Pour son quatrième album "Ilo Veyou", dans les bacs cette semaine, Camille s'est essayée à différents exercices de style. Des quinze titres qui composent ce nouvel opus, on en retiendra quinze parce que quinze orientations différentes. Pas un seul morceau ne se confond mais tous ses titres forment néanmoins un ensemble cohérent présenté par "Aujourd'hui", chanté en ouverture. « Aujourd'hui, c'est la plus belle chute sur la plus belle planète. » affirme-t-elle en mêlant habilement le bonheur de l'accouchement, les premières joies de la maternité et le « putain de dioxyde de carbone ».

A la question de savoir si le premier extrait "L'étourderie" est représentatif de ce disque, la réponse est clairement « non ». Non ! Du road movie presque onirique "Wet Boy" à la ballade sur la transhumance sonnant très médiéval : c'est le grand écart. Peut-être pas autant qu'entre le swinguant "Bubble Lady", chanté en anglais, et la ballade "Le banquet". Ou peut-être que si ! On sourit. On rirait presque à l'écoute de "Message" et du pastiche "La France" pour lequel Camille prend des airs de chanteuse des années 40. On se crispe aussi mais jamais jusqu'à tomber dans la nostalgie. "Ilo Veyou" est une palette des sentiments que l'artiste a pu ressentir durant neuf mois de bonheur. « C’est un disque de joie parce que j’étais joyeuse quand je l’ai fait. C’est un cadeau pour mon enfant. La musique n’est plus le centre de ma vie mais une célébration de cette vie. » a déclaré Camille au journal "Le Parisien".

« Cette vie », c'est celle que Camille a donné il y a peu. Maman d'un petit Marius, elle a enregistré cet album au cours de sa grossesse. Il fallait pour l'artiste trouver des studios « plutôt boisés, pas complètement aseptisés  » comme une abbaye, une chapelle, et plus généralement des lieux où sa voix pouvait trouver « du répondant » dit-elle. C'est d'ailleurs l'atout de cette galette : cette voix qu'elle tord dans tous les sens pour faire naître des sons qu'elle n'avait jamais fait entendre auparavant. Une "Björk à la française" ? Peut-être bien à l'écoute de "She Was" ! La comparaison s'arrêtera-là même si le fait de présenter un projet expérimental nous rappelle la folie créatrice de l'Islandaise.

Camille a souhaité « travailler sur l'épure, sur la voix seule, raconter des émotions ». Et pour y parvenir, il fallait enregistrer son disque dans les conditions du live. «J’ai enregistré de manière complètement acoustique avec les musiciens autour. Je ne mets jamais de casque, je veux entendre le son naturel de la pièce. Presque aucun album n’est réalisé ainsi. » explique-t-elle pour présenter le travail de Clément Ducol qui a signé les arrangements, et qui n'est autre que le père de Marius. Vous avez dit un album sur l'amour ?

Camille sera en tournée dans toute la France jusqu'à la fin de l'année et au Café de la Danse du 12 au 18 décembre.