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Régine et Jeane Manson ont pavé le chemin, mais c'est bien et bel Larusso qui a fait entrer la chanson "Tu m'oublieras" dans toutes les mémoires. Joli paradoxe avec son titre ! Adaptation française du morceau "You Will Forget" d'Irma Jackson (1979), le tube iconique de l'année 1998 a été un véritable coup de poker pour Laetitia Serero alias Larusso, qui n'imaginait pas un seul instant qu'elle écoulerait plus de 2 millions de singles en France avec cette chanson groovy aux paroles entêtantes. Et pour cause, elle la détestait. « Je ne l'aime absolument pas à la première écoute. J'ai un rejet total, je n'accrochais pas forcément avec le texte » explique dans un nouveau format "Raconte" pour Purecharts la gagnante de "Mask Singer" saison 2, pas vraiment convaincue de son potentiel. Sous l'impulsion de Luke et Swing, qui retravaillent les arrangements, Larusso accepte d'enregistrer une maquette et de démarcher les maisons de disques. Un fiasco. « Je suis très mal reçue avec ce titre, qui n'a pas été aimé non plus par les gens du métier. Ils m'ont prédit un avenir très incertain et m'ont gentiment dit que ça ne marcherait jamais. On s'est fait carrément claquer les portes au visage ! » se souvient-elle avec un sourire en coin.

"Je suis arrivée brut de décoffrage"

Sauf que "Tu m'oublieras", finalement sorti sur le label EMI, rencontre immédiatement un succès colossal en France, où il reste classé 12 semaines en tête des classements. Avec sa chevelure de feu et sa voix puissante, l'artiste passe difficilement inaperçue ! « Il faut savoir qu'à l'époque, moi quand je suis sortie, il n'y a rien de marketé. Je suis arrivée brut de décoffrage. On était très mal vues nous les filles aux cheveux frisés et je suis super fière de ce truc-là parce que je sais que j'ai décomplexé plein de nanas » souligne Larusso, qui a toujours fait preuve d'un fort caractère. Selon elle, il y a « deux raisons » au succès de "Tu m'oublieras". « La mélodie, c'est une espèce de boucle qui est très évolutive, qui monte de plus en plus haut, c'est comme un effort physique. Plus ça va, plus le coeur bat vite. Et puis l'histoire, le texte, cette nana qui aime tellement son mec qu'elle a peur, qu'elle lui dit : "C'est sûr qu'un jour tu me tromperas". Moi je ne suis que l'interprète de cette chanson, mais la chanson ne m'appartient plus depuis très longtemps. Elle a accompagné les gens dans leur adolescence, leur vie d'adulte. Une chanson c'est un peu comme une béquille, on s'appuie dessus » insiste-t-elle.

"On ne me prévient pas des dangers de ce métier"

Propulsée sous le feu des projecteurs du jour au lendemain, adulée, Larusso est alors sollicitée par toutes les radios et chaînes de télévision. Au point de lui donner le vertige. « Le succès qui tombe comme ça de nulle part, c'est très spécial. Il n'y a pas de mode d'emploi, on est catapulté. On ne me prévient pas des dangers de ce métier : "On va beaucoup t'aimer mais on va aussi beaucoup te détester. On dira des choses très belles sur toi et on dira des choses très fausses aussi". A l'époque, à 19 ans, c'est très très dur » analyse avec recul l'interprète de "Salama".




Ce qui l'a sauvée des côtés sombres du show-business ? Ses « appuis », son « éducation » et sa « foi » : « Je n'ai jamais changée ». « Avoir été estampillée chanteuse des années 90 et l'être encore aujourd'hui, ce n'est pas un fardeau pour moi. Je suis plutôt fière de me dire que plus de 20 ans après, les gens chantent encore. Je génère de la sympathie autour de moi et beaucoup d'amour. (...) Les gens sont en demande ! On ne peut pas dire que le nombre des années enlève le talent des gens » estime la chanteuse, dont le plus beau souvenir est sans conteste les concerts qu'elle a partagés avec Johnny Hallyday en 1999 : « Il s'est créé un truc humain et artistique avec lui qui est incroyable et qui m'a marquée ».