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mercredi 06 juin 2018 14:00

Princess Erika en interview : "Maintenant, je me fais surtout plaisir"

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
Alors qu'elle vient de sortir un nouveau single, "Délivrée", Princess Erika nous a accordé une interview dans laquelle elle revient sur sa carrière, ses projets futurs, son engagement mais aussi sur la polémique MMA.
Crédits photo : Bestimage
« Vendre des disques, c'est très dur aujourd'hui »
Votre dernier album date de 2011. Pourquoi avoir attendu si longtemps pour revenir à la musique ?
J'attends pas, je continue ! C'est vous qui m'attendez ! (Rires) Depuis "Juste Erika" j'ai participé à un collectif Vi(h)e Pluri-elles, pour lutter contre la non-information et pour aider les femmes d'Afrique subsaharienne. Puis j'ai fait une reprise de "Sur la route de Memphis" sous le nom "Sur la route du reggae". Mais c'était plus long car comme j'évolue en indépendant, le temps que je réunisse les fonds, que je cherche les producteurs musicaux... C'est plus long que quand on a une structure à notre disposition qui démarche à notre place. J'ai eu d'autres activités en plus : quand je fais six mois de "Camping Paradis" je ne peux pas forcément sortir un album derrière ! Je préfère prendre plus de temps afin de faire un album qui me satisfait entièrement plutôt que de me précipiter et après regretter. J'ai eu des succès, plus ou moins, mais maintenant je me fais surtout plaisir.

Aujourd'hui, peu sont ceux qui arrivent à gagner leur vie uniquement avec la musique. Qu'attendez-vous de ce nouvel album ?
Ma démarche est de faire un album musicalement à mon goût qui reflète tout ce que j'aime pour le partager avec les gens qui m'aime. Je ne suis pas dans le forcing et l'idée qu'il faut absolument vendre des disques, et je sais que c'est très dur aujourd'hui. Je diversifie mes activités même dans la musique, je cherche à ciseler mon travail pour qu'il me corresponde. Quand je fais mon album je cherche à toucher du public. Je me suis séparée de plusieurs producteurs pas très sérieux. Dans ce milieu, il y a beaucoup de gens qui veulent faire, avec de la bonne volonté mais qui n'ont pas la méthode donc je préfère le faire moi-même. Je suis mieux servi, je peux travailler quand je veux et sur la durée ! Il y a des gens avec qui je voulais collaborer qui n'était pas dispo au départ puis qui l'ont été par la suite. Je crois beaucoup au temps propice qui réunit les gens.

« Bob Marley est indémodable »
Sur le titre "Délivrée", vous samplez "Caution" de Bob Marley et vous vous entourez d'un des membres des Wailers. Est-ce une façon de retourner aux sources du reggae ?
Exactement ! Non seulement aux sources mais à la source première qui est Bob. C'est un artiste indémodable que j'écoute depuis toujours. Il se trouve que Tyrone, que je connais, était son claviériste et a dit oui. Il n'était pas dispo quand j'ai écrit la chanson. Mais quand j'ai eu un budget et l'équipe, c'est arrivé. Ça me réjouit parce que quand ça arrive, c'est dans les meilleures conditions. Quand on trime et qu'on arrive au résultat que l'on veut, c'est mon moment préféré ! On a enregistré avec un son très roots, très reggae. Je suis ravie d'avoir enregistré dans des endroits mythiques car ils ont une âme et apportent des vibes que l'on aurait pas eu ailleurs.

De quoi vous sentez-vous aujourd'hui délivrée ?
Du poids de la famille. Surtout, nous les africains vivants en France, les parents nous rappellent qu'il « faut donner à machin ». Ça nous englue car ils ont peut-être moins besoin de nous que nous d'eux. Il faut inverser la tendance. Autant au niveau traditionnel que personnel : je suis beaucoup dans l'obligation des choses car je ne veux jamais déroger à ce que je dis. Si je donne ma parole, il faut que je la tienne.

Regardez le clip "Délivrée'" de Princesse Erika :


A quoi peut-on s'attendre avec ce nouvel album ?
La plupart des chansons sont déjà écrites, il manque encore les collaborations. Je ne peux pas vous citer les noms mais il y aura un groupe de filles et un chanteur que j'aime beaucoup. Ce sera un album reggae, comme "Délivrée", soul et pop. Un peu "classique" mais j'ai pris des beatmakers dans l'ère du temps en ramenant du vrai son au niveau technique. Tu vois, par exemple, on n'a pas pris de batteur pour l'enregistrement. Mais sur scène, il y aura une petite formation très sympa en jouant acoustiquement tout ce que je propose, autant des nouveaux que des anciens titres pour être proche des gens. L'album sortira quand il sera prêt. J'ai tellement fait le coup d'annoncer une date de sortie et ne pas la tenir... Ce n'est pas le plus dur mais c'est chiant pour moi. Du coup je suis aussi délivrée de pouvoir donner une date de sortie qui m'arrange.

« Le harcèlement doit cesser »
Vous êtes une artiste engagée. Qu'avez-vous ressenti face au mouvement #MeToo en tant que femme et en tant qu'artiste ?
Personnellement, j'avais écrit un post là-dessus car j'ai rencontré pas mal de producteurs qui abusaient de leur pouvoir. La meilleure des solutions reste de porter plainte pour les assigner et leur faire payer. Ça m'est arrivé que quelqu'un me harcèle, vraiment, jusqu'au point où il m'a tapé dessus. J'avais porté plainte mais la personne qui était au-dessus de moi m'a demandé de retirer ma plainte car ça pouvait nuire à la maison de disques... On vit dans une société d'hommes au pouvoir où la femme est une proie. On a l'impression qu'elle doit donner avant qu'il exige : ça doit cesser ! La campagne en elle-même m'a parue un peu violente mais comment faire autrement quand personne n'a parlé pendant des décennies. Ce qui m'a choqué, c'est que toutes les filles balancent les noms des gens en propre. Mais c'était à la mesure de la colère et de la rétention qu'on a eues toutes ces années.

Est-ce que tout ça vous a surpris ?
Non ! De toute façon je ne porte pas de jugements. Rose McGowan s'est fait traiter de tous les noms après avoir témoigné : c'est quand même un acte sacrificiel. J'admire ce courage. Le temps est relatif, chacun prend le temps d'exprimer ses maux. Il y en a qui ont quand même eu leur carrière détruite alors qu'ils n'avaient peut-être pas fait autant de choses que ce pourquoi on les accusait. Blanche Gardin m'a fait beaucoup rire aux Césars quand elle a dit : « Va-t-on pouvoir toujours coucher avec les producteurs ? Parce que sinon, on va devoir apprendre les textes ». Mais on évoque peu ce problème des filles. Ce qui me choque surtout sont les agents. Pourquoi ne sont-ils jamais mis en cause ? Quand les filles sont appelées par les producteurs ou les réalisateurs dans les hôtels et que ces agents sont au courant... Il y a une connivence dont on ne parle pas. Mon agent, c'est une femme. Jamais elle ne me laisserait aller à un rendez-vous avec un Weinstein supposé ! Bon, je pourrais me défendre mais il y a des femmes fragilisées et que les agents laissent faire. C'est très équivoque.

Vous êtes aussi comédienne. On vous a notamment vu en guest dans la série "Les Mystères de l'amour" et vous serez bientôt dans "Access" sur C8. Qu'est-ce vous a séduit dans ce projet ?
L'écriture. Chaque personnage avait vraiment des choses à défendre. Chacun était très bien dessiné. Je joue le rôle de la maman et j'ai l'impression qu'ils ont voulu vraiment faire quelque chose de narratif plutôt qu'un enchaînement de vannes sur une pastille de trois minutes. Il y a une histoire qui se déroule à chaque épisode sur 26 minutes : j'ai jamais vu de série comme ça en France donc je suis contente que ça existe et que ça ait un côté mise en abyme sur Ahmed Sylla. Ça me fait vraiment penser à Eric Judor sur "Platane" : il raconte sa vie mais il se met en scène, il y a du vrai et du faux. Ils ont intérêt à me proposer une autre saison ! (Rires)

Regardez la bande-annonce de la série "Access" :



Vos déclarations sur vos revenus avec les publicités MMA ont beaucoup fait parler. Est-ce que vous les regrettez ?
Oui, j'en ai marre qu'on en parle. MMA ne veut pas que j'en parle. Je suis contente que cette marque m'ait choisie à l'époque car elle était jeune et choisir cette chanson c'était un petit revenu. Maintenant je n'ai ni envie de les gêner ni de me mettre en porte à faux en disant des choses pas vraiment ajustées. En France, quand on parle d'argent c'est compliqué. Je regrette en plus d'avoir dévoilé une somme qui n'est pas totalement exacte.

« J'ai été recalée de "DALS" »
On dit que vous avez renouvelé votre contrat. Ces infos sont-elles vraies ?
Je ne communique pas là-dessus : c'est une décision commune. Mais "Trop de bla-bla", c'est mon premier tube. Je suis reconnaissant ad vitam aeternam. Je ne me lasse jamais de la chanter, je la fais toujours dans différentes versions, là on va le faire avec ma percussionniste, ma bassiste et moi à la guitare dans une version beaucoup plus intime. Ce ne sera pas forcément le même morceau qu'on entend à la radio. C'est toujours un grand plaisir de la chanter.

Vous a-t-on déjà proposé des émissions télés ?
Oui ! "The Island", mais les trucs de survie je ne suis pas trop pour. "Danse avec les stars" j'ai fait le casting il y a 2 ou 3 ans, j'ai été assez loin mais ils m'ont recalée. Je pensais qu'une fois qu'on passait les étapes on était pris surtout qu'on signait plein de trucs. Je leur en veux pas du tout mais je leur ai dit, si vous voulez que je revienne, je le fais sans faire les tests. C'est une émission que j'aime bien !

Quels sont vos projets futurs ?
Un livre qui est bientôt terminé. J'ai un éditeur qui me presse un peu ! Ce sera un "livre de souvenirs" : c'est une autofiction, tout parle de choses vraies mais des fois pour ne pas gêner ma famille j'ai changé quelques trucs. Et l'album que j'espère bientôt !

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