mardi 25 décembre 2012 15:06

Olivia Ruiz : "Je trouve ça fainéant de défendre des reprises"

La fin de l'année a marqué le retour d'Olivia Ruiz après trois ans d'absence. La chanteuse française, révélée il y a onze ans dans la toute première saison de la "Star Academy", évoque pour Pure Charts son nouvel opus "Le calme et la tempête", qu'elle a écrit seul, sa façon d'écrire des histoires tristes sur des mélodies gaies, les questions qu'on se pose à la trentaine ou encore le mariage pour tous, les albums de reprises et... la fourrure de lapin ! Entretien.
Crédits photo : JB Mondino
On est là pour parler de cet album, qui sort trois ans après le précédent. Ca paraît long... C'est le bon rythme pour toi ?
Oh, il n'y a pas de rythme ! Pour moi, ça a été le bon rythme. J'avais besoin d'autre chose. Le projet big band avec le Red Star Orchestra... Il y a eu le film avec Jugnot et Berléand. Ca faisait beaucoup de choses qui ont rempli ces années-là. Et puis j'avais besoin de vivre un peu, de voyager. Juste de vivre.

Pour être inspirée ?
Non, parce que vraiment, pendant dix ans, j'ai eu très, très peu de vacances. Les choses se sont enchaînées à une vitesse incroyable. Donc juste besoin de me retrouver avec des gens nouveaux, tout ça.

« Ma vie, est-ce que je la vis à fond ou je m'économise ? »
Pourquoi "Le calme et la tempête" ? C'est le titre d'une chanson, est-ce que c'est celle qui résume le mieux l'album ?
Elle est marrante l'histoire de cette chanson. Quand j'ai amené cette chanson, mon producteur m'a dit "Mais non Olivia, cette chanson c'est pas une chanson, c'est un happening". Donc je lui ai dit "Mais quand même, il y a un refrain... « Où allons-nous mon bel amour »...". Il me répond "Oui, mais tous tes accords, tes couplets, ça part dans tous les sens". Je lui dis "Oui mais je le vois vraiment comme une chanson-happening". Il me la met de côté, on en fait d'autres, et j'y revenais sans cesse. Et une fois qu'on l'a terminée, c'est devenu sa préférée de l'album. Comme quoi, quelques fois il faut savoir s'accrocher. Pour moi, elle symbolise bien les questions existentielles qui t'arrivent dans la tronche quand tu passes les 30 ans.

Quel genre de questions ?
Un espèce de truc, un tiraillement : le fait d'être confronté à des vrais choix, l'ambivalence des sentiments... On a tous eu à un moment donné cette question qui était de se dire "Mais qu'est-ce que je fais ? Ma vie, est-ce que je la vis à fond et je profite de tout sans limite, ou je m'économise, je fais attention à moi ?". Et c'est vrai que moi, je suis typiquement entre les deux. Je ne mange que bio et je fais du sport, et à côté de ça, je peux faire la teuf jusque 8h du mat et coucher tous mes potes. Et ce truc de courir tout le temps mais d'avoir, à un moment, besoin d'un grand coup de frein, pour savoir dans quelle direction on court, pour reprendre sa course avec un peu plus de sens... Il y a tout ça.

Dans ce titre, on entend des bruits de pas de quelqu'un qui court...
C'est moi qui cours dans Brentwood, le quartier chic de Los Angeles avec tous les voisins qui regardent en train de se dire "Mais que fout cette nana devant chez Tony Berg avec un iPhone en train de courir comme ça, de faire des allers-retours en godillots... ?".

Et ces bruits de pas, et le bruit du vélo sur "L.A. Melancoly", comment ça te vient ?
Les pas, je savais tout de suite qu'il y ait, quelque part, l'idée suggérée de la course. Et de façon très anxiogène, il fallait qu'il y ait le bruit de la course. Le vélo, c'était très drôle parce que j'étais à l'extérieur du studio, on était en train de bosser sur "L.A. Melancoly". Mon guitariste sort et je lui dis "Putain ! Une roue de vélo". Et là il me répond "Tu le crois même pas, on était dedans, Tony vient de dire précisément la même chose". Là tu te dis que c'est bon, on est vraiment dans le travail, on est vraiment connecté tous les deux pour co-produire ce disque, en ne faisant qu'un.

« Les journalistes arrangent quelques fois les choses à leur sauce »
L'an dernier, dans une interview où tu évoquais l'avancée du projet, tu parlais d'un album sombre. Clairement, tu n'as pas changé d'avis depuis...
Mais... Je ne trouve pas que cet album soit sombre. Les journalistes arrangent quelques fois les choses à leur sauce... Tout ce que je disais, c'est que c'est devenu ma touche, finalement. Et même à mes dépends. Je ne sais pas écrire 100% gai. C'est rarissime que j'y arrive. Finalement, quelque part, ce que je pensais être une difficulté est devenu une identité. J'aime les musiques enjouées avec les textes plutôt sombres. J'aime ça dans mes lectures de romans, dans les pièces que je vais voir. Et sans même le concevoir, je me retrouve à avoir ce procédé qui est récurrent sur mes disques.

Découvrez le clip "My Lomo & Me" d'Olivia Ruiz :
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Tu t'en es rendu compte tout d'un coup ?
Ca se fait même sans y penser. Mais quand plusieurs fois, ça revient de la part des journalistes... Donc oui, je choisis souvent des histoires tristes, cruelles ou violentes... Je pense aux "Crêpes aux champignons" par exemple, ou même "My Lomo & Me". C'est quand même une malade, cette fille...

Et puis c'est aussi un peu triste...
Oui. Je ne sais pas si c'est très triste...

Si tu es obligée d'aller regarder le bonheur des autres pour essayer d'être heureuse, ce n'est pas particulièrement gai !
Oui. Mais le bonheur qu'elle voit, ce n'est pas le bonheur !

C'est encore plus triste alors ! C'est doublement triste !
Non, justement. Ce que raconte cette chanson c'est qu'on a tous plein de filtres qui transforment notre perception, et finalement ce qu'on voit, c'est juste ce qu'on a envie de voir. Donc tachons de retirer les filtres pour voir que le bonheur est peut-être juste là. Et qu'on est souvent dans un fantasme. Pour moi, la morale de cette chanson est plutôt très positive. Particulièrement dans le clip où c'est montré, alors que ce n'est qu'évoqué dans la chanson.

« Ce qui est beau, dans les êtres, c'est leur fragilité »
Tu parles beaucoup d'amour difficile sur cet album. Il y a l'amour où tu piques, l'amour où on te ment, l'amour qui est parti... L'amour gai, ce n'est pas intéressant ?
Dans "L.A. Melancoly", il y a ce truc-là. Puisque cette fille qui est folle amoureuse de son petit Cubain, elle dit merde à tout le monde. Elle s'en fout. Elle s'en fout qu'on se moque d'elle. Elle est dans l'instant présent. Même dans "Les larmes de crocodile". Quand ce personnage raconte tout son désarroi, elle est pile à ce moment du rebond. Le moment où le désespoir fait place à la remontée en puissance. Parce que la chanson se termine par "Demain, j'aurai de nouveaux yeux pour aimer, pour chérir, et pour croire au bon Dieu". Ce qui est beau dans les êtres, et moi je n'écris que sur les gens, c'est leur fragilité. Ce qui m'intéresse c'est ça, leur douleur, la façon dont ils s'en sortent, l'énergie du désespoir. Et en même temps, la dédramatisation aussi. "Les larmes de crocodile", c'est l'exemple parfait. Le regard de la maman vient remettre les choses à leur place. Quand elle dit "pleure, tu pisseras moins souvent", il y a ce côté "Ma grande, tu pleures, c'est affreux, mais t'en verras d'autres", "T'es pas la première ni la dernière à qui ça arrive"... Il y a "Oui c'est injuste, mais la vie est injuste"... Il y a tout ce truc-là.

C'est marrant parce que la façon dont tu l'expliques est très différente de la façon dont je l'ai perçue... J'entends la fille qui pleure, toute seule, et dont la mère n'a rien à faire quand elle lui dit "Pleure, tu pisseras moins"... Je la vois plus triste que toi, cette chanson !
Ah oui, en effet ! (Rires) Mais oui, je pense qu'on va parler de toi ! (Rires) Non, c'est la lumière, son attitude. C'est un problème de perception je suppose. Cette chanson est partie d'une seule phrase en fait. "La Seine est triste depuis qu'elle a bu nos adieux". Tout à coup, j'étais en train de me promener dans Paris, je me perds, je me retrouve sur un pont à regarder l'eau et j'imagine une fille en train de pleurer avec d'énormes larmes, des gouttes qui seraient l'équivalent d'une carafe d'eau, et la Seine qui monterait à cause de ça, Paris être inondé à cause d'une fille qui pleure. Tout est parti de là. Et la phrase de la maman est arrivée très tard. Je trouvais la chanson trop triste, j'ai voulu alléger tout ça avec un peu d'humour, et cette phrase est arrivée.

Tu écris sur des personnages, mais est-ce que tu écris aussi sur toi ?
Rarement, c'est vrai. Mais tous ces personnages sont nourris par mon vécu, mes émotions à moi. On ne parle que de ce qu'on connaît. Si je n'avais jamais été triste de ma vie, je ne pourrais pas écrire sur une fille qui est triste. Si je n'avais jamais perdu quelqu'un dans ma vie, je n'aurais jamais pu écrire "Volver". D'ailleurs, "Volver", c'est peut-être la seule qui est 100% autobiographique. Parce que je me suis un jour retrouvée démunie à vouloir prendre mon putain de téléphone pour appeler cette personne que j'aime tant et qui n'est plus de ce monde. J'étais seule à Los Angeles et je n'avais qu'une envie. Du coup, tout se bouscule dans ta tête. Tu te dis "Mais je peux pas, il est au ciel" parce que t'as entendu cette phrase depuis petite. Tu te dis "Mais s'il est au ciel, si je grimpe sur une échelle, si je saute d'un avion, peut-être que je peux le retrouver, le faire revenir pour qu'il me prenne dans ses bras parce que là j'ai vachement besoin d'entendre tous les mots rassurants qu'il avait". Il y a quand même ça. Mais à part "Question de pudeur", qui parle de ma grand-mère, et "Volver", il n'y a pas vraiment de chansons autobiographiques là-dedans.

Dans la chanson "Crazy Christmas", tu dis "even if I killed the dog"... Ce n'est pas du tout autobiographique, là !
Non ! (Rires) Je ne fais pas de mal aux animaux... bien que j'en porte du temps en temps ! (Rires)

Tu vas te faire asperger par des manifestants, un jour !
Oui, je sais... ! Je ne porte aucune fourrure, mais c'est vrai que le lapin, c'est difficile de culpabiliser d'en porter alors qu'on est capable d'en manger sans problème... s'il est bien préparé ! (Rires)

« Je m'empêche de faire du littéral ! »
Dans ta façon d'écrire, tu demandes quand même un minimum d'attention et d'implication de la part de la personne qui t'écoute... Ca tranche avec beaucoup des choses qu'on entend à la radio, qui sont souvent très littérales...
Je m'en empêche de faire du littéral !

Est-ce que les artistes ne seraient pas un peu légers ? Fainéants ?
Ah non, moi je trouve des trucs géniaux.

Peut-être moins dans ce qui se vend bien, alors...
Ah... Je n'ai pas la radio, pas la télé... Quand j'écoute quelque chose, c'est parce que j'ai fait la démarche d'aller l'écouter. Donc en général, je vais sur Deezer, j'écoute les extraits et ensuite j'achète soit sur iTunes, soit dans des magasins de vinyls. Parce que les CD ont perdu de leur charme. Plus ça va, plus je me rends compte que je consomme surtout du vinyl et du téléchargement légal. Donc je ne me rends pas trop compte de ça. Et au supermarché, c'est le seul moment où j'entends vraiment de la musique que je n'ai pas choisi d'entendre. Ou dans les taxis. Et dans les taxis c'est souvent FIP ou Nova, donc c'est vachement bien. Donc je ne me rends pas vraiment compte...

C'est peut-être pas plus mal !
Moi je n'ai trouvé que des trucs super. Dans les derniers concerts que j'ai faits, j'ai vu François and the Atlas Mountains, j'ai trouvé ça très inventif, même si je n'ai pas tout aimé. La petite Christine and the Queens, elle fait un spectacle incroyable, elle est toute seule sur scène, elle a une mise en scène géniale. J'ai vu plein de trucs qui m'ont fait dire que la scène française se portait bien, même celle qui ne chante pas en français, d'ailleurs. J'ai vu aussi Lou Doillon... J'ai vu des concerts où je me suis dit que par ces temps de crise, c'était assez miraculeux qu'on arrive à avoir une telle richesse.

« Avec un album de reprises, j'aurais l'impression d'abuser du public »
Donc tu es passé à côté des Prêtres, des Marins d'Iroise, des Stentors... On reprend les mêmes titres à des sauces différentes.
J'ai beaucoup de mal avec ça, avec la reprise. C'est d'ailleurs pour ça que je n'ai pas communiqué sur le projet jazz (l'EP "Olivia Sings for the Red Star", ndlr). Parce que je trouve ça trop fainéant de défendre des reprises quand t'as pas trente ans de carrière. Je trouve ça abusé. J'adore reprendre des morceaux et il y en a plein que j'ai vraiment faits miens à force de les reprendre - des Marilyn, des standards de jazz, du big band et tout - mais je n'assumerais pas, perso, et je ne serais pas à l'aise avec ça. J'aurais l'impression d'abuser du public.

C'est marrant du coup, d'avoir fait cet EP de reprises alors que tu dis que tu n'assumerais pas...
Ah non, je l'assume complètement ! Mais je n'ai pas fait de promo, je ne l'ai pas sorti dans les bacs ! Il est sur Internet. Aujourd'hui, pour la sortie de ce nouvel album, j'ai un planning de ministre. Mais je n'ai pas donné une seule interview pour le big band ! J'ai dit "c'est un projet récréatif, c'est à nous" au grand désespoir de certains. Je n'ai pas voulu que ça sorte. Finalement, par rapport au gros boulot qui avait été fait par les garçons j'ai dit "OK, on le met sur iTunes". Tombera dessus celui qui a vraiment, vraiment envie de savoir qu'il y a une petite nouveauté sur mes projets. On l'a mis sur Facebook, vite fait mais voilà. Je ne l'ai pas du tout défendu comme un album. C'était un projet récréatif. Je veux bien faire plein de reprises sur scène et kiffer avec, mais je ne me sens pas de défendre un album de reprises avec la même énergie que demande un album. J'aurais l'impression d'être devenue une grosse fainéante.

C'est peut-être aussi parce que tu es auteure ! Il y a plein d'artistes qui n'écrivent pas leurs titres donc techniquement, même les titres originaux sont en quelque sorte des reprises pour eux...
Mais tu te rends compte tout ce qu'on a d'auteurs et compositeurs géniaux en France à ce jour, au moment où on se parle. Des gens qui écrivent des trucs dingues et que personne ne connaît ? Pas forcément que ceux avec qui j'ai bossé, mais je pense à Néry. Personne n'écrit comme ça en France, c'est de la grande poésie pour moi. Et il écrit peu pour d'autres. C'est un manque de curiosité aussi quelque fois. Parce que des auteurs-compositeurs de talent en France, tu tapes dans un arbre, il en tombe dix !

Donc il y a une certaine fainéantise de la part de certains artistes...
Ah non mais attends, chacun fait ce qu'il veut ! Moi je le ressentirais comme ça, ça n'a rien à voir. Chacun fait sa vie, je respecte les gens. Et je respecte ceux qui achètent les disques. Mais moi, je ne pourrais pas.

Crédits photo : JB Mondino
Est-ce que, au moment de sortir ce quatrième album, il y a encore de la pression ?
J'ai la pression quand je fais des plateaux télé, du live, ce genre de choses. Je ne me sens pas toujours dans mon élément. Par contre, pour l'album, j'ai tendance à me dire que quoi qu'il se passe, tout ce que j'ai vécu est tellement dingue... Et maintenant que je me sens vraiment citoyenne du monde, quoi qu'il se passe, je peux tout faire. Je peux partir vivre à Cuba, à Los Angeles, retourner dans mon sud, écrire des nouvelles, des chansons... Donc bizarrement, je n'y pense pas beaucoup ! Ou peut-être que je n'ai même plus le temps d'y penser à cause de mes journées promo très chargées ? (Rires) C'est peut-être mieux !

Donc aujourd'hui, si tout devait s'arrêter, ce ne serait pas trop grave ?
Je n'y pense pas, surtout. Je n'y pense pas et j'ai tendance à me dire que j'ai vérifié que je pouvais vivre une autre vie ailleurs, que j'étais quelqu'un qui était capable de s'adapter, tout seul, et de changer de vie si - j'imagine le pire - c'était un échec total... Donc au pire, si les ventes de disques ne sont pas à la hauteur, à côté de tellement de choses plus graves... J'en sais rien !

« Le débat sur le mariage gay et l'adoption devrait être réglé depuis très longtemps »
En tant que citoyenne du monde, tu es aussi une citoyenne française. Comment vis-tu ce qui se passe en ce moment, on vit une époque très politisée, on parle du mariage pour tous, de la crise à l'UMP, du racisme qui s'est retrouvé au coeur de cette campagne pour la tête de l'UMP d'ailleurs. Tu n'es pas une artiste engagée dans tes textes mais...
... pas du tout. Quoique, "LA Melancoly" pose la question du tourisme sexuel en toile de fond, de la différence de classe sociale, et du problème de vivre une histoire avec quelqu'un qui a une grosse différence de classe sociale. La morale est que tout est possible si on a envie d'y croire. Mais quel regard je porte sur tout ça ? Je pense qu'il faut laisser le temps au temps. On vient juste de changer de gouvernement. Je crois qu'il ne faut pas être pressé. Et en même temps, il y a des débats comme celui du mariage gay ou de l'adoption qui devraient être réglés depuis très longtemps.

C'est-à-dire ?
La France incarne beaucoup la modernité et l'ouverture d'esprit à l'étranger. Il y a un moment où le rayonnement de la France à l'étranger passe aussi par ce genre de lois qui devrait être en place, selon moi, depuis déjà extrêmement longtemps. Quand on réfléchit, c'est dans les années 80 que l'homosexualité a été reconnue comme n'étant pas une pathologie... Tu te dis que c'est quand même très tard ! J'étais déjà née quand la France a enfin accepté l'homosexualité ! Je trouve qu'il y a un retard qui ne correspond pas à l'image que la France devrait donner d'elle à l'étranger. On est moderne dans tellement de choses. On a presque inventé le rap conscient, les arts de rue, il y a une modernité dans le langage avec le verlan. Il y a beaucoup de choses très modernes alors pourquoi pas ça ?
Toute l'actualité d'Olivia Ruiz sur son site internet officiel et sa page Facebook.
Écoutez et/ou téléchargez la discographie d'Olivia Ruiz.

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