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dimanche 15 mars 2015 12:16

Que devient... Kamini, huit ans après le tube "Marly-Gomont" ?

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
Qui ne se souvient pas du tube "Marly-Gomont" de Kamini, écoulé à près de 380.000 exemplaires ? Numéro un du Top Singles France durant quatre semaines en 2007, le titre de "rap rural" a connu le succès grâce à un bouche à oreille viral impressionnant. "Le premier buzz de France" selon Kamini, qui a accepté de nous raconter son parcours et de nous donner de ses nouvelles.
Crédits photo : iBelhange Photo
Qui dit Kamini, dit "Marly-Gomont". « Je savais qu'un jour j'allais percer mais tu ne t'attends pas à faire un buzz comme ça du jour au lendemain, à recevoir une Victoire de la Musique deux mois après, à être le roi des ventes pendant trois mois. C'était vraiment la surprise » a confié Kamini à Pure Charts, contacté par téléphone. Et ce succès datant de 2007 n'a rien changé aujourd'hui : « Je suis toujours le même. Je m'éclate dans la vie ». Mais il lui a été difficile de durer... Et Kamini a une explication : « Quand tu es une configuration comme celle-là, soit tu es bien entouré, tu as le soutien de ta maison de disques de ton management, et à ce moment-là tu peux durer. Soit tu es mal entouré, ce qui a été plus ou moins mon cas, c'est un peu compliqué d'être fort médiatiquement longtemps ».

« J'étais mal entouré »
La faute à qui ? « Le manager que j'avais à l'époque, on a commencé tous les deux ensemble. Il y a eu des incompréhensions entre lui et la maison de disques. Je n'en veux à personne. Comme disait mon père : "Quand tu suis les décisions d'un idiot, tu es toi-même un idiot". Il faisait le pont entre moi et la maison de disques, il faisait n'importe quoi donc j'ai subi les foudres de la maison de disques. Mais moi je ne savais pas ce qu'il se passait. Il n'était pas mal intentionné mais il n'y connaissait pas grand-chose, comme moi ». Et il a assuré ne jamais « pété les plombs ». La tête sur les épaules, Kamini savait que le phénomène pouvait retomber, même s'il avait bien préparé son coup avec "Marly-Gomont" : « Je savais que ça allait marcher. J'avais très bien analysé le marché du rap. Mais je n'avais aucun réseau, j'étais complètement anonyme. Aujourd'hui, les mecs mentent, achètent des vues, bossent en maison de disques depuis dix ans... Moi c'était authentique. J'ai envoyé mon clip a cinq maisons de disques et ça a décollé grâce à un stagiaire selon la légende ».

Souvenez-vous de "Marly-Gomont" :



« "Marly Gomont" m'a rapporté beaucoup d'argent »
Avec pour ambition de signer en maison de disques, Kamini a vécu son rêve sans se poser trop de questions : « Ca me faisait peur oui et non. C'était un milieu que je ne connaissais pas. Mais je venais de la campagne, donc je savais qu'il fallait être signé ». Heureusement, grâce à sa maturité, l'artiste a su faire les bons choix. « En termes de contrat, je ne me suis jamais fait baiser. Quand tu perces à 25-30 ans, tu as le recul nécessaire, j'ai été voir un avocat, il a tout contrôlé... » a-t-il déclaré. Kamini a été très malin et a pu faire fructifier ce buzz : « Sur "Marly-Gomont", on était éditeur à 100%. Ca m'a rapporté beaucoup d'argent. On était producteurs... C'était un bon délire. J'ai investi dans l'immobilier. Des bons et des moins bons. Mais ça va, je ne suis pas du tout à plaindre ». Mais petit à petit, le succès s'est évaporé et à la sortie de son deuxième album "Extraterrien", sa maison de disques Sony Music « n'a pas été très cool ».

« Aller dans "On n'est pas couché", c'était une erreur »
« Mais nous aussi on a fait des conneries » a confié Kamini, avec humilité. L'équipe de son label n'a pas du tout soutenu son projet, selon lui : « En termes de promotion, je n'ai rien eu. On a eu un JT de 13h car c'est nous qui avons appelé, et pas la maison de disques par exemple ». Il s'est souvenu également de son passage chaotique dans "On n'est pas couché" de Laurent Ruquier sur France 2 : « Ça fait partie des erreurs que j'ai faites. Je suis le seul crétin d'artiste qui va là-bas en pensant que Zemmour va me kiffer. (Rires) Je me suis fait déglinguer sur le plateau ! J'avais rien préparé. Tout le monde m'aimait bien et je savais que Zemmour n'aimait pas le rap hardcore donc j'étais confiant. Ca a fait beaucoup de bruit, mais j'étais débutant, je comprenais pas bien les mécanismes, j'étais le mec de Province. Et c'est là que ma maison de disques aurait pu me briefer, m'aiguiller... Une émission comme "ONPC", ça se prépare. Tu tombes en face de deux snipers qui ont fait ça toute leur vie, et qui maitrisent la langue française, la littérature etc... Mais pour ma défense, mon père était décédé la semaine d'avant et je n'étais pas très en forme ».

« Avec la célébrité, ta vie va forcément changer »
Malgré tout très populaire, Kamini a parfois eu du mal avec la « célébrité brutale ». « Il faut comprendre que ta vie va forcément changer. Moi, pour montrer aux jeunes de mon quartier que je ne changeais pas, je faisais mes courses dans les mêmes magasins. Mais quand j'arrivais, les gens avaient changé, je devais faire 30.000 photos... Ca devient compliqué. Mais si tu changes de boulangerie, on va dire : "Ah tu as vu, il a changé...". C'est un cercle vicieux » a déclaré le chanteur de "J'suis blanc", qui a ressenti une pression après l'énorme succès de "Marly-Gomont". « J'étais sur toutes les radios, toutes les télés... Mais j'ai accepté les règles. Donc j'ai continué à envoyer des titres, et tu vois ce qu'il se passe. Le show business c'est pas simple. Il y a tellement de paramètres que tu ne maitrises pas, de guerres entre les gens, tes passages en radios dépendent de tellement de choses, de ce que untel à dit à untel il y a quinze jours... ».

« Les rappeurs ne parlent plus français »
Selon Kamini, « les radios appauvrissent la puissance de la scène française et l'individu. Sur une heure quand tu passes sept fois la même chanson, ça va... Il faut arrêter de déconner. Il faudrait élargir les cases... ». Et le rap d'aujourd'hui, même s'il lui reconnait parfois beaucoup de créativité, n'est pas à la hauteur : « Je n'ai pas envie de me créer des problèmes, mais on est dans une ère où les rappeurs ne parlent plus français, ils ont des codes de langage dans tous les sens, tu peux faire des rimes en disant tout et n'importe quoi. Ce qui me désespère c'est que le public aime quand les mecs ont des kalachnikovs, ils se prennent pour des tueurs... Je trouve ça tellement idiot. Ça ne sert à rien. Va en Afghanistan si t'es un guerrier ! Va faire la guerre avec les malades ! Dans 99% ce n'est pas vrai, les rappeurs sont des bons gars. Mais la violence, il y en a trop. Les textes sont tellement creux, tellement redondant. Il n'y a pas de créativité, pas d'idée, pas de concept. On est dans une société où on prône n'importe quoi. Le but du rap, ce n'est pas ça, c'est d'ouvrir les consciences ».

Regardez un extrait du spectacle de Kamini :



Aujourd'hui, Kamini se fait un peu plus discret et fourmille de projets, sans avoir répondu aux sirènes de la télé-réalité , même s'il serait tenté par "Danse avec les stars" : « La célébrité juste pour la célébrité, ça ne m'a jamais intéressé. On m'a proposé de faire "La Ferme", plein de trucs... Vous êtes malades ou quoi ? Et ceux qui vont chez Morandini pour dire "J'ai des problèmes". Avant quand tu étais une star, tu n'en avais rien à foutre de dire que tu avais des problèmes. Il faut rester normal. La vie est compliquée pour tout le monde ». Désormais, Kamini rêve d'une carrière d'humoriste avec un spectacle qu'il écrit depuis 2009 : « Là je commence ma carrière à l'endroit, pas comme avec Marly Gomont. Je commence avec les mêmes galères que tout le monde, les scènes ouvertes, les petites scènes, faire la première partie de Denis Maréchal au Trévise, j'ai été au festival de Montreux... Je commence le métier par la petite porte. C'est tout le contraire qu'avec Marly Gomont. En quinze jours, j'étais au Grand Journal ! Faire les choses dans l'ordre, c'est comme ça que tu dures. On m'a proposé de faire des théâtres à Paris, mais j'ai refusé. Je ne suis pas encore prêt, je rode partout en Province ».

Un nouvel album en préparation


Dans son spectacle, Kamini y évoque la célébrité, son métier d'infirmier, sa vie à Marly-Gomont, son père ou le racisme. La montée du Front National, il l'explique d'ailleurs : « Il y a deux partis, gauche et droite, qui se partagent le pouvoir pendant des années et font n'importe quoi à tour de rôle. C'est mathématique, une partie du peuple va se tourner vers une solution radicale ». Mais « les partis extrêmes n'ont jamais résolu les problèmes » a-t-il tenu à rappeler. Boire un verre avec Marine Le Pen, comme l'a récemment proposé Madonna ? Pourquoi pas ! « François Hollande s'est déjà retrouvé en face de Marine Le Pen, et il n'est pas mort, non ? Le débat fait avancer les choses ». En attendant, Kamini se concentre sur son spectacle et a vendu un scénario de long-métrage qu'il a écrit, racontant l'histoire de son père arrivant en France. Cependant, il n'a pas tourné la page et continue d'écrire de nouvelles chansons comme "Illuminati". Un nouvel album en indépendant est toujours préparation et devrait sortir avant l'été.

Retrouvez Kamini sur son site officiel et sa page Facebook officielle
Ecoutez et/ou téléchargez la discographie de Kamini sur Pure Charts !

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