluma sur un même album était-il vraiment nécessaire ? Oui. Car leur complicité est encore au rendez-vous sur "Bitch I'm Loca", co-produit par la star et Billboard, à l'ambiance reggaeton particulièrement torride. Plus pensé pour lui que pour elle, ce morceau possède tous les atouts pour faire danser le monde entier grâce à son rythme chaloupé et des paroles faciles à retenir (et à chanter). Cependant, les effusions électro et les effets robotiques sur les voix cassent la vibe et rendent un peu plus indigeste la proposition. Ceci dit, c'est à l'image du final, des plus raffinés : « Where do you want me to put this? / Um, you can put it inside ». 2,5/5

13. "I Don't Search I Find"


Il est clair que Mirwais instaure une véritable ligne directrice dans chacune de ses oeuvres avec Madonna. Pour "I Don't Search I Find", dont le titre est inspiré d'une citation de Picasso, le frenchy fait un bond dans le temps pour nous propulser une ambiance club underground tout droit sortie de l'âge d'or des années 90. On pense à "Erotica", inévitablement, avec cette touche rétro et une pointe de groove parfaitement assumées. Si la chanson reste un peu linéaire, on se laisse doucement et sûrement happé par le travail d'orfèvrerie assurée côté production. « I found peace, I found a new view, I found you » scande une Madonna sûre de ses sentiments et sereine. Peut-être que la chanson aurait gagné à être un peu plus longue, pour que la magie soit totale ? 3/5

14. "Looking for Mercy"


Plus authentique que jamais, Madonna dévoile ses fêlures sur cette ballade tempétueuse mariant tension dramatique, effusions ténébreuses et cordes délicates. La star y confronte sa foi et son envie de devenir une meilleure personne, dans un monde impitoyable où l'on doit sans cesse montrer qu'on est le plus fort si l'on veut survivre. « On the outside I'm strong » glisse la chanteuse, presque comme un aveu, alors qu'elle se sait rongée par des conflits intérieurs : « Teach me to forgive myself, outlive this hell ». Une superbe piste, remarquablement bien écrite (l'alliance avec Starrah, encore), qui ne résistera peut-être pas à l'épreuve du temps mais qui, à l'instant T, amorce avec une belle envergure la conclusion du disque. 3,5/5

15. "I Rise"


C'est par un discours saisissant d'Emma Gonzalez, jeune lycéenne rescapée de la fusillade de Parkland devenue figure emblématique pour le contrôle des armes à feu, que Madonna entame la ballade "I Rise". Une façon pour l'icône de rappeler la dimension intrinsèquement militante de "Madame X", conçu pour provoquer, bousculer et faire réfléchir. La chanson comprend une portion du titre inédit "Freedom", qui faisait partie des démos de "Rebel Heart" ayant fuité des mois avant sa sortie. Les deux morceaux partagent la même intention : rappeler le droit de se battre pour ses convictions, lancer un vibrant appel à la liberté. Dommage que cette ultime piste ne se montre pas aussi captivante sur la forme que sur le fond. 2,5/5

Madonna avait prévenu que "Madame X" serait un album multi-facettes. En multipliant les genres - parfois sur un même morceau - et les propos, sans trop de lien, l'artiste engagée prouve qu'elle peut encore surprendre, souvent au risque de se perdre (et nous avec). Cependant, "Madame X" regorge de bonnes idées, portées par l'aura de la Reine de la pop et des retrouvailles étincelantes avec Mirwais. Dommage que son immersion dans la culture latine ne soit pas mieux mise en valeur.

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