Crédits photo : Charlotte Steppé
« Je suis née ce matin, je m'appelle Mercy. Au milieu de la mer entre deux pays, Mercy ». Pour Madame Monsieur, l'aventure Eurovision a débuté il y a cinq ans déjà avec la chanson poignante "Mercy", racontant le destin d'une enfant Nigérienne née sur le bateau d'une ONG venant aux secours des migrants. Depuis, il s'en est passé des choses pour le duo, resté en contact étroit avec la petite Mercy. « Elle et sa maman vivent désormais en France. Elles vont très bien. Depuis cinq ans, on travaille dur pour essayer de leur offrir une vie plus douce. (...) Mercy va à l'école et parle français. Elle a eu 5 ans, le 21 mars dernier. On les voit tout le temps. On les aide au quotidien dans les démarches de demande d'asile. Elles sont en sécurité. Nous sommes en quelque sorte leur seule famille en France » révélaient Jean-Karl et Emilie il y a quelques mois à Gala, eux-mêmes devenus parents d'un petit garçon prénommé César en août 2020.

"Un jour dans le train, une fille a laissé une note vocale"

Et la musique, dans tout ça ? Elle reste le ciment du couple, dont la créativité est débordante. « On se posait la question de savoir si [la naissance de César] avait changé un peu notre façon de faire des chansons. Je ne sais pas si ça change notre approche du monde. En tout cas, ça nous donne plus d'urgence à faire des chansons. On n'a peut-être fait autant de chansons depuis qu'on est devenu parents. Il faut croire qu'il nous inspire d'une certaine manière » affirme le duo, qui a publié l'EP "Des gens mortels" en décembre 2021 et planche depuis sur son prochain album, le premier depuis "Tandem" en 2020. D'ailleurs, sa sortie est déjà fixée : le public a rendez-vous le 24 mars pour découvrir ce projet qui s'appellera "Emmêler nos solitudes". « Notre ADN est d'aller voir la beauté dans le quotidien, dans les gens et dans les petites choses. On souhaite trouver la poésie là où il n'y en a pas eu. Je pense que l'album à venir va vraiment être dans la veine de cet EP. C'est-à-dire quelque chose de plus personnel où on se livre un peu plus. Ça restera des chansons avec des grandes mélodies qui ont du sens » atteste Madame Monsieur.

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Et le public peut mettre la main sur le premier extrait, une chanson intense baptisée "Tour Eiffel" dont la conception cache une drôle d'anecdote. « Un jour, dans le train, une jeune fille a laissé une note vocale de rupture à quelqu'un. Elle disait dans un mélange de courage et de sanglots que c'était fini. Qu'il l'avait perdue. Elle disait qu'il se mordrait les doigts d'avoir autant négligé son amour. Elle disait "Frappe-toi fort quand tu penseras à moi". Alors on a fait une chanson » explique Emilie, témoin de cette scène marquante qui l'a poussée à créer « une mélodie inventée en voiture, enregistrée d'un trait sur le dictaphone ».



De ce fait, cette chanson de rupture, baignée dans le regret et dans la mélancolie, « se chante fort et dans les larmes ». « J'suis désolé ma merveille, tu m'as balancée sans fard / J'suis tombée love du Roi soleil, dans sa cour on est des tares / J'prends de la hauteur, enfin j'te vois, du sommet d'la Tour Eiffel / T'es tellement grand que là, il m'fallait au moins ça, pouvoir l'ampleur des dégâts » fredonne la chanteuse sur un petit air de guitare, avant de le clamer haut et fort : « J'te quitte bon débarras, bye bye, sayonara ». Le clip, superbe et aérien, nous entraîne évidemment entre les poutres de fer du célèbre monument, alors que la jeune actrice Elisa Ezzedine ("Demain nous appartient") se charge de mettre en images cette séparation douloureuse. Une magnifique chanson qui prendra vie lors des deux concerts intimistes que donnera Madame Monsieur aux Trois Baudets, à Paris, les 22 mars et 5 avril prochains.