Crédits photo : DR.
Propos recueillis par Jonathan Hamard
Pas facile de se faire un nom et se frayer un chemin sur le devant de la scène ? Qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui on devient ou pas célèbre ?
Elfy Ka : Je crois au destin, à la bonne étoile… au karma ! Mais aujourd'hui les codes ont changé, le quart d'heure de gloire Warholien est dépassé. Je crois bien que le talent même importe peu, il suffit de savoir dire "Allo !" pour passer au "Grand Journal" (rires) !
Je dirai une bonne maison de disques, un distributeur… J'ai commencé ce nouveau projet en faisant tout à l'envers ! Pour l'instant ça me porte plutôt chance !
Ton album s'intitule "L dit". C'est pourtant toi qui t'exprimes à travers chacune de tes chansons ? Pourquoi employer la troisième personne du singulier pour présenter ton disque alors qu'il parle de toi ?
Justement le "L" peut être n'importe qui : toi, ta copine… ton meilleur ami !!! Quand on crée des chansons aussi personnelles on a besoin parfois de prendre un peu de distance… Ce "L" est là aussi pour dire que c'est un album qui peut parler et donc toucher le plus grand nombre.
De manière générale, l'essentiel de tes chansons parle d'amour. Un thème fédérateur pour toi ? Fais-tu part réellement de tes propres histoires personnelles, de ton expérience dans le domaine ?
L'amour c'est LE thème en ce qui concerne la création en général. Le moindre film parle d'amour, le moindre livre, quasiment toutes les chansons parlent d'amour ! C'était essentiellement une façon d'écrire et "marquer" des épisodes de ma vie importants. Je me suis inspirée sans tabou de rencontres, de situations vécues ces dernières années… Un moyen pour moi de m'en remettre.
L'amour nous fait apprendre tous les jours ? Peut-on un jour atteindre l'amour parfait ? Existe-t-il ou l'imperfection lui-t-elle est inhérente ?
L'amour nous fait vivre… L'amour peut nous porter, nous détruire ! L'amour est l'essence même de l'homme. A chacun son grand amour, à chacun sa croix...
Regardez le clip "L dit" d'Elfy Ka :
Tu es auteure-compositrice. Tu n'imagines pas chanter les mots de quelqu'un d'autre ? Tu pourrais écrire pour quelqu'un d'autre ?
Oh que si, cela me reposerait parfois (rire) ! J'ai commencé à chanter avec les mots des autres, c'est extrêmement agréable et précieux ! Je comprends qu'un artiste se laisse porter toute une vie sur une carrière d'interprète. Maintenant, j'ai l'écriture dans la peau depuis toujours, c'est un "besoin" d'écrire, parfois même une urgence, alors c'est aussi un grand plaisir de le faire pour mes propres titres, mais aussi pour les autres bien sûr !
L'album ne forme pas des petites histoires, mais plus des "épisodes" comme une série… Quand on écoute l'album, les titres s'emmêlent les uns aux autres, liés par ma voix parfois parlée. Pris séparément, les titres ressemblent à des chansons d'amour parfois rock, parfois mélancoliques, parfois folk ou encore romantiques… Il y en a pour toutes les humeurs et pour tous les goûts… ou presque (rires) !
Dans le titre "Héroïne", tu chantes "Je voudrais être héroïne". Si tu l'étais, que ferais-tu ? Que changerais-tu aujourd'hui en premier lieu ?
Si j'étais une héroïne je voudrais être une actrice ! Je voudrais être une Romy Schneider à l'affiche, une "Demoiselle de Rochefort", ou encore une religieuse chez Rivette.
Les visuels de ton disque sont très sensuels, voire érotiques dans ce qu'ils suggèrent. Est-ce volontaire ? Une manière de captiver l'attention ?
Je suis surprise… Si tu fais allusion à la pochette de l'album physique en édition limitée ce n’est pas vraiment ce qu'on voulait que ça évoque ; On avait envie d'une image qui marquerait "l'émancipation", la "renaissance", la "liberté" ! C'est peut-être parce que je suis pieds nus ? J’ai remarqué qu'effectivement un pied nu en disait beaucoup plus long qu'un bout de sein…
Considères-tu la provocation comme une arme/un atout pour vendre ?
Evidemment et encore plus au moment où Internet explose et qu'il faille toujours plus de "buzz", de "ragots", de "débordements". Mais attention, pour celles et ceux qui s'y frotte, il faut sacrément assumer après…
Comment envisages-tu l'avenir alors dans le contexte actuel ?
J'essaye encore, le plus loin que ma foi en ce que je fais me portera, de me battre, de défendre mon travail, de rencontrer d'autres partenaires qui voudront bien prendre le train en route… et lorsque je ne reconnaîtrai plus le paysage ou bien que je ne m'y sentirai plus à mon aise… BOUM ! Mais quand il y a de l'espoir…