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lundi 03 décembre 2012 18:00

Cali : "Mon père aurait été très fier que j'écrive des chansons engagées"

Cali est de retour avec un nouvel album, "Vernet-les-Bains", dans lequel il dépeint sa condition d'homme romantique, assoiffé d'amour. Ecartant le fait politique de son chemin, et évitant de tomber dans l’écueil de l’éternel retour polémique sur fond de satyre sociale, Cali est reparti sur les traces de sa jeunesse, à Vernet-les-Bains, village où il a grandi. C'est là qu'il a retrouvé l'inspiration, après une décennie passée sur les routes sans vraiment prendre le temps de profiter de son entourage et des choses simples de la vie.
Crédits photo : DR.
Propos recueillis par Jonathan Hamard.

Pure Charts : Pour ce nouvel album, vous avez changé d'équipe. Vous ne travaillez plus avec EMI Music. Comment l'expliquez-vous ?
Cali : J'arrivais en fin de contrat chez EMI. J'étais ravi car ils ont fait du bon travail. Mais beaucoup de gens sont partis. Des personnes qui étaient proches, qui étaient là dès mes débuts et qui connaissent mon histoire. Il se trouve que ces personnes-là se sont retrouvées chez Wagram. Je suis donc allé chez Wagram, sur un nouveau label qui s'appelle Alva. Je suis d'ailleurs le premier artiste signé sur ce label. J'ai retrouvé une personne que j'appréciais beaucoup et qui m'a beaucoup aidé. J'avais besoin de ce côté "famille", de travailler avec des gens proches.

" J'ai écrit beaucoup plus de chansons sur l'amour que de chansons engagées "
L'accueil mitigé de votre précédent disque aurait pu être l'une des raisons de votre séparation avec EMI Music…
Non. Absolument pas ! Parce que sur quatre albums sortis chez eux, je pense qu'ils ont gagné beaucoup d'argent avec moi.

Qu'est-ce qui d'après vous peut expliquer l'accueil plus tiède que d'habitude réservé à votre dernier disque ?
Je suis très fier de ce disque-là, parce que j'ai voulu étaler quelque part tout ce qui me plait en musique. Tout ce qui me touche en matière musicale. La production était peut-être un peu trop rêche pour le format radio. Et puis, on m'a mis dans une case, que je trouve très bien soit dit en passant, d'artiste populaire, avec des chansons beaucoup passées en radio. Peut-être que ce disque ne répondait pas à ce qu'on attendait de moi à ce moment-là. J'ai eu d'un côté des critiques acerbes, et de l'autre des personnes qui ont adoré. J'ai eu les deux. Mais je ne reviendrais pas en arrière. Je m'attendais un petit peu à ça. Je ne l'ai pas cherché non plus, parce qu'on aime toujours quand un disque marche bien. C'est un enchaînement de choses aussi. Je n'ai pas eu la même visibilité médiatique. Je rencontre régulièrement des personnes qui me disent : "Ça fait longtemps qu'on n'a pas eu de nouvel album, pensant que le dernier, c'est "L'espoir"…". Mais j'ai l'impression que ça change. J'ai vu une campagne d'affichage dans le métro.

"La vie est une truite arc-en-ciel qui nage dans mon cœur", c'était un album aussi très engagé, ce qui n'est pas le cas de "Vernet-les-Bains". Pensez-vous aussi que les chanteurs dits "engagés" séduisent moins depuis quelques années ?
Je pense que c'est quelque chose qui plait moins, mais, en même temps, si je pèse le pour et le contre, je me dis que j'avais besoin de faire cet album-là. J'avais besoin d'écrire des chansons comme celles-là. Les chansons sont arrivées. Je ne les ai pas mises de côté en me disant que ça ne plairait pas aux gens. Et je crois même que je me serais déçu si je les avais laissées de côté. Bien sûr, je me suis engagé politiquement. Mais si on regarde l'ensemble de ma discographie, on voit bien que j'ai écrit beaucoup plus de chansons sur l'amour que de chansons engagées.

C'est pourtant celles qui font le plus de bruit ! C'est d'ailleurs assez surprenant, compte-tenu du contexte politique actuel, qu'on ne trouve aucune chanson véritablement engagée sur votre nouvel album "Vernet-les-Bains". On fait une overdose du fait politique, et rien sur un album de Cali. Comment ça se fait ?
J'ai été bavard. J'ai dit beaucoup de choses. Je pense aussi que c'est de ma faute. J'ai même été trop bavard. Les médias qui sont venus auprès de moi m'ont entraîné sur un terrain où finalement je ne faisais plus que parler de politique et de mon avis. Mon petit avis de chanteur ! Quand je me regarde, je me dis que je suis avant tout un chanteur, mais le propos, on l'a un petit peu oublié. Je n'ai plus mes parents. Mon père était très engagé politiquement. Et je suis sûr qu'il aurait été très fier que j'écrive ces chansons-là. Et puis le contexte est également très différent parce qu'il y a un avant et un après 6 mai. Comme vous l'avez dit, le fait politique est omniprésent… Je ne me suis pas dit qu'il ne fallait surtout pas parler de politique dans mon nouvel album. Encore une fois, les chansons sont arrivées. Elles n'en parlaient pas, tout simplement. J'ai voulu revenir aux sources, à mon enfance.

Crédits photo : DR.
L'intitulé de votre album n'est d'ailleurs pas anecdotique du tout puisque Vernet-les-Bains est le village ou vous avez grandi. Cet album, c'est un nouveau commencement ? Vous avez tout repris à zéro ?
Je crois. Oui. J'ai eu le droit et la chance de pouvoir faire tout ce que je voulais, musicalement parlant. D'aller au bout de mes envies. Ça fait dix ans que je suis sur la route. Dix ans qu'il se passe beaucoup de choses pour moi. Et quand je reviens dans ce village de Vernet-les-Bains, j'ai cette odeur d'enfance qui revient, qui me recentre. Je retrouve les anciens et les amis du village. Ça remet les pendules à l'heure en quelque sorte. En tout cas, ça me fait un bien fou ! Cet album, c'est comme un hommage que je rends à ce village qui m'a construit, à toutes les premières fois qui se sont faites là-bas. J'aime bien tout effacer. C'est assez rafraîchissant, l'idée de repartir à zéro !

" C'est assez rafraî- chissant l'idée de repartir à zéro "
Vous parlez effectivement d'amour sur ce disque. On le trouve dans chacune des chansons mais vous ne l'abordez pas de la même façon que par le passé. Il y a quand même une teinte de mélancolie et de nostalgie. Votre vision de l'amour a-t-elle changé ou est-ce tout simplement votre nouvelle manière de l'écrire et le chanter ?
Je suis sûr que ma vision a changé. C'est évident. Parce que, si on reparle encore une fois de mes albums précédents, je dirais que ce sont des polaroids de moi à un instant T. "Vernet-les-Bains" l'est aussi. J'ai cette vision mais elle n'est pas dramatique. Les mots que j'ai choisis sont peut-être un peu violents, mais l'amour est de toute façon violent. L'amour, c'est ce qui m'anime tous les jours et me détruit aussi tous les jours. J'ai besoin d'amour. J'ai besoin d'avoir quelqu'un qui m'aime à mes côtés. J'ai besoin de penser à quelqu'un tous les jours. La chanson "L'amour est éternel" me fait penser à des proches de mon village qui se sont rencontrés au lycée alors qu'ils n'avaient que seize ans. Aujourd'hui, ils en ont cinquante. Ils vivent toujours ensemble. Alors, bien sûr, il y a eu des hauts et des bas. Mais, ce que je trouve très beau, et je suis très admiratif, c'est le combat pour maintenir l'équilibre. Aujourd'hui, tout le monde se sépare pour un oui ou pour un non. Ce qui est beau dans l'amour, c'est le combat. Si on a un coup de foudre, ce n'est pas pour rien. On doit faire face aux difficultés et se soutenir. C'est le vrai combat d'une vie entière.

C'est vrai que les divorces sont de plus en plus fréquents et que les relations sont de moins en moins durables...
Je le constate également. Malheureusement ! L'intérêt, c'est le voyage. Se dire qu'on a quelqu'un à côté de soi qu'on peut aider ou qui peut nous aider, ça n'a pas de prix. La chanson "L'amour est éternel", c'est l'histoire d'une personne qui vit l'amour mais qui se questionne pour savoir quand est-ce que tout sera fini. Il ne veut pas que ça s'arrête mais, en même temps, s'interroge et forcerait presque l'autre à lui dire que c'est fini… Pour moi, tout ça est très positif.

Regardez le clip "L'amour est éternel" de Cali :



Le regret occupe également une grande place dans ce nouvel album. Regret au sens de nostalgie, du manque de ces moments vécus par le passé...
Bien sûr ! Quand on dit qu'on gagne en sagesse avec l'âge, moi je dis que c'était mieux avant. C'est mieux le moment où rien ne s'est encore passé, où le précipice est encore devant, où on est face à un mur et on se demande ce qu'il peut bien y avoir derrière. Je me souviens bien du jour où j'ai fait l'amour pour la première fois. Avant, on se dit des choses. Et après, on est une autre personne. Est-ce que le moment le plus beau, ce n'est pas celui où l'on se pose des questions, où on imagine ce qui va se passer avant que ça arrive ? Je crois que si ! Mais, en même temps, je ne veux pas dire que tout est fini. La vie est une longue quête pour retrouver de nouveaux instants comme celui-là. D'essayer de les recréer.

" Je n'ai pas envie d'être dans un discours régressif "
Peut-être qu'on se sépare beaucoup plus pour revivre ces moments-là justement. On ne veut que les bons côtés de l'amour, et laisser de côté les inconvénients du couple.
Oui. Il y a de ça je pense. C'est assez compliqué. En ce qui me concerne, c'est avec la chanson que j'arrive à recréer ces moments-là. Quand j'écris sur le passé, je cherche à revivre ces premières fois. Quand je revois mes amis d'enfance, qu'on dine ensemble et qu'on se rappelle nos souvenirs, ce sont de très bons moments (sourire). C'est tellement bon !

Vous proposez un final surprenant sur cet album, "Happy End", avec plusieurs artistes réunis sur un même titre, parmi lesquels Bénabar et Dominique A. Comment est venue l'idée de cette collégiale ?
Justement ! Pendant un diner avec des amis à Vernet-les-Bains. Mes amis m'ont dit que j'écrivais toujours beaucoup de chansons tristes et mélancoliques, alors que je ne suis pas du tout comme ça dans la vie de tous les jours. Ils m'ont incité à faire des chansons un peu plus gaies. On a ri avec tout ça. Et puis, finalement, j'ai répondu que je n'y arrivais pas. Je me suis dit que c'était une idée de chanson. Et qui mieux que mes amis chanteurs pouvaient être sur ce titre-là ? C'est donc Miossec et Dominique A qui me conseillent de chanter des titres plus gais alors qu'ils ne sont pas très bien placés pour me le dire ! (Rires) Je trouvais ça assez amusant...! "Vernet-les-Bains" n'est pas un disque triste. C'est juste un album plus doux et certainement romantique. Je voulais déplomber l'ambiance avec ce "Happy End". On peut même entendre ma petite fille dessus (sourire). C'est comme à la fin d'un film où on voit le bêtisier avec le générique. C'est de l’auto-dérision.

Crédits photo : DR.
Le métier est-il plus dur aujourd'hui qu'il ne l'a été auparavant ?
Je dirais qu'il a changé. Il y a une obligation quelque part envers le public. Je suis déjà beaucoup sur les routes, mais je crois qu'on devrait l'être encore plus si on veut être chanteur et musicien, et vivre de son métier. Evidemment, quand on regarde les chiffres, les rayons des magasins fondent d'année en année. C'est juste incroyable ! Partout les gens nous montrent comment télécharger, ce qui est quand même assez troublant. Mais je n'ai pas envie d'être dans un discours régressif. On est acteur de quelque chose qui est en train de se produire, et c'est à nous de trouver les solutions. Peut-être que dans cent ans, on se souviendra de celui qui a trouvé la solution pour repartir. Mais si ça continue dans cette direction, c'est terminé. Le métier est plus compliqué. Je suis arrivé avec "L'amour parfait", à une époque où ça allait encore. J'en ai vendu 600.000 exemplaires. Mais je pense aux nouveaux arrivants…! Aussi, à mes débuts, il y avait énormément de médias qui voulaient parler de musique. Quand je faisais la promotion de mes disques, on avait l'embarras du choix. Maintenant, si on veut jouer un live, il y a deux émissions. Il y a très peu de médias qui s'intéressent au disque.

Pensez-vous que les médias ne jouent pas leur rôle ?
" Le gouver- nement aura un rôle à jouer "
Tout le monde a un rôle à jouer ! Si on baisse les bras, qu'on se dit que c'est fini, que les gens n'achètent plus de musique, c'est la fin de tout. C'est dans ces moments-là qu'il faut se serrer les coudes. Au contraire ! Si ce n'est pas maintenant que tout le monde s'y met pour redorer le blason, ce n'est jamais plus ! Je fais beaucoup de promo. Je regarde ce qu'il est possible de faire, je me dis qu'il n'y a pas grand-chose.

C'est décourageant ?
Non. Pas vraiment. J'espère encore vendre quelques disques. Je retrouve toujours du monde à mes concerts. Mais il y a tous ceux qui arrivent derrière moi ! Les nouveaux, même avec le plus grand talent qui soit, je ne sais pas comment ils feront. C'est le meilleur moyen pour tuer la création musicale. Le gouvernement aura un rôle à jouer.
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