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La pianiste française Brigitte Engerer s'est éteinte samedi dernier à l'âge de 59 ans. Passionnée et très populaire, elle combattait un cancer depuis plusieurs années. Elle jouait encore pour son public il y a moins de quinze jours, montant sur la scène du Théâtre du Châtelet le 12 juin dernier pour jouer le concerto de Schumann et le mouvement lent du Deuxième de Chopin, accompagnée par l’Orchestre de Chambre de Paris. Aidée d'une canne, elle montrait déjà des signes de fatigue au moment de quitter la salle.

Tunisienne d'origine, c'est vers la Russie que la jeune femme s'est d'abord tournée à l'âge de 17 ans. Avec un premier prix au Conservatoire de Paris en poche, elle se rend à Moscou et étudie auprès de Stanislas Neuhaus, dans le prestigieux Conservatoire Tchaïkovski. Dès lors, elle est devenue "l'âme russe" des pianistes françaises, opérant un savant mélange entre les deux écoles.

Brigitte Engerer acquiert en neuf ans la connaissance du répertoire slave et romantique. A son retour en France, sa popularité ne cesse de s’accroître. Herbert von Karajan l’invite à jouer à Berlin en 1982, pour le centenaire de l’orchestre philharmonique. Daniel Barenboïm à l’Orchestre de Paris, Zubin Mehta au New York Philharmonic Orchestra ne sont pas en reste. Sa vie était « une inlassable quête de la vérité musicale à laquelle elle apporta la somme de ses talents », confient les Concerts de Valmalète. Selon son ancien professeur, Stanislas Neuhaus, Brigitte Engerer était l'« une des pianistes les plus brillantes et les plus originales de sa génération [...] Son jeu se caractérise par son sens artistique, son esprit romantique, son ampleur, la perfection de sa technique, ainsi que par une science innée d'établir le contact avec l'auditoire ».

Professeur entièrement dévoué à ses élèves au Conservatoire de Paris, la pianiste a été faite Chevalier de l’Ordre National de la Légion d’Honneur, Commandeur de l’ordre National du Mérite et Commandeur de l’Ordre National des Arts et Lettres. Elle a par ailleurs reçu l'an dernier un prix d’honneur pour l’ensemble de sa carrière aux Victoires de la Musique Classique.