Crédits photo : Emma Birski
« Je m'appelle Mathilde et aujourd'hui j'ai 26 ans ». Hoshi a décidé de faire tomber le masque pour la première chanson de son troisième album, qui sortira à la rentrée prochaine. Deux ans après le diptyque "Sommeil levant / Etoile flippante" (plus de 100.000 ventes), ce titre en forme de mise à nu annonce un futur disque à la tonalité très intime. Car dans "Mauvais rêve", Hoshi fait un autoportrait, un bilan de 26 années qui n'ont pas été épargnées par les coups durs. Sur une berceuse en crescendo, elle débute par sa naissance « prématurée » et les premières brimades à l'école : « La vie a l'air facile je viens d'avoir 4 ans / Je me suis trompée de file je voulais être avec les grands / Je me cachais sous la table on m'a volé mon cartable / Oh non, j'ai dû faire un mauvais rêve ». Une phrase qu'elle répète fatalement à la fin de chaque couplet, conçu comme les pages d'un album souvenir.

"Oh non, j'ai dû faire un mauvais rêve"

Aujourd'hui heureuse et en couple avec sa compagne Gia, Hoshi a découvert à 7 ans sa différence, et le rejet qu'en fait la société. « Suis-je garçon ou fille pourquoi personne me comprend / Et dès que sonne la récré je me fais insulter » se remémore-t-elle, dépeignant plus loin la violente agression lesbophobe dont elle a été victime au collège : « Je regarde un peu les filles j'ai maintenant 14 ans / J'ai les yeux qui brillent dois-je le dire à mes parents / On m'a frappé la tête contre la neige devant tout le collège / Oh non j'ai dû faire un mauvais rêve ». Si les paroles sont sombres et qu'elles évoquent ses « crises d'angoisses » récurrentes, son incapacité à trouver sa place dans le monde, "Mauvais rêve" est aussi injecté d'espoir puisque Hoshi y relate sa passion pour la musique, qui la sauvera : « Je chante "Ta marinière", je vais mieux, j'ai 21 ans / À la fin des concerts, le public m'attend ».

Regardez le clip "Mauvais rêve" de Hoshi :



Un rêve qui va virer au « cauchemar » lorsqu'elle embrassera une danseuse en direct à la télévision lors des Victoires de la Musique 2020, pour défendre l'amour pour tous. Le début d'une vague de haine et de cyberharcèlement qui se poursuit encore avec des menaces et l'inaction de la justice, comme elle s'en alarmait début janvier. « Je fais de la musique y a rien d'effrayant / La méchanceté est gratuite mais les efforts seront payants » martèle-t-elle sur ce single, évoquant aussi les attaques sur son physique par le journaliste Fabien Lecoeuvre et la maladie qui la rend progressivement sourde, et causera, tôt ou tard, l'arrêt de sa carrière. « Même quand la vie s'acharne, il faut savoir percevoir dans le noir la petite fêlure par laquelle saura s'immiscer la lumière » souligne la chanteuse, combattive, qui apparaît aux côtés d'une version plus jeune d'elle-même dans le clip très esthétique de "Mauvais rêve", où le blanc et le noir s'affrontent dans une lutte sans fin. Hoshi finit par brandir son « coeur parapluie ». « J'sors un nouvel album est ce qu'il va toucher les gens ? J'espère, moi je veux juste vivre mon rêve » conclut-elle, le coeur « rempli de sentiments » qu'elle ne demande qu'à partager. Un cri des entrailles !