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lundi 04 mai 2015 17:43

"Kurt Cobain : Montage of Heck" : 3 raisons de ne pas louper ce documentaire passionnant

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
Attention, événement ! Le documentaire "Kurt Cobain : Montage of Heck" de Brett Morgen sera diffusé ce soir à 20 heures dans une centaine de salles de cinéma. Une plongée viscérale et intimiste dans l'esprit bouillonnant d'un artiste en désaccord avec le monde, devenu un mythe malgré lui. En 3 points, voici pourquoi il ne faut pas louper ce portrait saisissant.
Crédits photo : Affiche du film

1. L'implication de Courtney Love et Frances Bean Cobain


C'est la clé de voûte de ce documentaire : sans Courtney Love, personne n'aurait pu découvrir les milles et un secrets se cachant derrière les yeux bleus troublés du leader mythique de Nirvana. "Montage of Heck" est la première oeuvre intégralement autorisée par les proches de Kurt Cobain. L'idée de sa conception remonte à 2007, lorsque Courtney Love, la veuve du chanteur, contacte Brett Morgen. « Kurt est connu pour sa musique, mais moins pour son art. Elle avait envie de montrer ses oeuvres » raconte le réalisateur dans le making-of. Pour ce faire, elle lui confie les clés d'un garde-meubles où sont stockés tous les effets personnels de l'icône rock : ses dessins, ses cassettes, son journal intime. Carte blanche. Jusqu'au montage final, Courtney Love s'éclipsera et ne donnera aucune consigne à Brett Morgen sur le sens à donner aux 85% d'images d'archive inédites qui composent le film. Parmi elles ? Des moments tendres et doux, d'une extrême intimité, qui contribue à réhabiliter Courtney Love dans la mémoire collective, détestée par les fans et souillée par la presse de l'époque : bien plus que la poudre, l'alcool et le penchant pour l'auto-destruction, c'est l'amour qui unissait ces deux têtes brûlées.

L'autre figure essentielle à l'aboutissement du projet n'est autre que Frances Bean Cobain, la fille de Kurt Cobain et Courtney Love née en 1992. "Montage of Heck" n'aura pu se faire sans son accord pour la simple et bonne raison qu'elle dispose du patrimoine de son père. Aujourd'hui âgée de 22 ans, elle est la productrice exécutive du documentaire. On serait presque étonné de ne pas voir la jeune femme se confier à l'écran, mais il ne faut pas oublier qu'elle n'était âgée que de 20 mois lorsque Kurt Cobain s'est suicidé. « Je n'ai aucun souvenir de lui. Tu connais mieux mon père que moi. Peu importe ce que tu fais, il faut que soit réel et honnête. C'est le meilleur hommage qu'on puisse lui faire » dira-t-elle à Brett Morgen lors de leur première rencontre. Son implication a en réalité été plus que salvateur : il a permis de légitimer cette entreprise et faire tomber les doutes et réticences de tous les intervenants - le bassiste Krist Novoselic, la soeur et la mère de Kurt Cobain, son père, sa belle-mère ou son ex-petite amie. Des témoignages précieux et indispensables. Seule ombre au tableau : l'absence de Dave Grohl, illustre batteur de Nirvana et leader actuel des Foo Fighters, pourtant interviewé.

Crédits photo : ABACA

2. Un mythe démystifié


Qui est Kurt Cobain ? Tout une mythologie construite par un enchevêtrement de fantasmes l'entoure. Dans l'esprit du grand public, le chanteur de Nirvana est le porte-étendard de la scène grunge et de la génération X, la dernière grande icône du XXe siècle. En plongeant dans la vie intime de la rockstar pendant 2h25, on découvre que c'était un mari, un père, un adolescent profondément bouleversé par le divorce de ses parents. "Montage of Heck" fait descendre l'icône de son piédestal pour mieux cerner l'homme, ses peurs, ses colères, ses addictions, son envie d'être aimé. Loin d'être complaisant, le film dresse le portrait d'un garçon hyperactif, à la sensibilité exacerbée, torturé par des idées morbides, rejeté par les siens et par l'école, qui panse ses plaies et hurle son mal-être à travers ses chansons. Le succès de Nirvana ne guérira pas Kurt Cobain de ses angoisses, mais en créera de nouvelles... jusqu'à l'annihiler totalement, ce jour d'avril 1994.

C'est le destin tragique d'un être perdu qui est retracé ici, mais la manière d'y parvenir est saisissante. Les boîtes en cartons trouvées par Brett Morgen se sont révélées de véritables boîtes de Pandore. Des clichés jaunis par le temps, de vieux dessins crayonnés, des bouts de textes, des extraits de journaux intimes, des poèmes, des enregistrements, des notes en pagaille... Un trésor de près de 200 heures de contenus audio et 4000 pages manuscrites ! Autant d'éléments à déchiffrer qui, grâce à un montage habile et aiguisé, propose une introspection vertigineuse. "Montage of Heck" n'offre pas une vision sur Kurt Cobain : c'est une plongée viscérale dans l'esprit de celui-ci. Le temps de quelques scènes, il se fait même le narrateur de sa propre vie ! Fascinant.

Regardez le trailer de "Kurt Cobain : Montage of Heck" :



3. Une oeuvre qui transpire l'art


Des premières années de son existence à Aberdeen, sa ville natale, jusqu'au sommet de sa gloire, il y a une chose qui saute aux yeux : Kurt Cobain était un artiste à plein temps, 24h/24. Sa créativité, matérialisation de ses tourments, était débordante. "Montage of Heck" en est un beau témoignage. Pas le documentaire, mais la mixtape qui lui a donné son nom. Un an avant d'écrire "Bleach", Kurt Cobain compile sur un magnétophone à quatre pistes ses sources d'inspiration. « Je crois qu'il l'a fait simplement parce qu'il s'ennuyait. Il s'y est attelé et a continué. C'est devenu un projet », raconte sa petite amie de l'époque, Tracy Marander. Un curieux mélange de publicités, d'émissions de radio, de bribes de shows télévisés des années 60, de chants d'oiseaux, de dialogues de séries B et de démos de morceaux ("Blandest", "Help Me, I'm Hungry") télescopés. « C'est drôle, kitsch, plein de colère et d'éléments contradictoires. Décrire le contenu de cette cassette c'est en quelque sorte décrire Kurt Cobain » note le réalisateur. Au fil du documentaire, on découvre des dizaines de dessins et de tableaux, sombres, psychédéliques, remplis de souffrance, aux inscriptions parfois sinistres. Rarement des scènes heureuses. Kurt Cobain s'exprimait à vif et sans filtre à travers l'art - et ce à chaque instant.

Pour faire honneur à cet esprit bouillonnant, Brett Morgen a eu, très tôt, l'idée de donner vie aux oeuvres de Kurt Cobain. Littéralement. Les notes se griffonnent sous nos yeux, les peintures sont consumées par les flammes et les ténèbres, grouillent de chauves-souris, de requins, dégoulinent de sang, et se transforment en mini court-métrages terrifiants et somptueux. Lors des passages où le musicien raconte sa propre adolescence sur des enregistrements retrouvés, le documentaire bascule en film d'animation à travers le talent de l'artiste et cinéaste Hisko Hulsing. Pour toutes ces raisons, "Montage of Heck" est un feu d'artifice d'émotions. Une oeuvre virtuose !






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