Crédits photo : Abaca
Roger Waters vient de lancer sa nouvelle tournée, "This Is Not A Drill". Un show qui fera escale à l'Accor Arena de Paris puis au Stade Pierre Mauroy de Lille en mai 2023 qu'il présente comme sa première tournée d'adieu. « Ce titre est une blague, le genre de choses qu'un artiste proclame pour vendre des billets. Tout en continuant de donner des concerts jusqu'à sa mort. Charles Aznavour n'a jamais pris sa retraite il me semble ? » commente l'ancien Pink Floyd dans une récente interview accordée à Paris Match. Il faut dire qu'à son habitude, le musicien anglais propose un concert aussi spectaculaire que chargé de messages politiques. Chaque show débute d'ailleurs par la phrase "Si vous n'aimez pas les idées politiques de Roger, barrez-vous maintenant" : « J'ai le sentiment qu'une majorité du public comprend ce que j'ai à dire, accepte l'idée que l'on est ensemble dans cette galère et qu'il faut être capable d'aider la femme noire sans abri qui dort dans la rue comme le réfugié syrien. Ce qui me surprend, c'est aussi la capacité des gens à réagir positivement face à l'histoire que je présente ».
Des propos polémiques sur l'Ukraine
Sauf que cet engagement fait aujourd'hui polémique. Dans une lettre ouverte publiée début septembre, Roger Waters demande autant à Vladimir Poutine de mettre fin au conflit avec l'Ukraine qu'à l'Occident d'arrêter de fournir des armes à l'Ukraine, pointant du doigt le fait que Volodymyr Zelensky tolère un « nationalisme extrême ». Ce à quoi Olena Zelenska, épouse du Premier ministre ukrainien, avait répondu au chanteur : « Vous feriez mieux de demander au président de la fédération de Russie de faire la paix. Non pas à l'Ukraine ». Des propos jugés complaisants envers la Russie qui ont conduit les deux concerts du chanteur prévus les 21 et 23 avril prochains à Cracovie (Pologne). « Le manager de Roger Waters a décidé de se retirer, sans donner aucune raison » a déclaré Łukasz Pytko, spécialiste de l'image du Tauron Arena, la salle de Cracovie où devaient avoir lieu les shows.
De son côté, Lukasz Wantuch, un des membres du conseil municipal de Cracovie, a appelé au boycott des concerts et la mise en place d'une motion pour que l'artiste soit "persona non grata" en Pologne. Ce qui a fait sortir Roger Waters de ses gonds. Dans une autre lettre ouverte, l'interprète de "Another Brick In The Wall" assure qu'il n'est pas à l'origine de l'annulation des deux concerts. Il s'en prend d'ailleurs à l'homme politique polonais : « Bien que ce type semble ne rien savoir de mon histoire, mon travail, toute ma vie (...) il a, dans un article paru dans un journal local, exhorté les braves gens de Cracovie à ne pas acheter des billets pour mon concert. Pas très démocratique monsieur ? ».
Rada Miasta Krakowa jednogłośnie ws. persona non grata: nie chcemy w Krakowie osób, które wpisują się w wojnę informacyjną po stronie Rosji i popierają lub powielają propagandę Putina. Tak kazała przyzwoitość i tak nakazywała polska racja stanu. pic.twitter.com/xNQF2hlnZy
— Michał Drewnicki (@MichalDrewnicki) September 28, 2022
"Des mesures draconiennes"
« Si Monsieur Lukasz Wantuch atteint son objectif et que mes prochains concerts à Cracovie sont annulés, ce sera une triste perte pour moi car j'avais hâte de partager mon message d'amour avec les Polonais, ce que je fais depuis de nombreuses tournées que j'ai faites durant mes plus de 50 ans de carrière (...) Sa censure draconienne de mon travail ne leur permettra pas [aux Polonais] de se faire leur propre opinion » poursuit Roger Waters. Sauf qu'aujourd'hui, l'affaire prend une autre tournure car le chanteur a bel et bien été déclaré "persona non grata" à Cracovie. « Nous ne voulons pas à Cracovie de personnes qui prennent position pour la Russie dans l'information sur la guerre et soutiennent ou répètent la propagande de Poutine » a déclaré Michal Drewnicki, vice-président du conseil municipal de la ville polonaise, qui dit que cette décision a été prise « à l'unanimité ». Ne manque plus qu'une nouvelle réponse de Roger Waters.