mercredi 07 décembre 2011 14:00

Emilie Simon en interview

Emilie Simon revient trois ans après "The Big Machine", un nouvel album dans les mains qu'elle a intitulé "Franky Knight". Un disque hommage dans lequel l'amour tient une place prépondérante. L'artiste rêve de son chevalier et entre dans la peau d'une princesse, maniant la langue anglaise et la langue française pour chanter ses maux aussi bien qu'elle manie les cuivres pour "Franky Knight".
Crédits photo : Arnaud Borrel
Ce n'est pas la première fois que vous travaillez sur la bande originale d'un film. Vous vous êtes notamment fait remarquer en composant pour "La marche de l'empereur". C'est une passion le cinéma ? (Jonathan Hamard)
Emilie Simon : Oui.

Est-ce aussi une source d'inspiration pour créer de la musique et écrire des textes ?
Oui, bien sûr. Tout est source d'inspiration pour un disque. Toutes les expériences que l'on peut vivre. Qu'elles soient personnelles ou professionnelles, elles viennent enrichir nos capacités. Tout doit être pris en compte et, d'une certaine manière, ressort un jour où l'autre.

Jusqu'à dire que le cinéma est indissociable de votre musique ?
Je ne sais pas. Je n'irais pas jusque-là. Je dirais plus volontiers que je crée une musique qui est très imagée à la base. Je pense que c'est ce qui a poussé les producteurs à me solliciter pour écrire la musique de leurs films. Je pense que ma musique est très visuelle. Je pense qu'il y a une alchimie qui s'opère entre ma musique et les images.

L'album "Franky Knight" se retrouve en majorité sur la bande originale du film "La délicatesse"…
Oui. On peut entendre une très grande partie de mes nouvelles chansons dans le film "La délicatesse". Certaines sont chantées, d'autres simplement instrumentales.

Est-ce que ce sont David et Stéphane Foenkinos qui sont venus à votre rencontre ? Comment s'est déroulée cette collaboration ?
Oui. C'est David qui m'a contacté avant de m'envoyer son livre et le scénario du film. Il m'a dit qu'il tenait particulièrement à ce que je travaille sur la bande originale de son film qui n'était pas encore tourné à l'époque. Ils étaient encore en phase de préparation. C'est comme ça que tout a commencé. Ensuite on s'est vu pendant le tournage. Il m'a montré quelques images.

Le travail de composition et d'écriture se fait donc à partir des images et du livre aussi.
Tout compte en fait.

« C'est un album qui n'essaie pas d'en faire trois tonnes. »
Pensez-vous que "Franky Knight" aurait pu voir le jour s'il n'y avait pas eu cette commande des frères Foenkinos ?
Je ne sais pas. Je n'en suis pas sûre. On ne peut pas savoir comment les choses se seraient passées s'il n'y avait pas eu ce film. En tout cas, ce projet existe. Il est très lié à ce film-là. Pour moi, les deux qui ne sont pas dissociables.

C'est plaisant d'être courtisée par des réalisateurs.
Oui, bien sûr. C'est très flatteur. C'est très touchant de savoir que ma musique peut éveiller une évidence dans la vision de réalisateurs. En même temps, ce sont des univers qui se côtoient. Elles sont magnifiques ces rencontres-là. Elles permettent de pouvoir travailler dans une bonne atmosphère parce qu'il y a ce respect-là. Tout ce qui a concerné "Franky Knight" et "La délicatesse" restera pour moi un excellent souvenir.

C'est un bonheur mais aussi des responsabilités. Le ou les réalisateurs t'accorde(nt) leur confiance.
Oui. La musique est essentielle dans un film.



Au-delà d'être une bande originale de film, "Franky Knight" est un album à part entière. Une pièce singulière marquant une nouvelle évolution. Il se démarque véritablement de ton précédent disque "The Big Machine". Qu'est-ce qui différencie "Franky Knight" de ton précédent projet dans ta manière t'appréhender la musique ?
C'est tellement aux antipodes de ce que j'ai pu faire pour "The Big Machine". Le précédent album était vraiment dans l'énergie. Il coïncidait avec mon déménagement à New-York et à la découverte d'une ville extrêmement électrique. La ville a influencé mon écriture. L'énergie était complètement différente. "Franky Knight", c'est un album fait de chansons d'amour qui sont très personnelles. Le propos n'est pas du tout le même.

En résulte des sons différents. Si "The Big Machine" était comme vous le dites "électrique", "Franky Knight" est beaucoup plus orchestral, parfois organique et même symphonique.
Je n'irais pas jusqu'à dire "symphonique" parce que cela sous-entant qu'il y a derrière un grand ensemble. Alors que ça n'a pas été. Au final, il y a beaucoup de musiciens sur l'album, mais principalement des cuivres et pas énormément de cordes. Il n'y que sur un seul titre que je fais intervenir un violoncelliste. Il y a une pudeur dans "Franky Knight". Ce n'est pas un album sirupeux. C'est un album d'amour mais, et c'est difficile de le dire puisque c'est moi qui l'ai écrit, qui n'essaie pas d'en faire trois tonnes. Il est sobre mais adopte le ton que je considère être naturel et juste pour ces chansons-là.

Cette évolution se lit très clairement entre "The Big Machine" et "Franky Knight", mais plus encore entre tes premiers morceaux et les nouveaux. Quel regard portes-tu sur tout ce chemin parcouru depuis ton premier opus éponyme ?
C'est difficile d'avoir un jugement, parce qu'il faut savoir prendre du recul. Je suis carrément fière de tous mes albums. A chaque fois que j'ai fait un disque, j'ai été amoureuse de lui. A chaque fois que j'en finissais un, j'ai toujours eu cette sensation d'avoir donné le meilleur de moi-même, que ce soit dans l'écriture et dans la recherche. J'ai pu m'aventurer dans tous les registres que j'ai souhaité explorer. Bien sûr, après on change. On ne fait pas toujours la même chose. Et heureusement ! L'idée, ce n'est pas de faire le même album tous les deux ans. Je ne sais jamais où la vie va me mener. J'ai des envies qui sont très larges. Elles sont là depuis le tout début. Même avant je dirais. Déjà quand j'étais enfant ou adolescente, j'avais des envies. Il y a aussi les rencontres et les expériences de la vie qui nous influencent dans nos choix. Une année, on n'aura plus envie de parler d'une chose ou d'une autre. C'est aussi une manière d'être honnête avec qui l'on est dans la vie et où l'on en est.

L'évolution passe aussi par l'image. Vous le disiez vous-mêmes au début de notre entretien : "Tout compte". Pour "Franky Night", vous proposez une très jolie pochette sur laquelle vous apparaissez devant une table de mixage.
C'est la table de mixage sur laquelle j'ai enregistré mon premier album. C'est un endroit qui est important pour moi. Ce n'est pas qu'une simple table de mixage : c'est avec elle que j'ai travaillé sur mes différents projets.
« Je suis carrément fière de tous mes albums. »


Tous ?
Presque tous. Pour quasiment tous mes projets, il y a un moment donné où j'ai travaillé sur cette console.

Le dernier tout du moins.
Et bien non ! Mais j'étais dans le même studio. J'ai fait des prises dans ce studio.

L'image, c'est aussi le clip de votre nouveau single "Mon chevalier". Vous vous présentez comme une princesse. Le chevalier, la princesse… Pourquoi cette thématique du conte de fées ?
C'est voulu. C'est un symbole qui permettait de dire beaucoup de choses. Pour des chansons d'amour, je trouve que c'est tout à fait approprié.

Découvrez le nouveau clip d'Emilie Simon, "Mon chevalier" :


Je voulais aborder un dernier point concernent cet album. Contrairement au précédent, vous ne chantez pas seulement en anglais. Il y a même un certain équilibre entre la langue française et anglaise. Pourquoi ces choix ?
Encore une fois, tout est lié à l'histoire de ces albums. C'était évident que "The Big Machine" soit enregistré en anglais. Je baignais dans la culture américaine. J'arrivais à New York. J'avais envie d'explorer ça. "Franky Knight", c'est un album qui est dédié à quelqu'un qui était français. J'avais envie de chanter dans sa langue. Tout s'est fait naturellement. Ce sont des sensations, des sentiments, un ressenti. Il y a des choses qui s'imposent plus facilement dans telle ou telle langue. Ce n'est pas une langue qui sonne bien ou mal, c'est plus la façon d'écrire qui va faire sonner les mots ou pas. C'est davantage une question de couleurs.
« "Franky Knight", c'est un album qui est dédié à quelqu'un. »


Et pour terminer, je voulais revenir sur cette comparaison qui est souvent rapportée entre toi et Kate Bush. On parle même des fois d'une "Björk française".
Ça fait dix ans qu'on me dit ça. Donc je n'en pense plus grand-chose. Ce sont de toutes façons des comparaisons flatteuses. Ce sont deux très grandes artistes très inspirées et très inspirantes. Pour moi, la comparaison entre mon dernier album et l'univers de Björk n'a aucune raison d'être. Je peux concevoir qu'on ait comparé "The Big Machine" avec l'univers de Kate Bush puisque c'était un hommage volontaire à cette chanteuse. Je me suis totalement laissée aller dans l'écriture. Tout le monde compare. Il y a tellement de filles qui sont comparées à Björk ! Tant que ce sont des gens que je respecte…
Pour en savoir plus, visitez le site internet officiel et la page Facebook d’Émilie Simon.
Écoutez et/ou téléchargez le nouvel album d’Émilie Simon, "Kranky Knight" sur Pure Charts.
Regardez la bande annonce du film "La délicatesse" :

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