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jeudi 14 novembre 2013 16:31

Sofia Essaïdi : "J'ai chanté des choses que je ne voulais pas chanter"

Par Charles DECANT | Rédacteur
Le week-end dernier, une dizaine d'artistes s'étaient donné rendez-vous à Agadir pour une nouvelle édition du Concert pour la Tolérance, qui sera diffusée pendant les fêtes de fin d'année sur France 2. L'occasion pour Pure Charts de discuter avec Sofia Essaidi de son actualité et de revenir en détail sur la période difficile qui devait marquer la sortie de son deuxième album, qui n'a finalement jamais vu le jour.
Crédits photo : Abaca
Propos recueillis par Charles Decant.

On le sait, tu travailles sur ton deuxième album. La première version de ce disque devait arriver dès fin 2010 !
Oui, c'est vrai, j'ai commencé à travailler dessus en 2010, mais j'ai arrêté très vite.

Tu avais sorti deux singles, "Je veux tout" et "J'croque la vie", aux univers complètement différents...
Oui... Ca explique bien la période ! Elle a été extrêmement douloureuse pour moi. Quand on est artiste, qu'on ne te laisse pas t'exprimer, qu'on t'oblige à aller ailleurs, là où tu n'es pas à l'aise, c'est terrible. C'est la pire douleur. Au départ, quand on est artiste, on se dit que la pire douleur c'est d'avoir des projets qui ne marchent pas. Et je me suis rendu compte que non. La pire douleur, c'est de ne pas pouvoir s'exprimer et de devoir s'exprimer différemment, de ne pas être soi. Je me suis rendu compte que mon authenticité, c'était le plus important. Mais il m'a fallu du temps pour avoir le courage de dire non, de me séparer des équipes avec lesquelles je travaillais...

Ca a été difficile ?
Oui, ça a été difficile. Et il m'a fallu pas mal de temps pour le faire et aussi pour sortir d'un système dans lequel j'avais évolué pendant pas mal d'années. Un système qui m'allait très bien quand je faisais des spectacles, mais qui ne m'allait pas quand je préparais un album.

« J'ai été foncièrement malheureuse pendant un bon petit moment »
Pourquoi cette distinction ?
Quand je fais un spectacle, je n'ai aucun problème à faire des concessions parce que je m'y retrouve ailleurs. Sur "Cléopatre", ce n'était pas du tout mon univers musical, on était dans du R&B, ce n'était pas du tout mon style. Mais à côté, mon Dieu, le rêve ! J'étais emplie artistiquement, épanouie à 1000%. Quand je suis arrivée à travailler sur mon album, je me suis aperçue que je ne pouvais pas faire de concessions, parce qu'il n'y avait que mes chansons, que mon album. Si les chansons ne me correspondaient pas, je ne pouvais pas le faire. J'ai été foncièrement malheureuse pendant un bon petit moment, jusqu'à arriver au dégoût, à perdre l'envie. Et ça, c'est le pire quand on est passionné.

Donc, pour être clair, tu as chanté des choses que tu ne voulais pas chanter ?
Oui. Mais au final, je suis retombée sur mes pattes parce que je n'ai pas sorti l'album. J'ai su dire non, mais pas assez vite. J'ai essayé de faire des concessions. Il y a une période où je n'ai pas osé, j'ai essayé... C'était vraiment très, très difficile. Je me suis dit aussi qu'il fallait peut-être que je fasse confiance à d'autres personnes qui avaient plus d'expérience que moi. Mais en fait, non. Il ne fallait pas.

« Je me sens tellement bien d'avoir tenu bon ! »
Tu regrettes d'en être passée par là ?
D'un côté, je ne regrette rien. Cette période a été assez salvatrice, elle m'a permis de faire le point. C'est venu aussi au bout de dix ans de carrière, à mes trente ans... Est-ce que tout ça n'a pas un lien ? J'ai évolué, je ne suis plus la même qu'il y a cinq ans, dix ans. Faire accepter à tes équipes tes nouvelles attentes, tes nouveaux besoins, ce n'est pas facile. Donc ça aurait pu se faire plus rapidement, ou ne pas se faire dans la douleur. Mais aujourd'hui je me sens tellement bien d'avoir tenu bon ! J'ai mûri à un point incommensurable. Et puis il y a aussi cette notion que l'artiste doit souffrir. Il faut se faire ! Et quand on débute par la "Star Ac", par des choses qui te propulsent, comme ça, j'ai peut-être eu le besoin de me former.

Qu'est-ce que tu vas dire et chanter sur ce nouvel album, alors ?
Artistiquement, moi j'aime le groove, les rythmes assez américains. J'aime les paroles, j'aime les mots, j'aime le contenu, j'aime raconter des choses. Je suis comédienne aussi donc j'ai besoin d'avoir du contenu pour pouvoir interpréter les choses. J'ai besoin d'être dans ma bulle. J'ai toujours été vers les gens mais là, j'ai besoin d'être dans ma bulle et de les y inviter. Et pour ça, il faut que je sois dans mon univers : de la chanson française avec des petites sonorités bluesy ou jazzy. De la musique élégante, en tous cas.

Avec qui tu travailles sur ce projet ?
Je travaille avec des gens exceptionnels, mais c'est toujours un peu délicat d'en parler si tôt ! Là, tout le monde est en train de composer, de préparer des petites choses. Mais, ce qui est génial quand j'ai arrêté le travail sur ce deuxième album qui ne me ressemblait pas du tout, c'est que j'ai fait une liste. J'ai dit "Maintenant, je veux que tout se fasse bien". J'ai dit "Je veux rencontrer les personnes avec qui je veux travailler, je n'ai plus envie de recevoir des chansons à droite à gauche, je veux des rencontres artistiques". C'est comme ça pour moi qu'on fait un album. Donc j'ai fait des listes. J'ai appelé les gens avec qui je voulais travailler et j'ai eu la chance de n'avoir que des réponses positives. Et j'ai enclenché des rendez-vous.

« J'adorerais avoir des textes à la Cabrel ou Rose »
Et tu ne peux même pas nous donner un nom ?
Non... Mais je peux parler de mes influences ! Il faut que je crée le lien entre mes influences françaises et plus anglo-saxonnes. Côté français, je suis complètement fan de Vanessa Paradis, par exemple. De l'album qu'elle avait fait avec M, ou des chansons qu'elle a faites avec Biolay. Il y a du rythme, du groove, un vrai univers à chaque chanson. Je suis fan de Cabrel aussi par exemple. J'adorerais avoir des textes comme ça, ou des textes comme Rose, que j'adore. J'aime sa féminité et la simplicité qu'on peut trouver dans ses textes. C'est actuel, c'est féminin, c'est merveilleux.

Et pour le côté anglo-saxon ?
Je me balade entre un côté un peu folk, à la KT Tunstall, Amy Winehouse, Adele... Cette influence-là. Et une influence un peu plus pointue à la Melody Gardot, Micky Green aussi. Toujours des univers bien marqués dès la première note de la chanson. J'ai vraiment besoin que mon album soit personnel, autant dans les mots que dans les sons.

Et quand peut-on espérer entendre un premier single ?
Cette fois, je ferai les choses dans l'ordre et le single sera dévoilé quand l'album sera prêt. Parce que ce qui est très difficile, c'est d'avoir des titres qui sortent sans que l'album soit fini. Ce n'est pas comme ça qu'on fait un album. Donc quand il sera fini, à ce moment-là, il y aura un premier titre qui sortira.

Et on peut avoir un ordre d'idée de la période à laquelle tu comptes le sortir ?
Non... (Rires) J'ai trop souffert de mettre des deadlines, de dire "Ca sortira à tel moment" et de souffrir pour y arriver. Aujourd'hui, je suis contente de ne pas avoir la corde au cou, j'ai des projets à côté qui font que je peux me permettre de me laisser le temps. Donc ça sortira quand ça sera prêt. J'attends cet album depuis tellement longtemps, qu'il ne sortira que quand il sera comme je veux qu'il soit.
Pour en savoir plus sur Sofia Essaïdi, visitez sofia-web.com et sa page Facebook.
Écoutez et/ou téléchargez la discographie de Sofia Essaïdi sur Pure Charts.

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