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Music Industry, an infinite Journey - Bye Bye Sales, Hello Subscription


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Il y a 2 heures, Rell a dit :

A-t-on une explication pour la hausse des ventes de CDs ? Je ne pense pas en avoir lu dans le rapport. Est-ce l'effet "blockbuster" avec Orelsan et, peut-être, Adele/ABBA qui vendent surtout en physique ?


Je pense que c'est simplement dû au fait que l'année précédente avait connu de longues semaines de magasins fermés.

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  • 5 semaines après...

Article du Monde d’aujourd’hui sur l’entrée en bourse de Deezer. 
 

Révélation

 

Deezer prépare son entrée en Bourse, surfant sur un marché porteur

I2PO va fusionner avec la plate-forme musicale, valorisée à plus d’un milliard d’euros, pour lui donner les moyens de sa croissance. 

 

Petit concurrent de Spotify (le numéro un mondial annonçait 172 millions d’abonnés fin octobre 2021) et d’Apple Music (60 millions mi-2019, selon les derniers chiffres disponibles), Deezer en revendiquait 9,6 millions fin 2021. LIONEL BONAVENTURE / AFP

Cette fois-ci devrait être la bonne. La plate-forme de streaming musical Deezer avait tenté en 2015 une introduction en Bourse avant d’y renoncer à la dernière minute en invoquant des « conditions de marché » défavorables. I2PO, codétenu par Artemis, la holding de la famille de François Pinault – le fondateur du groupe de luxe Kering –, le banquier d’affaires Matthieu Pigasse (actionnaire à titre individuel du Monde) et Iris Knobloch, l’ex-patronne de WarnerMedia, a conclu avec Deezer « un accord définitif de rapprochement » en vue de sa cotation en Bourse, sur Euronext à Paris, fin juillet. L’annonce a été faite lundi 18 avril. I2PO est une SPAC, une entreprise lancée pour lever des fonds et entrer sur une place boursière, avec le projet d’acheter ultérieurement une entreprise non cotée dans un secteur défini à l’avance. Dans ce cas, le divertissement.

Deezer revendiquait 9,6 millions d’abonnés fin 2021 et un catalogue de 90 millions de titres

Petit concurrent de Spotify (le numéro un mondial annonçait 172 millions d’abonnés fin octobre 2021) et d’Apple Music (60 millions mi-2019, selon les derniers chiffres disponibles), Deezer en revendiquait 9,6 millions fin 2021, qui piochent dans un catalogue de 90 millions de titres. Cette opération de fusion, qui devrait être bouclée fin juin avant une entrée en Bourse un mois plus tard, valorisera Deezer à 1,05 milliard d’euros.

« Il ne s’agit pas de faire la course avec Spotify », affirme Iris Knobloch, mais bien de profiter du potentiel de croissance du streaming musical. Un marché florissant dont le taux de croissance annuel moyen s’est envolé de 28 % entre 2016 et 2020. Bien davantage que les performances de Deezer, dont le chiffre d’affaires n’a crû que de 5,5 % entre 2020 et 2021 pour atteindre 400 millions d’euros. Mme Knobloch estime que le taux de pénétration des abonnés au streaming musical devrait passer en France de 18 % en 2020 à 30 % en 2027.

 

Deezer reste encore dans le rouge

« Le rapprochement avec I2PO permettra d’accélérer la croissance de Deezer, dont l’ambition est de réaliser un chiffre d’affaires d’un milliard d’euros d’ici 2025 » et « d’atteindre la rentabilité opérationnelle », assure le communiqué. La plate-forme Deezer, fondée en 2007 par Daniel Marhely, devenue l’une des premières licornes françaises, reste encore dans le rouge, avec une perte d’exploitation de 120 millions d’euros en 2021.

A l’issue de l’opération, I2PO sera renommée Deezer. « La société issue de cette fusion disposera des fonds d’I2PO, notamment ceux détenus sur son compte séquestre ouvert lors de son introduction en Bourse, soit 275 millions d’euros », précise la SPAC. S’y ajouteront des fonds levés dans le cadre d’une augmentation de capital réservée à certains investisseurs, comprise entre 135 millions et 150 millions d’euros.

La plupart des actionnaires actuels de Deezer suivront l’opération. C’est le cas du principal d’entre eux, Access Industries (qui détient aujourd’hui 43 %). La société de Len Blavatnik, citoyen américain depuis plus de quarante ans, né en Ukraine, contrôle aussi la troisième major mondiale, Warner Music. En ces temps de traque des oligarques, Access Industries a récemment assuré que M. Blavatnik « n’a aucune implication dans la politique russe ou dans le gouvernement russe. Il ne figure pas actuellement et n’a jamais figuré sur une liste américaine, britannique ou européenne d’individus sanctionnés ou de personnes faisant l’objet de sanctions économiques ».

 

Poursuivre la stratégie de développement

Sa participation dans le capital de Deezer sera diluée, tout comme celles des majors musicales Sony, UMG, Warner Music, mais aussi celles d’Orange, de Kingdom Holdings, d’Eurazeo ou encore de Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde). En revanche, de nouveaux investisseurs arriveront dans le tour de table, comme Groupe Artémis, Bpifrance ou Media Participations. Le quatrième éditeur français, très présent dans la bande dessinée, et déjà diversifié dans la presse, l’audiovisuel, le multimédia et les jeux vidéo, signe ainsi son entrée dans le monde musical.

L’intégralité des sommes débloquées par ces opérations financières permettra de poursuivre la stratégie de développement de Deezer, notamment en renforçant sa position à l’international, au Brésil, où le groupe est déjà bien installé (avec 2,7 millions d’abonnés), mais aussi au Royaume-Uni, en Italie, en Espagne et aux Etats-Unis. Avec toujours en ligne de mire l’idée de conclure d’abord des partenariats, comme avec Orange, la FNAC, SFR par exemple en France, mais aussi avec TIM Celular au Brésil et tout récemment RTL en Allemagne, avant de proposer directement des abonnements aux amateurs de musique.

Jeronimo Folgueira, directeur général de Deezer, parie sur les innovations propres à la plate-forme, comme la très bonne qualité sonore, les playlists personnalisées selon l’humeur des auditeurs ou encore la possibilité de traduire les chansons pour fidéliser de nouveaux abonnés. Contrairement à Spotify, Deezer ne se lancera pas dans une course aux podcasts. « Notre but est de proposer une offre très différenciée de celle de nos concurrents », ajoute-t-il.

Grâce à cette opération, Iris Knobloch pourrait empocher, dans le meilleur des cas, une rétribution exceptionnelle de 2,7 millions d’euros. Avant de prendre la présidence du Festival de Cannes pour succéder en 2023 à Pierre Lescure à ce poste prestigieux mais non rémunéré.

 

Nicole Vulser

 


On y apprend notamment que Deezer compte 2,7M d’abonnés au Brésil.

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Vous n'êtes toujours pas habitués à la comptabilisation du streaming ?

 

Préparez-vous psychologiquement pour la prochaine évolution à venir ...

 

La comptabilisation des NFT par les Anglais ! :lol:

 

Citation

Today the Official Charts Company has approved the first-ever inclusion of an NFT product towards sales on the UK's Official Albums Chart.

British band The Amazons will launch their new album with a 'Digital Boxset Edition' of the vinyl record, which includes extra content delivered digitally as an NFT.

This is the very first time that an NFT can contribute towards the UK charts, an exciting development in the ever expanding digital universe of music. 

Martin Talbot, CEO of the Official Charts Company, said of the historic first: "We are delighted to approve this first ever NFT for Official Albums Chart inclusion, it is an incredibly exciting moment for the chart and the UK music scene.

 

"As far as we are aware, this is the first release to include an NFT component to achieve chart approval anywhere in the world – so congratulations to The Amazons for this fantastic first.

"The UK’s Official Charts have always strived to evolve as music fans change how they buy and consume their favourite music, and this is another example of how we have always sought to reflect the pioneering spirit of the music industry and, in particular, the UK scene.”

An NFT (non-fungible token) is an entirely digital asset that represents real-world objects such as music or art. NFTs can be bought and sold online via cryptocurrency - it is a non-interchangeable unit of data stored in a blockchain. 

 

The NFT offering included with the sale of the new Amazons record will include one animated unreleased photograph taken from a key moment of the band’s past. Each purchaser will receive the same image for the first drop, another for the second and another for the third. 

This animated photograph will serve as a fan pass to further, exclusive content and will initially be non-tradeable. The Amazons will oversee three drop periods over the coming months, leading up to the album's release on September 2nd.

The Reading band have enjoyed two UK Top 10 albums to date with The Amazons and Future Dust. See The Amazons' full UK chart history.

Keep your eyes peeled on OfficialCharts.com for more developments on this historic UK chart moment.

 

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  • 1 mois après...
  • 1 mois après...
il y a une heure, CHUT ! a dit :

30% des écoutes des nouveautés françaises seraient des faux streams. Faites les comptes.... 30% de gains volés aux artistes qui ne trichent pas. Comme dorénavant le "talent" est  jugé par des algorytmes, invisibilité totale de musiciens qui pourraient apporter une diversité et omniprésence d'un seul genre. Tristesse... 

 

Depuis le temps que cela parle de faux streams/tricheries et j'en passe, personne a réussi à avoir une preuve formelle de ses faits et pas juste se contenter de rumeurs ou de "on dits".

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il y a 50 minutes, CHUT ! a dit :

Ce ne sont pas des rumeurs sauf que c'est trés compliqué de trouver qui a acheté les streams entre l'artiste qui dit "c'est pas moi", le manager qui dit "c'est pas moi", le label qui dit "c'est pas moi". Et puis un peu de sérieux, comment expliquer que des boites te proposent d'en acheter si personne ne les achète ? Comment expliquer les données aberrantes de provenance de ces streams ? Comment expliquer que sur un compte spotify, on se retrouve avec une liste d'artistes qu'on aurait soit-disant streamés alors qu'on les connait pas et que c'est à l'opposé de nos goûts musicaux si ce n'est du piratage de comptes premium ? La preuve formelle est impossible puisque l'artiste peut dire "moi je sais pas  c'est peut-ètre un fan, mon oncle, mon voisin'.

Tout le milieu sait que c'est courant et tant qu'on appliquera pas l'user centric, les artistes ne seront pas protégés de cette gale. 

 

Le phénomène est récurrent à tous les pays ! L'homogénéité des artistes rap/urban/Skyrock compatibles n'est pas l'apanage exclusif de la France.

 

A un moment donné, il va falloir se rendre à l'évidence que le public que nous étions il y a 10/15 ans a vieilli.

 

Va faire un tour dans les concerts gratuits et tu verras que des La Kiffance, Bande Organisée, Suavemente et autres Clic Clic Pan Pan, tout le monde les connaît par cœur dans la jeunesse d'aujourd'hui et que tu te prendras un bon coup de vieux dans la gueule. :lol: 

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il y a 13 minutes, CHUT ! a dit :

C'est pas du tout le problème, c'est juste que peut-être avec un peu plus de visibilité, d'autres courants musicaux pourraient parvenir à leurs oreilles. 

 

TikTok et depuis peu Stranger Things ont déjà fait des miracles. Il faut juste un plus de temps pour que cela soit diversifié. :)

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Il y a tellement de ménage à faire dans les tops français, sérieusement...

 

Déjà, qu'on permette aux "vieux" albums de se classer. C'est une aberration totale de les exclure. Il n'y a qu'à voir au Royaume-Uni et aux USA le nombre de vieux albums qui, grâce au streaming et aux ventes vinyles, retrouvent une jeunesse.

A part le top 10, le top albums n'est très probablement même pas représentatif de ce qui se vend réellement. Je ne serais même pas étonné qu'à la manière d'Oasis, Queen, Elton John et ABBA au Royaume-Uni par exemple, les best of de Goldman, Johnny, Céline Dion, Queen et même des albums comme Racine Carré, Random Access Memories, Nevermind ou Back to Black soient encore de solides vendeurs chez nous. Le problème, c'est qu'on a rien pour le vérifier (à part les tops FNAC et Amazon France quoi).

 

Le site du SNEP est mal branlé, on frôle presque l'amateurisme.

Exemple au hasard :

naps.png

1ère lecture : "Cet album passe sa 1ère semaine dans le top." Or, il était #5 la semaine dernière et a peaké #2 donc c'est a minima sa 3ème (si ce n'est davantage) semaine dans le top, non ? J'essaie encore de comprendre... ?

 

Et puis les mecs du SNEP sont fans de classique et de jazz ? :lol: C'est sympa de proposer ce classement mais je ne comprends toujours pas pourquoi ces genres là et pas d'autres. Quand tu déroules la liste des tops consultables et que tu tombes sur eux, ça fait très "trouvez l'intrus".

Pourquoi ne pas avoir pensé à mettre un top catalogue ? puisque les albums "de plus de 3 ans" sont éjectés du classement officiel.

 

Quant aux certifications, je n'y comprends pas grand chose. Ils ne certifient que les albums/morceaux sortis ces dernières années ? Quid des autres ? Tant pis pour eux ?

Et puis les seuils de certifications, merci mais non merci. Le Diamant est à "50M équivalents streams", pardon mais ça ne me parle tellement pas ! :lol: La conversion en nombre d'exemplaires, beaucoup plus mais 333,333 exemplaires, on dirait du troll quoi.

Même si les seuils UK sont un peu trop bas à mon goût (tous les tubes dépassent désormais le million au bout de quelques mois, mouais), c'est plus clair avec un chiffre rond : ton single est Or pour 400k, point. Et pas 444,444 exemplaires par exemple. :lol: Et au moins, l'OCC a eu le courage de tout remettre à plat en 2013 avec le rattrapage, parfois, de sacrées vieilleries mais au moins, équité totale. Tout le monde est depuis logé à la même enseigne.

 

Parfois, j'aimerais postuler au SNEP pour remettre un peu d'ordre parce que là, c'est pas très sérieux, franchement.

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Il y a 3 heures, Drew a dit :

Déjà, qu'on permette aux "vieux" albums de se classer. C'est une aberration totale de les exclure. Il n'y a qu'à voir au Royaume-Uni et aux USA le nombre de vieux albums qui, grâce au streaming et aux ventes vinyles, retrouvent une jeunesse.

 

Le Royaume-Uni n'est pas non plus irréprochable, ils ont tout de même exclus les BOs parce qu'ils squattaient un peu trop le top 5 par rapport aux albums studio. :ninja:

 

Il y a 3 heures, Drew a dit :

Même si les seuils UK sont un peu trop bas à mon goût (tous les tubes dépassent désormais le million au bout de quelques mois, mouais), c'est plus clair avec un chiffre rond : ton single est Or pour 400k, point. Et pas 444,444 exemplaires par exemple. :lol: Et au moins, l'OCC a eu le courage de tout remettre à plat en 2013 avec le rattrapage, parfois, de sacrées vieilleries mais au moins, équité totale. Tout le monde est depuis logé à la même enseigne.

 

L'OCC n'a pas fait changer ses seuils de certification, ce qui fait qu'ils peuvent certifier des "anciens" titres/albums. Là où le SNEP a changé à plusieurs reprises ses seuils de certification. S'il y aurait eu rattrapage, les disques d'or single dans les années 80/90 seraient quasiment tous diamant dans le système actuel.

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Tu bosses pour le SNEP pour toujours les défendre ou...? :lol: 

Quand je parle de rattrapage, je parle des singles/albums qui sont probablement sous-certifiés. Par exemple, Get Lucky de Daft Punk a été certifié pour 250k (hors streaming) en 2013 (l'année de sa sortie). Alors OK, ça correspondait à un Disque de Diamant, c'est le plus haut niveau mais il a probablement dû franchir les 500k (fredo avait estimé les ventes à plus de 400k début 2015 et, de mémoire, il tenait seulement compte lui aussi des ventes pures). Là, depuis 2018, le Disque de Diamant équivaut à 50M "équivalents streams" (truc qui veut rien dire au passage :lol: ) mais concrètement, ça équivaut à quoi ? 333k ? 400k ? 500k ?

 

Autre exemple : Bohemian Rhapsody (single) de Queen.

J'ai fait une recherche sur le site du SNEP et rien, que dalle. Le morceau n'a jamais été certifié. Preuve qu'il y a aucune update de vieux titres car ça me paraît bizarre que, depuis le temps, il n'ait jamais franchi ne serait-ce que les 75k (seuil pour le Disque d'Or en 2013). 149 semaines de présence dans le top singles dont 3 mois dans le top 30 en 1992 (époque où on achetait des singles par palettes chaque semaine mais bon, peut-être pas suffisamment dans son cas néanmoins pour atteindre les 250k, seuil Or de l'époque bien sûr).

Après, peut-être que je me trompe et qu'en effet, le single est à genre 50k (ventes physiques de l'époque + streaming).

Mais sait-on si le SNEP fait du rattrapage pour tous les vieux albums/singles pré-2018 qui ont enfin atteint un seuil (ou franchi un seuil supérieur) ou alors ils s'en balec ? Auquel cas ça ne profite qu'aux artistes de l'ère streaming

 

En revanche, je te rejoins sur l'exclusion des BO du top UK. C'est complètement con sachant que celle de The Greatest Showman notamment a été un énorme carton (et continue de se vendre).

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  • 4 semaines après...
  • 2 semaines après...

Article de Télérama assez étonnant sur le "succès" durable du ... CD :

 

Révélation

 

Le CD, quarante ans tout rond, et un succès qui ne se dément pas

Un temps fragilisé par le regain du vinyle et par la pratique massive du streaming, le Compact Disc, facile d’usage et abordable, conserve les faveurs du public.

«Pas de microsillon, un disque inusable de 12 centimètres. Pas de frottement d’un diamant, le son pur, inaltérable du rayon laser », promet la publicité, en 1982. Quarante ans plus tard, le Compact Disc, avec ses reflets irisés, ne serait-il plus bon qu’à jouer les épouvantails à oiseaux ? Présenté comme une révolution technologique, le disque laser, comme on l’appelait aussi, a rapidement conquis le marché dans les années 1990 pour connaître son heure de gloire au début de la décennie suivante.

Sa santé s’est hélas révélée plus fragile qu’on ne le pensait : sensible aux rayures comme aux sursauts du temps. Face à la déferlante du streaming et à la résurgence du vinyle, jugé plus noble, son déclin devint inexorable. En 2020, les ventes de CD en France ont atteint leur plus bas niveau depuis l’arrivée du support en 1983. Aux États-Unis, le vinyle l’a même dépassé l’année dernière.

Mais à l’image de son lecteur parfois capricieux, l’histoire du disque compact aime les sautes inattendues. Et pour ses 40 ans, il s’offre un regain de vitalité. Selon le Snep, garant de la comptabilité du secteur de la musique en France, les ventes de CD sont reparties à la hausse sur les douze derniers mois. Idem aux États-Unis, comme au Canada.

À la faveur d’une pandémie de Covid qui a mis les usines de pressage de vinyle à l’arrêt, suivie d’une pénurie de polymères, matériaux indispensables à leur fabrication, le CD s’est imposé en valeur refuge. Plus simple et rapide à produire, et bien moins coûteux aussi (1 euro, contre 4 ou 5 pour un vinyle), il attire de nouveau les maisons de disques et notamment les labels indépendants, pour remplir les bacs des disquaires.

« Je n’ai jamais cru à la disparition du CD », se félicite Christophe Sauter, un taulier de l’industrie du disque, aujourd’hui directeur commercial chez Because Music, l’écurie des Rita Mitsouko, Justice ou Charlotte Gainsbourg. « On a omis le besoin persistant de posséder une œuvre physique. Pour les amateurs de musique, une bibliothèque MP3 s’avère certes fort pratique, mais sans charme. »

Les ventes de CD, même en déclin, n’ont jamais frisé le néant, loin de là. Disquaire indépendant du 11e arrondissement de Paris, Christophe Ouali confie réserver un tiers de son espace aux CD, contre deux tiers aux vinyles. Dans une grande enseigne culturelle comme la Fnac, le ratio reste même en faveur du CD, qui représente encore 60 % des ventes physiques, contre 40 % pour le vinyle.

Depuis 2021, la flambée des prix de ce dernier support, liée à une demande croissante ainsi qu’à l’opportunisme des majors du disque (Universal, Warner et Sony), responsables de tarifs démentiels sur les rééditions comme sur les nouveautés, a renforcé le CD. « Les gens font le calcul : contre un vinyle à 30 euros d’Adele ou Black Sabbath, ils peuvent acheter deux, voire trois CD », estime Christophe Ouali.

Et le regain d’intérêt pour le compact ne concerne pas seulement les mélomanes avertis, attachés au support physique. « Depuis trois ans, on constate un engouement chez les moins de 25 ans », ajoute Stéphane Henninot, grand patron de la musique à la Fnac. Notamment chez les fans de K-pop, la pop commerciale sud-coréenne, qui achètent les albums de leurs groupes favoris sous tous les formats, sans même se soucier de disposer d’un lecteur.

Les scores actuels demeurent pourtant anecdotiques face à la grande époque du CD et à l’année 2002, son sommet inégalé. Une ère dorée où, devenu le format de référence de la musique enregistrée, il avait éradiqué le vinyle et se vendait par dizaines de millions, entre 15 et 20 euros l’unité. L’industrie de la musique engrangea alors des profits inouïs et parapha des contrats en dizaines de millions de dollars.

« Phénomène de masse, le CD a permis la démocratisation de nouveaux genres musicaux tels que le rap, l’électro, le rock indé ou la musique du monde, auparavant réservés aux initiés », analyse Christophe Sauter. En août 1982, lorsque le premier disque compact sort des presses de l’usine Polygram à Hanovre, l’industrie rechigne pourtant à embrasser le futur, rétive à l’idée de devoir reconfigurer ses chaînes de production.

Fruit d’une collaboration inédite entre Philips et Sony, deux firmes concurrentes, le Compact Disc, ou « dense microsillon à faisceau de lumière cohérente » selon son nom savant, naît grâce aux travaux de deux personnages clés, l’Américain James T. Russell et le Japonais Norio Ohga, au milieu des années 1960.

Très vite, leurs débats tournent autour de la taille et de la contenance du support. Selon Ohga, un CD doit pouvoir recevoir la 9e symphonie de Beethoven dans son entièreté. Sa durée est donc fixée à 74 minutes, soit presque deux fois celle d’un vinyle. Les professionnels apprécient le son pur et cristallin, comme la discrétion de cette petite galette en plastique de 12 centimètres de diamètre, où la musique, retranscrite digitalement sous forme de bits, des suites de 0 et de 1, est lue par un laser sans souffle ni craquements.

« Mais ils sont surtout impressionnés par le lecteur CD, ce petit boîtier qui s’ouvre et se ferme tout seul », se rappelle Steve Knopper, auteur d’Appetite for Self-Destruction (2009), un récit sur l’épopée du format. Les sceptiques restent pourtant majoritaires. Rassemblés au sein du collectif Musicians Against Digital, nombre de musiciens critiquent un format jugé sans âme, à l’opposé de la chaleur du vinyle et du son analogique : « L’esprit y croit, mais le cœur est triste », déplore l’un d’eux, le dénommé Neil Young, vingt ans avant sa croisade contre le MP3.

Lorsque sortirent, en octobre 1982, les deux premiers CD pressés au monde – Symphonie alpestre, de Richard Strauss, par l’orchestre philharmonique de Berlin et The Visitors d’ABBA – la fièvre avait pourtant pris rapidement. Début 1983, le CD débarque en France et malgré le prix élevé du support (jusqu’à 200 francs, soit l’équivalent de 30 euros), qui en fait un produit pour mélomanes fortunés et amateurs de classique, les ventes de lecteurs s’envolent. Aux États-Unis, le magazine Rolling Stone pose la question : « Le CD va-t-il ringardiser le vinyle ? ». Brothers in Arms, de Dire Straits, devient le premier album à atteindre le million de ventes dans le monde, en 1985.

Le basculement définitif s’opère en 1991, lorsque les vinyles, dont les ventes s’écroulent, commencent à disparaître des bacs. Avec près de 66 millions de copies écoulées, Thriller de Michael Jackson, reste à ce jour le plus grand succès associé au CD. « L’histoire de ce support n’est pas terminée  », veut croire Christophe Ouali. Preuve de son immortalité programmée ? En mai dernier, Apple a annoncé la disparition de l’iPod, son célèbre baladeur MP3, lancé en 2001. Un concurrent tenace, tombé sous les assauts de l’écoute en ligne, comme du rayon laser.

Jean-Baptiste Roch

 

 

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