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mardi 13 février 2024 15:23

Zkr en interview : "Un mec comme Jul mérite largement d'être là où il est"

Par Guillaume NARDUZZI | Journaliste
Le rappeur roubaisien Zkr vient de signer un retour savamment orchestré avec sa nouvelle mixtape, la bien nommée "Mode opératoire, vol. 1". L'occasion pour lui d'affirmer un peu plus son ADN de rappeur exigeant en studio mais toujours très proche de son public. Rencontre.
Crédits photo : Purecharts
Propos recueillis par Guillaume Narduzzi.

Hello Zkr ! Tu viens de sortir ta nouvelle mixtape "Mode opératoire, vol. 1". Comment s'est passé le processus d'écriture pour ce disque ?
Comme d'habitude, c'est-à-dire à l'instinct. Au fur et à mesure, j'écris des sons. Un jour je me réveille, j'ai une vision, j'ai un nom. C'est ce qu'il s'est passé. C'est un travail assez vaste. Je ne me mets pas de limite. J'essaie de bosser au maximum, de faire des sons et après je choisis.

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Tu parles d'une "vision". Comment ça s'exprime concrètement ?
J'ai un nom, j'ai un univers... Je ne sais pas trop comment t'expliquer. Un beau jour, j'ai un nom. Je l'aime bien, je le garde dans ma tête. Je commence à en parler autour de moi. C'est à l'instinct. Mais "Mode opératoire", je le savais déjà. Après "Caméléon" (2022), je savais déjà que le prochain projet serait "Mode opératoire".

Qu'est-ce qui t'a inspiré pour cette mixtape ?
Je ne me suis pas pris la tête plus que ça. C'est seulement moi, moi et moi. Parce que j'estime que j'ai fait deux albums assez bien écrits. Là, je voulais une fenêtre un peu plus rap dans ma carrière. Et celui-là, c'est un peu moins pour les chiffres. À la base, je fais la musique pour moi et celui-là je l'ai fait pour moi en fait. Et quand je fais pour moi, je fais aussi pour mon public parce que je sais qu'on a la même vision.

J'ai un certain niveau d'exigence
C'est un projet assez dense avec 16 titres et deux bonus pour la version streaming. T'as enregistré combien de morceaux au total ?
À peu près une trentaine, 35, 40... Mais ce n'est pas vraiment pour ça que je fais des morceaux. Il y a des sons quand je les fais, j'aime bien, mais je sais déjà que j'ai un problème avec l'instrumentale.

Tu es notamment réputé pour ton écriture. Comment tu travailles tes textes ?
C'est beaucoup de travail en amont, tout ce que j'ai fait dans ma vie je pense. Et aujourd'hui ça se mélange avec un certain niveau d'exigence. Je suis connu plus par mes écrits que par autre chose. Le problème, c'est que maintenant je dois essayer de faire mieux ! C'est compliqué parfois. Sur celui-là, j'ai beaucoup changé de phrases, jusqu'au dernier rendu. Je me disais : « Ah merde, je n'ai pas changé ça, ça je n'aime plus, etc. » Et encore même maintenant, je me dis que j'aurais pu faire des modifications. Tu crois toujours que tu as le temps... jusqu'à ce que les dates soient annoncées, et finalement tu cours après le temps. (Rires)



Tu demandes conseil à tes proches parfois ?
Ça peut arriver. Généralement, quand je demande à quelqu'un, c'est que j'ai deux phrases en tête. Et je vais demander l'avis à mon pote, ce qu'il préfère, ce qui est le plus compréhensible, le sens d'une phrase... Mais ça va, je pense que j'ai encore assez de recul pour savoir ce qui est bien ou pas.

Plus le temps passe, plus je suis polyvalent
On t'a découvert sur de nouveaux registres récemment, comme pour "TP dans le froid" avec Le Rat Luciano sur l'album de Jul "Décennie". Tu te considères comme un rappeur polyvalent ?
Assez quand même, mais j'aspire à toujours être meilleur. Plus le temps passe, plus je suis polyvalent. Là, je suis revenu plus rap parce que c'est ce qui m'anime de base. Mais ouais, je peux tout faire.

Tu aimerais améliorer quoi ?
Des placements, des trucs... Des fois, tu as l'impression de t'entendre. Ce sont des ressentis personnels, ça ne dérange pas forcément les gens, parce que c'est ton ADN. Mais je pense que c'est un mélange de tout : il faut garder ton identité et changer deux ou trois détails pour évoluer.

Comment tu abordes la sortie de ce nouveau projet ?
Serein. Après, je sais que ça va faire des chiffres, je te dis la vérité. Donc serein. C'est seulement maintenant que je comprends que 14.000 en une semaine, c'est incroyable. Mais au début, je ne comprenais pas. Je commence à rentrer un peu dans tout ça mais c'est pour ça que j'ai envie de m'en écarter, c'est pour ça que je suis revenu avec une mixtape davantage tournée vers le rap.




Comment s'est passé l'enregistrement de "Baby Glock" avec Jul ?
Ça s'est fait naturellement. J'ai reçu un message un jour parce que j'avais envoyé deux ou trois bouteilles à la mer à son entourage. Il m'a envoyé un message, m'a dit de venir si je pouvais. C'est là qu'on a fait un son à trois avec Le Rat Luciano. Ça tue, c'est incroyable, une bête d'expérience. Et entre-temps, on est resté plusieurs jours ensemble donc on a fait plusieurs sons. Tu mets une instrumentale, tout le monde écrit hyper rapidement. Sans compter les mesures, c'est incroyable.

Justement outre Jul, on retrouve Werenoi, Zed, Lesram ou encore Freeze Corleone avec "Beterbiev" sur le disque. Comment tu as choisi tout ce beau monde ?
C'est un choix du coeur. Ce n'est pas une question d'ambition ou de chiffres. Après, certes il y a des gros, mais c'est la vie. Quand on devient gros soi-même, on peut avoir accès à ces gens-là et on les met sur le projet. J'ai envie, je kiffe leur son et ça me fait plaisir de ramener de rapper avec tous ceux qui sont sur la mixtape.




80% des rappeurs français ne savent pas freestyler
Avant la sortie du disque, tu as dévoilé le 13ème volume de ta série de "Freestyle 5min". Pourquoi l'avoir continuée ?
Déjà, je pense que je l'ai finie maintenant. Je pense que le 13 sera le dernier, on verra. Ça me tient à coeur parce que c'est emblématique, ça a fonctionné sans qu'on s'attende à ce que ça marche autant et comme tu dis à la base, c'était juste pour se développer, pour se faire connaître un peu plus, pour sortir du contenu. J'ai compris que les gens pétaient leur tête parce que je rappais pendant cinq minutes. Sans arrogance ou quoique ce soit, c'est banal pour moi.

Tu considères que le freestyle, c'est encore la meilleure école qui soit dans le rap aujourd'hui ?
Oui, de loin. Je pense que 80% des rappeurs français ne peuvent pas faire de freestyle et ne savent pas freestyler. Et ce n'est pas une attaque. C'est pour ça que tu me parles de Lesram, tu me parles de Jul... On s'en fiche de qui est au-dessus de l'autre. Ce sont des vrais rappeurs. Un mec comme Jul mérite largement d'être là où il est. Lesram, il mérite beaucoup plus que là où il est aujourd'hui.

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