Brigitte (ne les appelez pas "Les Brigitte") ont sorti leur premier album "Et vous, tu m'aimes ?", en avril dernier. A la fois très tendance et décalée, cette première galette polie et soignée est déjà défendue par les titres "Battez-vous" (notre live) et "Ma Benz", nouvellement rejoints par "Oh la la", envoyé aux radios mi-mai. Les débuts du duo se sont faits timides par la voie du Web, sur MySpace notamment. Puis le concours "CQFD" des "Inrocks" lance la machine avant de poursuivre sur la B.O du film de Benoit Pétré (ancien comparse de Mayane dans la troupe "Les quiches"), "Thelma, Louise et Chantal", composée par Keren Ann, avec une reprise de Michel Jonasz, "Les vacances au bord de la mer". "Ma Benz", la reprise de NTM, bénéficiera par ailleurs d'un clip, réalisé par Mark Maggiori, et d'une prestation live dans l'émission "Taratata". Rencontre.

Pourquoi ce nom de Brigitte ?
Aurélie : Brigitte c'est une entité, ce sont nos deux voix. On avait envie d'un seul prénom parce qu'on a uni nos deux voix, on écrit, on travaille, on compose ensemble, on fait tout ensemble ! Ce choix nous permettait aussi de rendre hommage à ce prénom qui évoque pour nous beaucoup de choses. A la fois des femmes subversives et libres comme Brigitte Lahaie, Brigitte Fontaine, Brigitte Bardot. Il y avait aussi ce titre du Ministère A.M.E.R, "Brigitte femme de flic", qui avait fait scandale il y a quelques années ! Et puis en même temps, Brigitte représente le nom d'une maman, d'une tante, quelque chose de très familier ; il y avait tout ce paradoxe et toutes ces notions-là dans ce prénom. Il est à la fois rétro et fantaisiste.

Oui ça se rapproche bien de votre côté un peu pop rétro, ça colle avec votre univers musical...
Aurélie : Quand on s'est donné ce prénom un peu inconsciemment, on ne s'est pas rendu compte de tout ça. Ça a été drôle de le découvrir à fortiori. Lors d'une interview un journaliste nous a dit avoir fait des recherches sur le prénom Brigitte et avoir appris que Brigitte vient de Brigantia, une déesse celte qui était à la fois la mère, la sœur et la fille des dieux.



Comment vous êtes-vous rencontrées ?
Aurélie : On s'est connues par un ami commun qui nous a présentées il y a quelques années. On trainait dans le même quartier et on fréquentait à peu près les mêmes personnes. Chacune de nous bossait sur son projet respectif. Sylvie faisait partie d'un groupe, "Vendetta" et moi j'avais un projet solo. Pour mon deuxième album, j'avais écrit les textes et je cherchais quelqu'un pour les mettre en musique. Sébastien m'a dit : « Tu devrais en parler à Sylvie, je pense que ça l'intéresserais de travailler avec toi ! ». Nous nous sommes donc rencontrées et j'ai adoré ce qu'elle faisait ; j'étais ravie ! Ça a été magique, il y a eu comme un éclair, comme ça. On s'est tout de suite comprises, on a travaillé ensemble et ça a été très simple, très facile, d'une rapidité et d'une efficacité redoutable (rires)... Et voilà nos carrières respectives se sont étiolées au fil du temps mais on gardait comme une envie de retenter quelque chose. C'est là qu'on a décidé de monter le groupe ensemble parce qu'il y avait toujours ce côté magique et agréable à travailler toutes les deux.

Il y a un aspect atypique à votre formation. En général les membres d'un groupe commencent ensemble puis se consacrent chacun à leur carrière solo, vous c'est l'inverse...
Aurélie : Sylvie a toujours été en groupe, elle. Moi c'est l'inverse oui ! C'est plutôt le coup du hasard mais surtout une histoire de rencontre et d'envie. L'association avec une autre enrichie toujours, créé du dialogue et des échanges. Ça nous a permis à toutes les deux de créer quelque chose de différent, je crois que nous avions surtout ce désir de travailler ensemble. Chacune aimait l'univers et la fantaisie de l'autre. On s'appréciait juste.

Vous avez toujours fait de la musique ?
Sylvie : Moi j'ai toujours fait de la musique, j'ai été plus ou moins actrice aussi. Mais l'une et l'autre on en a toujours fait, même s'il y a eu des périodes durant lesquelles nous étions beaucoup moins visibles (rires).

Aujourd'hui est-ce que vous avez chacune un rôle prédéfini dans le groupe ? Qui fait quoi ?
Aurélie : On travaille vraiment ensemble, c'est une réelle association, un travail commun. Aucune de nous n'aurait pu faire Brigitte sans l'autre.

L'année dernière vous avez repris "Ma Benz" du groupe NTM. Pourquoi avoir choisi cette reprise ?
Aurélie : D'une part parce qu'on adore NTM. On nous avait demandé de reprendre une chanson érotique et nous n'avons pas voulu nous tourner vers les textes de Gainsbourg, ça aurait été trop évident, trop attendu. De plus, il y avait un vrai exercice de style à reprendre un titre de hip hop ! Et puis parce qu'on adorait ce titre que l'on trouve extrêmement sexuel, sensuel... NTM a des musiques et des textes incroyables donc ça nous intéressais beaucoup plus de récupérer sans rien changer dans les paroles un titre qui avait l'air macho, et de se le mettre en bouche. C'était comme parler de la sexualité féminine du coup.

Avez-vous rencontré Kool Shen et Joey Starr ?
Sylvie : On les a tous rencontrés ! Lord Kossity nous a invitées à une émission de radio sur "Génération", nous avons donc eu l'occasion de faire l'interview avec lui. Ensuite on a joué "Ma Benz" en acoustique et il a posé sa voix ! Kool Shen et Joey Starr nous les avons rencontrés plusieurs fois. Joey est venu nous voir en concert. En backstage, la première chose qu'il nous a dite c'est : « J'peux vous prendre dans mes bras ?! » (rires). Il a dit qu'il avait été hyper ému et que ça lui avait donné envie de monter sur scène. Il était flatté et honoré de cette reprise. Nous on avait juste envie de pleurer plus il en disait. C'est nous qui sommes honorées de pouvoir reprendre cette chanson !

Aujourd'hui, vous reprenez "Walk This Way" de Run-D.M.C pour les "Pure Charts Live", pourquoi ?
Aurélie : C'est aussi un titre qu'on aime beaucoup. Une rencontre entre Run-D.M.C et Aerosmith qui nous amuse parce que c'est une chanson sur le mélange de deux styles. Il y a ce côté assez rock et hip-hop un peu old school qui était inédit à l'époque.

Un grand merci à l'équipe du Café Carmen (34 rue Duperré à Paris) pour le tournage de cet épisode des "Pure Charts Live".