Crédits photo : RudyWaks
Les chansons d'amour, Alex Beaupain a ça dans le sang. Tant mieux, le chanteur français en a fait son métier et a même été récompensé à deux reprises aux César pour ses bandes originales de films, réalisés par Christophe Honoré. D'ailleurs, son acolyte lui rend ici la pareille et met en musique "Baiser tout le temps". Sur "Après moi le déluge", l'artiste n'hésite pas à faire valser les clichés sur son répertoire, décrit trop souvent comme triste et déprimant, en nous réservant quelques surprises bienvenues. De quoi épicer ses compositions déjà espiègles et terriblement sincères. Pour autant, l'interprète de "Au départ" reste fidèle à ses premières amours et se met l'âme et le coeur à nu pour mieux nous raconter ses peines.
D'emblée, les notes de piano de la ballade dépouillée et déchirante "Je peux aimer pour deux" nous ouvrent les portes de l'univers mélancolique d'Alex Beaupain. Avec son texte ciselé sur le rejet et la dépendance affective, l'artiste pousse un véritable cri de désespoir et confirme ici son talent sur ce registre. Réussi de la première à la dernière note, le morceau pourrait décourager, il est vrai, les plus positifs d'entre nous. Une patte que l'on retrouve sur le mélancolique "En quarantaine" et ses trompettes, mais surtout "Grands soirs", piste phare bouleversante aux allures de questionnement sur le temps qui passe et l'usure dans le couple, même si sa mélodie se veut plus pop. L'amour déçu, encore et toujours, reste le sujet principal de l'album, comme en témoigne "Ça m'amuse plus", sur lequel l'auditeur retrouvera une touche plus vraie que nature du répertoire d'Alain Souchon, tant dans la malice des paroles que dans l'intonation de la voix. Troublant.
Re-découvrez le clip "Après moi le déluge" d'Alex Beaupain :
Mais Alex Beaupain n'est pas que ça et compte bien le prouver. Courageux et téméraire, le chanteur ne reste pas sur ses solides acquis et tente tant bien que mal de briser son image glaciale. Pour ce faire, il ose forcer le ton à plusieurs reprises... quitte parfois à se brûler les ailes. Là où l'artiste excelle lorsqu'il mêle déception sentimentale et égocentrisme sur le tempo enlevé d'"Après moi le déluge" - le pont aérien fait de synthés 80's est une excellente idée -, il ne parvient pas toujours à maintenir le même équilibre. Preuve en est sur "Contre le vent", composé par La Grande Sophie. Cette piste, à l'énergie rock, manque son effet sur les couplets à l'ancienne mais parvient heureusement à inverser la tendance sur ses refrains délicats. Autre bonne surprise, la présence de Julien Clerc qui appose (un peu trop ?) son cachet sur le bondissant et faussement je-m'en-foutiste "Coule". Dans la même veine, "Pacotille", devrait tourner en boucle.
