Crédits photo : Bestimage
Il était aux alentours de 20h lundi soir lorsque le corps de Maurane a été retrouvé sans vie à son domicile de Schaerbeek, dans la banlieue de Bruxelles. Les circonstances de ce décès inattendu, alors que la chanteuse de 57 ans venait de remonter sur scène et préparait la sortie d'un album de reprises de Jacques Brel, demeurent pour le moment inconnues. Une information judiciaire a été ouverte par les autorités belges tandis qu'en parallèle, une autopsie a été pratiquée pour tenter de déterminer ce qu'il s'est exactement produit. La nouvelle, terrible, a provoqué une vive émotion en France et en Belgique. Alors que Lara Fabian lui a écrit une lettre d'adieu déchirante, le public se rue sur la discographie de Maurane pour redécouvrir sa voix de velours et ses plus beaux tubes comme "Sur un prélude de Bach", actuellement numéro un des ventes sur iTunes, ou "Le monde est stone".

"J'ai pété un plomb"

Souvenez-vous : en 1988, Maurane décroche le rôle de Marie-Jeanne, la serveuse automate, dans l'opéra-rock "Starmania" pour la deuxième version du spectacle créé par Luc Plamondon et Michel Berger. Sauf qu'après six mois de tournée, l'interprète de "Toutes les mamas" jette l'éponge car physiquement exténuée. « Au bout de quelques mois, j'ai pété un plomb (...). Un après-midi, alors que je tournais un clip, j'ai fait une crise de nerfs et je ne suis plus jamais retournée sur Starmania » racontait-elle en octobre dernier à l'occasion de la sortie de l'ouvrage "L'aventure Starmania" de François Alquier. Jonglant entre son engagement dans "Starmania" et sa carrière de chanteuse, Maurane s'était retrouvée à bout de forces : « C'était une époque où je faisais trop de choses en même temps. Je venais de signer chez Poly­­dor et quand je sortais du théâtre, vers minuit, j'allais en studio jusqu'à 5 heures du matin. Pour Star­­ma­­nia, on faisait de la promo vers 9 heures. Du coup, je ne dormais plus ».

Ecoutez Maurane chanter "Le monde est stone" :

"J'avais 7 de tension"

Ce rythme de vie trop intense l'avait alors forcée à consulter une spécialiste : « On m'a envoyée chez une psychiatre manda­­tée par l'assu­­reur qui a pris ma tension. J'avais 7. Elle m'a dit : "Ce n'est pas dans deux semaines que vous devez arrê­­ter, c'est tout de suite". Je pensais aux autres artistes, aux produc­­teurs, que je mettais en danger sur les plans artis­­tiques et finan­­ciers, mais j'allais trop mal ». Un véritable crève-coeur pour Maurane, qui avait choisi son nom de scène en hommage à Fran­cis Morane, le premier metteur en scène de "Starmania".

Finalement, ce fut Réjane Perry qui l'a remplaça au pied-levé pour le reste de la tournée. « Michel était triste, mais il a compris. Luc Plamondon était fâché mais on s'est réconciliés assez tôt » confiait-elle 30 ans après cette mésaventure. Cet abandon avait d'ailleurs brisé son amitié avec France Gall, laquelle, en apprenant sa décision, lui avait laissé un message « affreusement dur » sur son répondeur. « Je m'en souviendrai de ce coup de téléphone de France. Ça ne m'empêche pas de l'admirer sur le plan artistique, mais je n'ai jamais réussi à la cerner sur le plan humain. C'est quelqu'un que j'ai toujours trouvé étrange » estimait Maurane. Deux icônes et deux voix qui manquent aujourd'hui au public français.