samedi 30 juin 2018 12:32

Troye Sivan, Hayley Kiyoko, MNEK... 5 artistes queer qui bousculent les codes

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
Alors que la Marche des Fiertés pose aujourd'hui son empreinte arc-en-ciel dans les rues de Paris, focus sur 5 artistes queer qui bousculent les codes dans le monde de la pop : Troye Sivan, Hayley Kiyoko, MNEK, SOPHIE et Years & Years.
Crédits photo : Montage Pure Charts / DR
Genre hybride par essence, la musique pop a toujours nourri les ambitions d'artistes refusant d'entrer dans un moule et pour qui la liberté d'exprimer pleinement leur identité était plus forte que tout. Ils se sont appelés David Bowie, Freddie Mercury ou Madonna, mais aujourd'hui d'autres visages et d'autres noms, de tous bords et de toutes nationalités, n'ont plus peur de faire l'éloge de la diversité sexuelle, y compris dans la pop mainstream. Petit tour d'horizon !

Troye Sivan





En 2015, Troye Sivan sort à peine de l'adolescence quand il débarque dans le paysage musical avec "Blue Neighbourhood". Un premier album qui révèle une sensibilité à fleur de peau et une maturité impressionnante pour un jeune homme qui, alors qu'il était sur le point de lancer sa carrière, a fait le grand saut en faisant son coming out dans une vidéo sur YouTube. En racontant ouvertement ses histoires d'amour à coeur ouvert et ses luttes intérieures dans "Wild", "Fool" et "Talk Me Down", qui forment une trilogie de clips bouleversante, Troye Sivan s'est imposé comme l'un des premiers modèles pour des jeunes traversant le même cheminement. Sur "Bloom", son deuxième album à paraître le 31 août, l'Australien ira encore plus loin. Preuve avec la chanson-titre, dont le texte est rempli de sous-entendus sur le sexe anal, et son clip très arty où Troye Sivan joue sur la confusion des genres.

Hayley Kiyoko





Chanteuse, auteure, réalisatrice, danseuse, comédienne : du haut de son mètre 63, Hayley Kiyoko cache une créativité folle et un talent débordant. Formée à l'école Disney Channel, la Californienne d'origine canadienne et japonaise brandit fièrement son homosexualité comme un drapeau. Le clip de "Gravel to Tempo", extrait de son deuxième EP "Citrine" (2016), dépeint la découverte de ses sentiments pour les filles à l'époque du lycée. Ses dernières réalisations, de "Curious" à "What I Need" feat. Kehlani, la mettent en scène dans les bras de ses conquêtes féminines. Pas étonnant de la voir poser de façon lascive sur la pochette de son premier album "Expectations", devant le corps d'une femme dénudée ! Et quand il s'agit de monter au front, Hayley Kiyoko fait entendre sa voix. Elle a récemment fustigé le titre "Girls" de Rita Ora en assurant que le morceau fait « plus de mal que de bien à la communauté LGBTQ et excite la gent masculine en marginalisant les rapports lesbiens ». Fierce !

MNEK





A seulement 23 ans, MNEK possède un CV à faire pâlir d'envie n'importe quel apprenti artiste. Depuis ses débuts en 2012 pour Rudimental, l'auteur-compositeur-producteur a collaboré avec Beyoncé, Madonna, Kylie Minogue, Dua Lipa, Zara Larsson, MØ, Clean Bandit ou BTS. Autant dire que l'artiste originaire de Londres est d'ores et déjà considéré comme un prodige par ses pairs. Prochaine étape ? Briller en son propre nom ! Et avec ses talents et sa puissante voix chaude, MNEK possède tous les atouts pour exploser sur la scène internationale. Après l'EP "Small Talk" en 2015, le Britannique a décroché un tube mondial avec "Never Forget You", en duo avec Zara Larsson. Ses deux derniers singles marquant une affirmation plus nette de son identité. Noir, gay et bien dans sa peau, MNEK n'hésite plus à courtiser un bel étalon dans le clip sensuel de "Tongue" et affiche la "Colour" sur son hit avec Hailee Steinfeld. Une évolution qui force l'admiration !

SOPHIE





Derrière le pseudonyme SOPHIE se cache une productrice transsexuelle de génie. Artisane du single "Bitch I'm Madonna" et des meilleurs bops de Charli XCX dont "Out of My Head", la musicienne britannique vient de sortir un premier album polymorphe, à son image, entre électro underground et pop expérimentale. Une ambivalence qui imprègne fortement l'art visuel du projet, à travers lequel SOPHIE révèle son visage pour la première fois. Sur la pochette de "Oil of Every Pearl's Un-Insides" ou dans le très beau clip "It's Okay To Cry", son look androgyne sert un discours progressiste. « Faire son coming out trans, cela veut dire qu'il n'y a plus d'attente liée au corps dans lequel tu es né ou comment ta vie devrait se dérouler ou se finir. Les modèles familiaux traditionnels et les structures de contrôle disparaissent » explique-t-elle à Paper Magazine. Une artiste caméléon.

Years & Years





Premier single, premier tube. En 2016, Years & Years fait une entrée fracassante sur la scène internationale en remportant le prestigieux "BBC Sound Of" puis en inondant les ondes avec l'explosif "King". Si ses pépites synthpop font mouche, le trio britannique attire les projecteurs comme un aimant grâce à Olly Alexander, félin frêle et féroce qui ne manque jamais l'occasion de mouvoir son corps. « Voir les réactions qu'a eu notre musique, les réactions que j'ai eu au sujet de mon homosexualité, les histoires que les fans m'ont racontées sur leurs vies, leur sexualité, leurs expériences, c'est une chose puissante et géniale. Ça m'a vraiment donné confiance en moi, ça m'a inspiré à continuer dans ce sens et à faire ce que je dis, à mettre la lumière sur les sujets qui me tiennent à coeur. La musique est un outil puissant pour le faire » confie-t-il dans une interview à Purebreak. Résultat, le nouvel album de la bande, "Palo Santo", s'accompagne d'un concept futuriste où il incarne un homme réduit à jouer de ses charmes dans un cabaret par des androïdes tyranniques. On valide l'audace !

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