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David Bowie n'est plus. Dans la nuit de dimanche à lundi, la légende du rock britannique s'est éteinte « paisiblement » dans son sommeil, des suites d'un cancer contre lequel il se battait depuis 18 mois. Un choc. Dès l'annonce de la triste nouvelle, les hommages ont afflué de toutes parts, témoins de l'influence transgénérationnelle de ce génie visionnaire. Les Rolling Stones, Kanye West, Iggy Pop, Christine and the Queens, Françoise Hardy, Yoko Ono, Marianne Faithful, Placebo... Tous ont salué la mémoire d'un artiste hors normes, capable de se réinventer comme personne. Comme l'ensemble des mélomanes du monde entier, Madonna et Lorde ont elle aussi été « dévastées » par la mort d'un héros « unique et provocateur ». Dans des lettres partagées sur les réseaux sociaux, chacune se souvient de la première fois qu'elle a rencontré l'icône. Les voici en intégralité.

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Madonna

« Je suis dévastée.
David Bowie a changé le cours de ma vie pour toujours. Je ne suis jamais sentie à ma place, en grandissant dans le Michigan. Comme si j'étais excentrique ou un monstre. Je suis allée le voir en concert au Cobo Arena, à Detroit. C'était le premier concert de ma vie. J'avais fait le mur avec ma meilleure amie, cape sur le dos. On s'est fait surprendre et j'ai été punie tout l'été. Je m'en foutais.
J'avais déjà beaucoup de ses disques et j'étais impressionnée par la façon dont il jouait sur la confusion des genres.
Il était masculin et féminin à la fois.
Drôle et sérieux.
Intelligent et avisé.
Ses paroles étaient spirituelles et mystérieuses.
A cette époque, il était le Thin White Duke et il avait des mimes sur scène avec lui, avec des chorégraphies très spéciales.
Et j'ai vu comment il créait un personnage et utilisait différentes formes d'art pour faire le show.
Je l'ai trouvé inspirant et innovateur.
Unique et provocateur. Un vrai Génie.
Sa musique a toujours exercé une influence mais le voir en concert m'a embarquée dans un voyage qui je l'espère ne s'arrêtera jamais.
Des photos de lui sont accrochées partout dans ma maison aujourd'hui.
Il était si chic, beau et élégant. Tellement avant-gardiste.
Merci David Bowie. Je te dois beaucoup.
Tu manqueras au monde. »

Lorde

« Quand un héros meurt, tout le monde veut une déclaration. Je me suis réveillée ce matin les yeux embués de larmes, avec cette grande tasse rouge de whisky japonais ingurgitée la veille lorsque la nouvelle est tombée. On me demandait déjà ma réaction. Ça me semble si étrange de parler de quelqu'un dans un moment comme celui-ci, quand ce qui vient de se produire touche à ce point le monde entier. Tout ce que j'ai lu depuis l'annonce de son décès est presque égoïste, comme une thérapie. C'est ce qu'il était pour nous. Un morceau de soie dans lequel on pouvait se rouler quand le besoin s'en faisait sentir. Monsieur Bowie, je crois que l'on doit s'accrocher à ça maintenant.

La nuit où je l'ai rencontré était une soirée caritative organisée par Vogue, avec plein de fleurs fraîches pour honorer Tilda Swinton. Je n'avais pas encore 17 ans, l'Amérique était un continent nouveau pour moi et j'étais sensiblement mal à l'aise et méfiante envers tout ce qui était en train de se produire dans ma vie, tout ce qui m'emmenait dans ces soirées pleines de champagne et de yeux maquillés au crayon noir. J'ai joué trois chansons, tressautant sur mes bottes à talons. Après ça, on est venu me prendre par la main pour me dire "David veut vous rencontrer" et on m'a fait slalomer entre les tables remplies de bougies et de verres, d'où s'échappait ce bourdonnement de conversations. Il était là.

Je n'avais jamais apprécié rencontrer l'un de mes héros. La pression est trop énorme, tu es incapable de savourer le moment. David était différent. Je ne souviendrai toujours des caresses de nos mains pendant que nous parlions, de la lumière dans ses yeux. Cette nuit a changé quelque chose en moi - j'ai senti une confiance. Je crois que dans ce bref moment, il est venu m'annoncer ce que je serai dans ma prochaine vie, comme un ange extra-terrestre du rock'n'roll glissé dans un costume gris parfait. J'ai réalisé que tout ce que je ferai à partir de là serait quelque chose qu'il pourrait regarder. J'ai réalisé que j'étais fière de mon étrangeté parce que lui était fière de la sienne.

Ce que nous pensons de lui ne changera pas. For the rest of our lives, we'll always be crashing in that same car.

Merci David Bowie. »