lundi 16 juillet 2012 16:00

Louisy Joseph en interview : "J’ai un nom et une musique à défendre, les L5 c'est fini."

Louisy Joseph est de retour. La chanteuse, qui s'est fait connaître en 2002 par le biais du tremplin "Popstars" (M6) en intégrant les L5, a publié la semaine dernière son deuxième opus intitulé "Ma radio". Un disque aux accents roots que la chanteuse nous présente, tout en revenant sur le début de sa carrière. Rencontre.
Crédits photo : Noé Two / Warner
Propos recueillis par Olivier Palud.

Depuis la sortie de votre premier album en 2008, que devenez-vous ?
Louisy Joseph : Après la sortie de mon disque en 2008, je suis partie en tournée l'année suivante avec Christophe Maé. En 2010, j’ai fait mes propres concerts et parallèlement j'ai préparé la sortie de cet album. En mai 2011, c’était terminé et aujourd'hui, en juillet 2012, on le présente au public.

Comment s’est passé l’enregistrement ? Depuis quand travaillez-vous dessus exactement ?
Je travaille sur "Ma radio" depuis la dernière date que j’ai faite en 2010, en juin après la Fête de la musique. J’ai commencé à écrire des titres avec mon batteur et mon guitariste. On a commencé à se dire : sur scène, vu ce qu’il se passe, on va essayer de créer ton style de reggae à toi, quelques chose qui te ressemble. J’ai commencé à écrire des textes. Puis j’ai rencontré Jean Lamoot, le réalisateur et directeur artistique de cet album. Au départ, j’avais plein de titres, ce n’était pas ce qu’il manquait, mais le fil conducteur entre tous ces titres et la façon d’en faire un album était plus compliqué. On arrive avec 18 titres en studio et on se dit qu'il faut faire du découpage. Il y avait des chansons pour lesquelles je n’arrivais pas à me détacher, d’autres où c’était la maison de disques qui n’y arrivait pas. Ca a pris beaucoup de temps certes, mais on a trouvé finalement un vrai fil conducteur avec ces chansons et une vraie énergie.

Qu’est-ce que Jean Lamoot a apporté au disque ? Un côté rock ? (NDLR : il a participé par exemple à l'album d’Izia)
Jean Lamoot n’est pas spécialement rock, il a fait Bashung, les Têtes Raides, Noir Désir, beaucoup d’albums de reggae, l’album de MIKA. Ce qu’il a de rock'n'roll, c’est cette façon de travailler à l’ancienne et de traiter les sons le plus naturellement possible. Il a apporté toute une énergie reggae, qui est anti-formatage. C’est l’anti-formatage du reggae.

Le premier album était très acoustique. Celui-ci l'est un peu moins...
Je n'ai pas décidé de faire un truc électro pop.

C’est très électro sur le premier single "Chante" pourtant !
Non, c’est le clavier que vous entendez qui prend toute la place sur cette musique.

C’est ce que beaucoup ont retenu tout de même lors de la première écoute du titre.
Tant mieux ! Après honnêtement, je ne me suis pas décidée à faire de l’électro pop, je fais de la musique qui me donne des frissons. C’est le seul truc qui compte. Je ne vais pas classer ma musique d’un coup parce qu’il y a un clavier qui sonnerait pop. Je vais en studio et je me dis : viens on fait ça, ça marche. La d’où je viens en plus, d’un groupe formaté (NDLR : les L5), je n'ai pas le droit de m’interdire de faire de la musique s’il y a un clavier électro pop dedans.

Visionnez le clip "Chante" de Louisy Joseph :



Quels sont les thèmes principaux abordés dans cet album ?
"Chante" a d'abord ce côté populaire par rapport aux autres chansons : je parle encore de la même chose, des gens, c’est la suite d'"Assis par terre", c’est une nouvelle façon de réinterpeler les gens. J’aurais toujours la sensation de faire du reggae dans ma façon d’écrire, c’est cette façon d’interpeler les gens, de leur dire : on va parler de trucs qui te concerne, on ne va pas juste faire un constat, je sais que notre vie n’est pas simple mais on va lever le poing. Finalement ce que j’ai voulu faire dans cet album, c’est écrire au nom de tout le monde mais aussi au nom de ce qui me concerne et de ce qui concerne tout le monde. Ce qu’on vit tous les jours.

Avez-vous été inspirée par Christophe Maé, ayant fait ses premières parties ?
Non.

« Je suis super contente qu’on m’appelle "Christophe Mae au féminin" »
Pourtant, souvent, on lit : « c’est la Christophe Maé au féminin ».
Je suis super contente qu’on m’appelle « Christophe Mae au féminin », mais je pense que ni pour lui, ni pour moi, ça ne soit gratifiant. Un artiste n’a pas le droit de ressembler à un autre artiste. C’est ce que je me tue à faire depuis que je suis sortie de mon précédent groupe. Je me suis aperçue qu’en partant des L5, il fallait que je trouve ma personnalité. Je n'avais pas du tout l’intention de ressembler à un autre artiste, ce n’était pas le but. Je crois qu’aucun artiste n’a envie de ça, même si c’est une ressemblance flatteuse.
Je m’inspire de gens comme Janis Joplin, Dusty Springfield ou Queen Latifah. Christophe, j’ai partagé un bout de sa scène, en première partie, et je suis super fan de sa musique, ça me touche énormément. Mais mes origines noires m’interdiront d’avoir le même reggae que lui. On n'a pas du tout le même reggae en nous. Lui, il a ses références musicales françaises, il a écouté du Bob Marley. Moi j’ai baigné dedans, et j’ai ma culture noire africaine.


Il y a sur cet album une reprise d'Eurythmics. Pourquoi ce choix ?
J’écoute Eurythmics depuis que je suis toute petite. J’écoute très souvent la même chanson, avec ce côté hyper performant vocalement qui te demande d’avoir justement cette aisance vocale, pouvoir passer d’un grave à l’aigu. J’avais envie de la rendre à ma façon en ska.

« Un nom comme Pascal Obispo sur un premier disque, il n'y a pas mieux pour attirer les médias. »
Sur votre premier album, il y avait Pascal Obispo. Pourquoi n'est-il plus là sur ce second opus ?
Parce qu’il a du boulot ! Parce que je ne suis pas son artiste fétiche. J’avais besoin d’un producteur surtout en quittant les L5. Pascal m’a proposé son aide en me présentant John Mamman. On a fait ce premier album ensemble pendant à peu près 9 mois et il est sorti un an et demi après. Ça a été suffisant pour moi, pour faire décoller ma carrière. Un nom comme Pascal Obispo sur un premier disque, il n'y a pas mieux pour attirer les médias, tout comme une première partie de Christophe Maé d'ailleurs. Le fait que je sois la première des L5 à sortir un album, il n'y a pas mieux !

Je voulais revenir sur votre expérience au sein des L5 justement. On sait que vous avez tourné la page…
Moi oui. Mais vous non !

« Si les filles se remettent ensemble, c’est parce que leurs projets respectifs n’ont pas marché. »
Votre quatre amies réapparaissent depuis quelques mois, sur M6 ou TF1 dans des émissions de divertissement. Mais sans vous. Pourquoi ?
Le média est friand de ce genre de disputes. Moi honnêtement, je me dispute avec personne dans le groupe : on s’est dit ce qu’on avait à se dire il y a sept ans. Tout le monde avait envie de faire sa carrière solo et j’étais la dernière à faire mon album. Le fait d’avoir travaillé avec Pascal Obispo, ça a accéléré les choses pour moi effectivement, mais cet album était suffisamment bon pour obtenir un disque d’or. Il n'avait pas de problème de séparation. Aujourd’hui si les filles se remettent ensemble, c’est parce que leurs projets respectifs n’ont pas marché, et que c’est peut-être la seule chose qu’elles ont à faire pour redonner un peu de vie à leurs projets perso.
Je ne renie pas ma participation au groupe, c’est ce qui m’a permis d’exister. Il ne faut pas être idiot au point de toute faire basculer, en remettant le couvert et en repartant en tournée. J’ai un nom et une musique à défendre, les L5 c'est fini. Je ne peux pas revenir sur de gros plateaux télé où on m'inclut dans les L5. Ce n’est pas comme si on avait quelque chose de nouveau à vendre, on recycle.
Il y a au moins deux ans et demi, j’avais proposé aux filles de ressortir un single, un truc nouveau. Je venais de sortir mon premier album et on m’a appelé pour plusieurs projets. J’ai trouvé ça suspect : soit ils en avaient rien à foutre de ce que je faisais en solo, soit ils avaient besoin de moi. Tout le monde m’a envoyé un mail pour me dire : reconsidère la question. Ce n’est pas une histoire d’amitié, c’est une histoire de business avant tout.

Finalement, c’est vous qui vous en sortez le mieux.
Je ne m’en sors pas le mieux. J’ai signé ces deux albums et honnêtement j’ai travaillé pour. Je ne me suis pas arrêté une seule fois. Ça m’a fait du bien de savoir qu’on était encore en compétition avec les filles finalement.

Vous pensez que les quatre autres n’ont pas assez bossé ?
Je ne sais pas, ce qui est sûr c'est que j’ai l’esprit de compétition en moi depuis que je suis née. J’aime me battre. Je me suis dit « attention, elles peuvent te battre ! ». Je suis quelqu’un de militairement entrainé. Si chacune d’entre nous avait travaillé sur un super titre, on aurait toutes pu signer dans une maison de disques.

« Quand le single "Toutes les femmes de ta vie" est sorti avec les L5, j’ai acheté une maison. »
On vous avait rencontré en 2008, et vous nous aviez dit : « Après le best of des L5 qui ne s’est pas vendu je me suis retrouvée sans revenu sans rien, il a fallu tenir, ronger son frein, j’ai dû aller jusqu’à vendre les meubles de mon appartement pour pouvoir vivre ». Votre vie a changé depuis ?
Je ne suis pas étonnée que ce soit ça qui retienne l’attention des gens. Je crois qu’il y a beaucoup d’artistes qui ne gagnent pas systématiquement du cash tous les mois… On a tous un train de vie qui change en fonction de nos actualités. Quand je travaille, effectivement là d’un coup on touche des sommes extraordinaires qu’on ne pourrait même pas imaginer toucher un jour, et il faut qu’on se défende avec ça jusqu’à notre prochain projet. Je ne crois pas que tout le monde s’en sort aussi bien.
Quand le single "Toutes les femmes de ta vie" est sorti avec les L5, j’ai acheté une maison. J’avais 23 ans. Je pense être quelqu’un qui a su épargner, mais ça ne peut pas durer huit ans. Alors j’ai vendu ma maison, mais c’est un capital de recommencement. Un capital pour rebondir ailleurs, et remiser cette maison autrement.

Vous allez pouvoir racheter une maison ?
Je ne suis pas sûre. Je n’ai pas le droit de subir Paris, ce métier, comme si j’avais la vie de quelqu’un de stable avec un salaire tous les mois. Acheter une maison à Paris c’est très cher. J’habite d'ailleurs à Lyon.



"The Voice", c’était un peu le phénomène du printemps dernier. Qu’en pensez-vous ?
J’espère que je ne vais pas vous décevoir, mais j’ai vu plusieurs personnes dans "The Voice" qui ne sont pas des finalistes. Une fille avec des grosses lunettes, Christelle Adams que j’ai connu car c’était une des voix témoin du groupe L5. Quand on faisait nos albums ils étaient souvent pré-chantés. Patrice Carmona, qui s’est présenté aussi. Je trouve ça hyper salutaire de leur part de revenir remettre leur talent en challenge. Parce que quoi qu’il arrive ils en ont, quoi qu’il arrive c’est leur métier, ils sont chanteurs. Mais se remettre en jeu à côté de jeunes artistes qui n’ont rien fait, c’est impressionnant.
Après mon expérience L5, je ne sais pas si j’aurais remis mon titre en jeu, je ne sais pas si je me serais remise devant un jury.

Et le concept même de l’émission, être coaché par un artiste, vous trouvez ça bien ?
Je n’ai pas d’avis là-dessus. Quand un artiste tombe amoureux d’un autre artiste, il se passe quelque chose, et très souvent cette fusion peut donner beaucoup plus que ce qu’on attend. Quand c’est des accroches qui durent, c’est génial.
Pour en savoir plus, visitez louisyjoseph.fr et son Facebook officiel.
Ecoutez et/ou téléchargez le nouvel album "Ma radio" de Louisy Joseph sur Pure Charts.

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