Crédits photo : Capture d'écran YouTube
La vague de manifestations aux Etats-Unis, suite à la mort de George Floyd le 25 mai dernier, a suscité de vives réactions, notamment au sein de l'industrie musicale. Tandis que de nombreux artistes ont apporté leur soutien au mouvement Black Lives Matter, d'autres, à l'instar du groupe The Killers, ont décidé de reporter la sortie de leurs disques, qui ne semblait pas en adéquation avec le climat actuel aux Etats-Unis. Le groupe Lady Antebellum a même décidé de changer son nom de scène en Lady A pour ne plus utiliser un terme historiquement chargé dont la bande se dit aujourd'hui « embarrassée ». Enfin, de nombreuses chansons de protestations signées N.W.A, Kendrick Lamar, Public Enemy ou Childish Gambino explosent en streaming et dans les charts depuis le début des manifestations. En parallèle, David Bowie revient lui aussi sur le devant de la scène grâce à une ancienne interview déterrée par les internautes.

"Il y a beaucoup de choses à faire"

Dans cette entrevue donnée à MTV en 1983, à l'occasion de la sortie de son album "Let's Dance", l'icône britannique interroge le journaliste Mark Goodman sur la sous-représentation des artistes afro-américains sur la chaîne musicale, qui venait alors de naître. « C'est une entreprise solide mais il y a encore beaucoup de choses à faire. Je suis simplement abasourdi par le fait qu'il y ait aussi peu d'artistes noirs diffusés. Pourquoi cela ? » se demande David Bowie, ajoutant d'ailleurs que ceux-ci sont principalement diffusés la nuit, « entre deux et six heures du matin et très peu pendant la journée ». Ce à quoi le journaliste, devenu interviewé, rétorque : « Nous essayons d'aller dans cette direction, nous voulons diffuser des artistes qui font de la musique qui entrent dans le cadre de ce que nous voulons diffuser sur MTV ».

"Certaines villes pourraient être terrifiées par Prince"

Si David Bowie dit qu'il a vu que « ces dernières semaines les choses sont en train de changer, mais lentement », le journaliste Mark Goodman explique : « Nous n'avons pas de répartitions journalières (...) Nous essayons de ne pas nous limiter à ce qui marche à New York ou à Los Angeles, mais aussi à Poughkeepsie ou dans le Midwest, certaines villes pourraient être terrifiées par Prince, que nous jouons, ou d'autres visages noirs. Nous devons jouer le type de musique que le pays entier aimerait ». Discutant pour savoir si des artistes comme Marvin Gaye auraient, ou non, leur place sur MTV, le journaliste répond qu'il n'y est pas opposé mais s'interroge sur le goût des adolescents spectateurs de la chaîne. « Peut-être que les Isley Brothers ou Marvin Gaye veulent dire quelque chose pour un jeune afro-américain de 17 ans. Et aussi pour une partie de l'Amérique. Vous ne trouvez pas cette situation effrayante ? Est-ce possible de convaincre la chaîne d'être plus équitable ? Cela semble s'être répandu dans les médias américains. Ça ne devrait pas être difficile de rendre les médias plus intégrables » répond enfin David Bowie. 37 ans plus tard, cette déclaration semble plus que jamais d'actualité.

Regardez l'interview de David Bowie en 1983 :