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Zaho de Sagazan - La Symphonie des Eclairs


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Elle est en une de Marie-Claire cette semaine avec 8 autres femmes.

 

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https://www.marieclaire.fr/zaho-de-sagazan-interview-sante-mentale,1471667.asp

 



Marie Claire : À qui vous confiiez-vous, plus jeune ?

Zaho de Sagazan : Pour parler ou oser le faire, je crois qu'il faut avant tout avoir l'oreille de quelqu'un. Que ce soit ses amis, ses parents ou un piano ! J'ai eu la chance de grandir avec une maman institutrice qui adore écouter les autres – et nous sommes cinq sœurs. Elle nous a toujours posé des questions, et dès qu'elle voyait que je n'allais pas bien, elle "grattait".

Demander à quelqu'un comment il va ne suffit pas : il faut aller plus loin et gratter. J'ai encore du mal à me livrer mais j'y arrive face à des personnes qui grattent. (Elle rit.) Et désormais, je gratte moi aussi. Il y a de nombreuses manières de procéder ; avec des questions, des silences, un regard, une main sur l'épaule... Se préoccuper de santé mentale, c'est aller en profondeur, ne pas juste parler du beau temps mais également de la tempête. 

Dans votre album La Symphonie des éclairs, vous évoquez des addictions, des fixettes, des doutes dévorants, le rapport au corps... 

J'aime beaucoup ce qui se déroule dans notre cerveau, nos fragilités, notre sensibilité. On a tendance à penser qu'on devrait en avoir honte et on préfère souvent montrer la meilleure partie de nous-mêmes, celle où on a confiance, celle où on est beaux et drôles. Sauf que dès qu'on aborde le sujet autour de soi, on réalise qu'on est presque tous pareils, traversés par la fragilité et les doutes.

Jusqu'alors, mon psy a été mon piano.

Que ce soit Billie Eilish, Pomme ou Stromae, parler de santé mentale parmi une nouvelle génération d'artistes ne semble plus tabou.

Oui, il y a un très bon côté à ça, une volonté de se poser des questions – qui est-on, la problématique du genre, ce qu'on ressent... Mes copains garçons, par exemple, me disent qu'ils en ont ras le bol d'avoir du mal à exprimer leurs émotions quand nous, les filles, il nous est plus facile de nous confier ou de pleurer.

Mais d'un autre côté, il faut faire attention à ne pas se renfermer sur soi, à ne pas fermer la porte à l'autre car nous sommes des animaux sociables. Le plus compliqué, c'est de trouver l'équilibre entre parler de soi et ne pas parler que de soi – ce qui est également insupportable.

FATIGUÉE PAR UN MÉTIER "TOURBILLON"

Avez-vous déjà vu un psy ?

Non. Cela fait un moment que j'y pense, et j'aimerais commencer un travail cette année... Je crois qu'un psy est surtout là pour vous donner un temps où l'on peut se livrer. Jusqu'alors, mon psy a été mon piano. Cela peut paraître bizarre de dire ça, mais je le vois ainsi. Et puis, j'ai tendance à vouloir régler les choses toute seule, peut-être parce que j'ai beaucoup de mal à parler de ce qui ne va pas. Moi, je suis plutôt celle qui incite les autres à parler.

Entre les concerts, les interviews, votre vie a radicalement changé depuis la sortie de votre album ; y a-t-il eu des moments compliqués ?

Au printemps dernier, je n'étais pas bien du tout. L'album venait de paraître et j'ai ressenti une immense fatigue, physique et surtout émotionnelle, des peurs, de l'angoisse, je me suis fermée alors que j'étais très entourée. Mais je ne savais pas mettre de mots sur ce qui n'allait pas...

Mon arrivée dans ce métier a été un tourbillon, et d'un coup, avec les interviews, je n'arrêtais pas de parler de moi, ce qui n'était pas du tout ce qui m'intéressait au départ. De surcroît, comme je suis "control freak" et que j'avais décidé d'être indépendante, j'avais embarqué des gens – mes amis – sur mon projet, et il y avait tant de pression que j'avais tendance à me perdre sur mille sujets.

À un moment, je me suis demandé si je n'aurais pas été mieux dans une ferme à m'occuper d'animaux... Ce n'est pas humain d'être aussi sollicitée, scrutée, complimentée, applaudie, parfois insultée. J'ai pensé : mon Dieu, qu'est-ce qui m'arrive, je viens de signer avec quoi ? Pourquoi ? Suis-je à l'aise avec cette nouvelle vie ? Tout cela accentué par l'impression que je ne pouvais plus faire demi-tour, ce qui est faux bien sûr, on peut toujours bifurquer.

Je ne mangeais ni ne buvais plus, je fumais des centaines de clopes et me repassais l'album sans cesse.

Comment avez-vous relevé la tête ?

Grâce à une lecture. Je suis tombée sur un petit livre de vulgarisation, Apprendre à philosopher avec Montaigne (d'Hervé Caudron, éd. Ellipses), qui m'a tant apporté... Je l'ai relu cinquante fois, et m'y plonger m'a permis de me rouvrir au monde. L'ami Montaigne, comme je l'appelle, est un être intelligent et pertinent, qui parle de lui pour s'adresser à tous – ce que je cherchais à accomplir avec mon album, et je découvre quelqu'un qui l'a fait tellement mieux que moi, jadis !

Montaigne aborde beaucoup de questions, dont celle de l'imagination. Moi qui ne voyais que le bon côté de l'imagination, j'ai compris que c'était aussi l'amplificateur de nos craintes, et ce qui nous différenciait des animaux ; ils ont peur face à un danger réel, quand nous avons peur bien en amont. De fait, j'imaginais ma chute avant même de commencer, et à continuer ainsi, j'aurais chuté pour de bon...

Pour quelqu'un d'aussi sociable que vous, le salut est donc venu d'un livre ?

Oui, c'est l'ami Montaigne qui m'a sauvé la vie. (Elle sourit.) J'ai également lu Crime et Châtiment de Dostoïevski, qui m'a profondément bouleversée. Quelle est la part de monstruosité en nous et comment, par un enchaînement d'évènements et de solitude, n'importe qui peut basculer... C'est un ouvrage fabuleux, où toutes sortes d'humanités se croisent. En fait, je n'ai commencé à lire que très récemment. Auparavant, les chansons des autres occupaient toute la place dans ma vie, ce sont des micro-mondes où l'on trouve pas mal de réponses.

"UNE FOLIE OBSESSIONNELLE TOTALE"

Qu'y a-t-il de réconfortant, en plus des livres ?

Savoir s'éloigner de son téléphone portable. Car tu peux passer ta journée à ça, regarder s'il y a de nouvelles personnes connectées, ce qu'on dit de toi, et finir par être submergé par toutes ces émotions. Plus largement, arriver à se bousculer pour sortir de soi et aller vers l'autre – qu'il s'agisse d'un humain, d'un livre ou d'un animal. Ils sont très thérapeutes, les animaux... Quand j'étais gamine, on avait des poules, des coqs, des chiens et des chats tous complètement loufoques, du moins, dès qu'ils arrivaient chez nous, allez savoir pourquoi. (Elle rit.)

Aviez-vous déjà traversé des crises comparables à celle de l'an dernier ?

Un épisode assez similaire est survenu l'année précédente, en 2022, alors que je venais de finir l'enregistrement de l'album. C'était en août, je me suis retrouvée une semaine seule dans mon appart à Nantes, ma colocataire n'était pas là et je suis entrée dans une folie obsessionnelle totale, à écouter mon disque et à me demander : qu'est-ce que tu en penses ?

Je ne mangeais ni ne buvais plus, je fumais des centaines de clopes et me repassais l'album sans cesse. Une fois je me disais : c'est fantastique ! La fois d'après : c'est ignoble ! Je devenais comme Gollum et son Précieux (Le Seigneur des anneaux, de J.R.R. Tolkien) c'était épuisant et pathétique si bien que j'ai eu l'impression de m'éloigner de moi, que ma flamme s'éteignait...

C'est à la limite du gros niaisou mais c'est un peu ça : ce qui t'anime dans la vie, qui fait que tu es toi, joyeuse – la bonne Zaho – ça s'éteint. Tout devient de plus en plus sombre, de moins en moins énergique. Comme si on avait débranché la prise...

Vous n'avez contacté personne ?

Une fois que tu entres dans un vrai creux, c'est compliqué, voire impossible, d'appeler à l'aide... J'aurais pu téléphoner à ma sœur jumelle, mais pour lui dire quoi ? J'étais également très fatiguée, or la fatigue provoque le vide, l'incapacité d'être dans le présent. On ne fait que tourner en boucle dans sa tête.

Un matin, je me réveille en pleurant et je décide d'aller prendre l'air en écoutant The Wall de Pink Flyod en boucle et vers la fin de l'album, avec la chanson The Trial qui martèle : "Tear down the wall" ("Abat le mur", ndlr), je souris parce que The Wall semble s'adresser à moi. Une fois rentrée, je réécoute mon album et comprends qu'il n'est pas seulement dépressif, pas seulement joyeux, et que la dernière chanson, Ne te regarde pas, apporte de l'espoir. Comme si mon disque se situait dans cet entre-deux fondamental pour parler de santé mentale, quand on se dit : c'est normal de ne pas aller bien, par contre on peut aller mieux.

Votre rythme est effréné. Craignez-vous l'après ?

Tout le monde dit que c'est violent pour le mental. Avec un métier pareil, sans aucune stabilité, il y aura sûrement un baby blues et je crois que je vais souvent être confrontée à mon cerveau qui vrille –ou qui a pas mal de raisons de le faire. Attention, je ne me plains pas. C'est magnifique, les montagnes russes, meilleur que le calme plat. Mais j'essaie de me discipliner.

Par exemple, fini le petit joint après chaque concert ; cela provoque trop d'épuisement et l'épuisement, ça peut faire trébucher. Comme dit Montaigne, "le bonheur demande beaucoup d'intelligence", à l'opposé du mythe de l'imbécile heureux. Sauf que ce n'est pas simple, la discipline, pas facile de se coucher tôt ni de faire du sport, surtout en bougeant sans cesse de ville en ville. Et ce n'est pas parce qu'on a déjà chuté que ça ne va pas recommencer ; simplement, on apprend à mieux se connaître. Au fond, le plus important, ce n'est pas de chuter, c'est d'apprendre à se relever plus vite.

 

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  • Midnight Caller changed the title to Zaho de Sagazan - La Symphonie des Eclairs
  • 2 semaines après...
  • 3 semaines après...
Le 13/02/2024 à 13:04, Pol Ramirez Del Piu a dit :

Le concert est dispo 

 

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Pour info la setlist du concert a été tronquée de 3 titres (La déraison, Langage, Mon corps)

 

 

  1. LA FONTAINE DE SANG
  2. ASPIRATION
  3. LE DERNIER DES VOYAGES*
  4. MON INCONNU
  5. LES DORMANTES
  6. LANGAGE
  7. DIS-MOI QUE TU M'AIMES
  8. LA DERAISON** 
  9. JE RÊVE
  10. TRISTESSE
  11. LA SYMPHONIE DES ÉCLAIRS
  12. MON CORPS
  13. NE TE REGARDE PAS
  14. HAB SEX MIT MIR
  15. 99 LUFTBALLONS (Cover de Nena)
  16. DANSEZ*
  17. SUFFISAMMENT
  18. LES GARÇONS
  19. AH QUE LA VIE EST BELLE (Cover de Brigitte
    Fontaine)
  • titre inédit jamais sorti
  • * titre inédit mais existant déjà en digital

 

 

+ elle sera dans Clique ce soir


Le concert a l’Olympia a été diffusé dans sa quasi entièreté sur Olympia TV en février dernier (cf post ci desssus)


 

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A l’Hyper Weekend Festival consacré à Françoise Hardy, elle a chanté « Message personnel » avec Clara Luciani et « Tous les garçons et les filles » avec November Ultra. J’espère que Culturebox le diffusera, comme ils avaient diffusé celui qui était consacré à Mylène Farmer.

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Elle est 24/24 sur les routes (cf le topic concerts) + nouvelle date au Palais 12 à Bruxelles (15.000 places)

 

En tout cas c’est une fille simple et en or.
J’avais perdu un concours Europe 2 pour son concert privé à Pigalle début avril et j’avais un peu ralé sur les règles pas très claires (mais vite fait sur Twitter). Résultat : elle m’a envoyé un DM et m’a mis elle même sur une liste d’invités (et elle le fait plutôt régulièrement ce genre de truc)

J’ai pu également échanger avec elle dans les loges après le show et c’est une personne super 😻

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Je vais la voir demain à la Vapeur à Dijon… Je l’aime beaucoup malgré une certaine lourdeur (dans tous les sens du terme). Musique, chant, son univers globalement quoi, c’est un peu glauque. Mais ça m’intrigue de la voir en live, en concert. J’ai longuement hésité et quand j’ai vu que les places se vendaient comme des petits pains, j’ai pris ma place. Let’s go…

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