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dimanche 07 mars 2021 15:49

Kings of Leon en interview : "Le succès, on le voit différemment des autres groupes"

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Les rockeurs de Kings of Leon sont de retour avec "When You See Yourself", un excellent huitième album studio. Jared Followill, bassiste de la formation, raconte à Pure Charts la création du disque, son côté personnel et cinématographique mais aussi l'impatience du groupe à remonter sur scène... et pourquoi pas en France ! Interview.
Crédits photo : Matthew Followill
Propos recueillis par Théau Berthelot.

Quatre ans et demi ont passé depuis la sortie de votre dernier album "Walls". C'est la première fois que vous laissez passer autant de temps entre deux albums !
Il y a plusieurs raisons à cela. D'abord, parce qu'on a pris beaucoup de temps pour l'enregistrer, 12 mois en tout. On n'avait jamais pris autant de temps pour faire un disque et, en réalité, on l'a fini fin 2019. On était prêts pour le sortir en 2020 mais la pandémie a mis tous nos projets sur pause. Comme on ne pouvait pas vraiment travailler ou faire autre chose en attendant, on a pris la décision de le repousser de 10 ou 11 mois, mais c'est vraiment la pandémie qui a créé ce long temps d'attente.

« Le résultat aurait pu être pire que ce qu'on voulait au départ »
Vous avez profité du confinement pour apporter les touches finales au disque ?
En vérité non, et on a été très contents de ne pas le faire. On a travaillé très dur et très longtemps sur ce projet, et on ne voulait pas continuer à retravailler et retravailler dessus indéfiniment. Le résultat aurait pu être pire que ce qu'on voulait au départ. On a donc décidé de le laisser comme ça, et on très contents qu'il sorte de cette façon. On a donc profité de cette année pour se reposer.

Vous le décrivez comme votre album le plus personnel. C'était important de se confier autant ?
Un peu... A chaque fois qu'on fait un album, on se demande toujours de quelle façon on va le faire, ce qu'on veut dire, ce qu'on veut réussir à faire... Parfois, ça donne l'exact opposé de ce qu'on voulait faire au départ. Quand on a commencé à travailler dessus, je ne pense pas qu'on avait l'intention de faire un album très personnel, on voulait juste le faire de la façon qui nous paraissait la plus juste et qui marchait le mieux. Quand on commence nos compositions, on peut aller dans une direction et certaines choses peuvent jaillir sans qu'on les attende. Donc oui, on ne s'attendait pas à écrire un album aussi personnel mais cela s'est manifesté de cette façon.

C'est pour cela que l'album s'appelle "When You See Yourself" ?
Le titre est venu quand on avait fini toutes les paroles. On a commencé à voir se dessiner un lien entre toutes les chansons : elles étaient toutes assez personnelles, elles parlent de soi, de la façon dont on se voit, d'intimité, du fait de se regarder soi-même. Ça faisait totalement sens que ce soit le titre de l'album.

Regardez le clip de "Stormy Weather" :



« On voulait ajouter un peu de mystère à notre univers »
A l'écoute du disque et de ses paroles, on sent que vous faites un bilan personnel de votre vie, c'était voulu ?
Oui un peu... Quand on a commencé à écrire l'album, on ne savait pas trop où on allait ni ce que ça allait donner. Ce qui est bien, c'est que dans ces moments-là, tu peux te permettre de gérer ce genre de choses plutôt que de faire en sorte que cela se produise de manière un peu inopinée. Si tu ne te donnes aucune barrière, aucune règle, et que tu te permets d'aborder des choses personnelles, la plupart du temps, bien plus de choses vont sortir de toi. Parce que tu ne te t'interdis pas de parler de choses personnelles, ce qu'on ne faisait pas trop auparavant.

Dans les clips et sur la pochette de l'album, vous mettez beaucoup en avant un aspect visuel noir et blanc. Pourquoi ?
C'était quelque chose à laquelle on a réfléchi avant même de commencer à écrire l'album. On a parlé de l'image que nous avons de nous-mêmes et que les autres ont de nous, mais aussi de nos insécurités. On a réfléchi aussi à la façon dont, dans le rock mais aussi dans la musique en général, il y avait beaucoup plus de mystère à l'époque qu'il y en a aujourd'hui. Maintenant, on peut tout voir, tout le monde est sur les réseaux sociaux, poste tout et n'importe quoi... Quand tu commences à vieillir et à avoir les cheveux qui tombent, tu te poses des questions. (Rires) Du coup, nous avons décidé d'ajouter un peu de mystère dans notre univers, de ne pas être si ouverts que ça, visuellement parlant. C'était un long processus, mais on a décidé d'aller dans ce sens pour nos photos, nos clips, afin d'ajouter un peu de mystère.

« Le succès, on le voit différemment des autres groupes »
Est-ce qu'on peut y voir un lien avec le côté cinématographique de l'album ?
On a vraiment eu une phase cinématographique en faisant l'album. On adore tous le cinéma, on parle tout le temps de films et de séries, c'est une des choses qui nous connecte le plus quand on est en studio. Par le passé, on a toujours essayé d'ajouter une touche cinématographique, comme si l'on écrivait la bande originale d'un film. C'est quelque chose qui est aussi inspirant pour nous que des albums d'autres groupes.

Vous dites avoir utilisé des instruments que l'on aurait pu entendre dans les albums des Beatles et de Pink Floyd. Les utiliser, c'est une façon de se rapprocher d'eux ?
En quelque sorte, le fait de les utiliser te force à être plus créatif parce qu'aujourd'hui, il y a pas mal d'instruments qui rendent les choses plus faciles. En utilisant ces instruments plus anciens, que ce soit des synthétiseurs ou des guitares, tu dois vraiment travailler dessus pour faire sortir du son, bien plus que si tu te mettais sur Pro Tools pour changer les tonalités de chaque instrument. Ça nous a poussé à aller dans une direction plus mélodique et de réfléchir bien plus à la façon dont on écrit une chanson. En un sens, c'est ce qui fait des Beatles ou Pink Floyd, des groupes si spéciaux.

Ce sont vos modèles ?
Absolument ! Ils font partie de nos influences principales. Je veux dire, sans les Beatles ou Pink Floyd, on n'aurait pas le même genre de musique aujourd'hui. Leurs empreintes sont visibles sur tout ce qui sort !



« On ne vit pas à Los Angeles, on essaie de s'en éloigner »
Pouvez-vous nous parler de "The Bandit", le premier single de l'album. Comment est-il né ?
Caleb et moi l'avons écrit dans un avion qui nous ramenait de Londres. Au milieu de l'enregistrement du disque, on devait se rendre à un événement qui se tenait à Londres. On y est allé avec Caleb, c'était une énorme soirée très cool. Dans l'avion du retour, on avait du vin rouge et 10 heures de vol devant nous. On a pas mal bu et on a écrit "The Bandit" et une autre chanson, "Time in Disguise", dans la foulée, durant ce vol. Il n'y a pas vraiment de sens caché ou profond dans "The Bandit", tout est vraiment à la surface. C'est vraiment notre version d'une histoire que l'on peut voir dans un western. Ça parle d'un braqueur de banques qui est poursuivi par plusieurs hommes. C'est assez ennuyant en fait ! (Sourire)

Dans la chanson "Time in Disguise", vous évoquez votre rapport complexe au succès. Ce succès, comment le vivez-vous ?
En vérité, on est dans une bonne position. On remplit aisément les salles de concerts, les albums se vendent assez pour que notre label accepte qu'on fasse le suivant... On ne voit pas trop les mauvais côtés de la célébrité que certaines personnes peuvent ressentir car on ne vit pas à New York ni à Los Angeles. On essaie plutôt de s'en éloigner, de cette ambiance, des paparazzi... On est entourés de bonnes personnes et de nos familles, elles nous permettent de garder les pieds sur terre et de ne pas devenir de vrais connards.

Au bout de 20 ans de carrière, c'est plus simple de s'y habituer ?
Oui... (Il réfléchit) Il y a toujours de la pression pour essayer d'avoir du succès car on ne veut pas disparaître. On veut toujours essayer de faire des bonnes chansons que le public puisse aimer. Donc oui, il y a un peu de pression mais le succès, on le voit un peu différemment des autres groupes. Pour nous, le succès ça ne veut pas dire des grosses ventes ou des bons classements dans les charts. Ça a plutôt à voir avec l'idée de respect. On veut être respectés, que les gens pensent qu'on est un super groupe et nous aimerions entrer dans l'histoire en tant que tel, et pas comme un feu de paille. C'est pour ça qu'on a toujours voulu que nos albums soient géniaux.

Ecoutez "Time In Disguise" :



« Ces tubes, ce sont nos filets de sécurité »
Ça vous fait quoi de voir que des chansons comme "Use Somebody" et "Sex on Fire" sont entrées dans la culture populaire ?
C'est génial parce que pour nous, c'est un peu comme un filet de sécurité. On sait que quand on va jouer un concert, on aura ces deux chansons que tout le monde connaît. Donc ça rend nos shows, et plus largement nos vies, plus faciles. Mais on ne veut pas que ces deux chansons soient les seules qui définissent le groupe, on veut avancer pour créer, on l'espère, des titres encore meilleurs à l'avenir.

Vous parlez aussi de "rage" à plusieurs reprises dans "Claire & Eddie" ou "Golden Restless Age". D'où vient cette colère que vous abordez ?
Ce sont deux chansons complètement différentes mais qui évoquent le même sujet. "Claire & Eddie" aborde la relation que peut avoir l'homme avec la terre. C'est une de nos chansons les plus profondes, thématiquement parlant, ça parle de Mère Nature qui dit qu'une colère va exploser si les gens ne changent pas. Quant à "Golden Restless Age", ça parle de la rage qu'on peut avoir, du fait de toujours chercher toujours la meilleure chose : la meilleure fête, le meilleur endroit où aller...

"Supermarket" est une chanson que vous avez écrite en 2009. Elle sort aujourd'hui sur cet album, soit 12 ans après : pourquoi maintenant ?
Au départ, Caleb l'avait écrite comme si c'était une chanson country, mais elle ne matchait pas avec le groupe. Il ne savait pas s'il voulait la donner à un autre artiste ou s'il allait s'asseoir dessus pour toujours. J'ai composé la musique de "Supermarket" et en la faisant écouter aux autres membres du groupe, ils ont tous aimé. On tournait autour pour essayer de trouver des paroles et on n'arrêtait pas de revenir sur cette vieille chanson country. Caleb a donc chanté ces paroles, qu'il avait écrite il y a longtemps, sur mon idée musicale, et ça collait parfaitement bien. On s'est tous sentis très rapidement connectés à cette situation.

Souvenez-vous de "Sex on Fire" :



« J'espère qu'on va revenir jouer en France »
En tant qu'artiste, comment vivez-vous cette situation sanitaire ?
C'est dur... C'est quelque chose de très dur à avaler pour nous car les concerts, c'était notre gagne-pain. C'est ce qu'on fait principalement, bien plus qu'écrire nos albums. Je dirais que faire un disque, c'est environ 10% de notre travail en tant que groupe. J'ai commencé à jouer à 15 ans, j'en ai 34 aujourd'hui donc j'ai passé plus de la moitié de ma vie sur scène. C'est vraiment dur pour le monde de la musique, mais c'est aussi quelque chose d'intéressant pour nous car ça nous permet de se poser, de se remettre en question et de réfléchir à notre vie et à notre carrière. On se dit : "Est-ce que je fais les bonnes choses ? Est-ce que je suis heureux ?". Nous avons tous vécu ça différemment mais en y voyant quelque chose de vraiment curieux.

Vous n'avez pas fait de concert en France depuis 2009 : peut-on espérer un retour pour votre prochaine tournée ?
J'espère car on adore la France ! J'ai du mal à croire que ça fait aussi longtemps que nous ne sommes pas venus. Pour notre dernière tournée européenne, on est resté en France pendant 3-4 semaines, c'était comme notre QG, et on voyageait dans toute l'Europe pour faire nos concerts. J'espère que l'album marchera très bien ici et que les gens voudront venir nous voir.

Pourquoi vous n'êtes pas venus ces dernières années ?
Je ne sais pas trop... Je pense que notre management nous a probablement dit qu'on ne vendait pas assez de tickets. Mais j'espère qu'on va revenir !
Pour en savoir plus, visitez kingsofleon.com, ou leur Facebook officiel.
Écoutez et/ou téléchargez la discographie de Kings Of Leon sur Pure Charts.

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