lundi 14 septembre 2009 0:00

Najoua Belyzel en interview

A l'aube de la sortie de son second album, "Au féminin", prévu le 23 novembre prochain, Najoua Belyzel nous a accordé une interview exclusive, revenant sur la genèse de son disque et l'image qu'elle véhicule, souvent malgré elle, dans le paysage musical français.
Bonjour Najoua, heureux de te retrouver suite à la première interview que tu nous avais accordée à la parution de ton premier album il y a trois ans. Justement, quelle est la différence fondamentale entre "Entre deux mondes", et ce nouvel opus "Au féminin", disponible le 23 novembre prochain (Thierry Cadet, Rédacteur en Chef adjoint) ?
Najoua Belyzel : Déjà, c'est un album beaucoup plus réfléchi, même si mon équipe reste la même. Nous avons pris le temps de penser chaque chanson, de présenter une espèce d'album-concept aussi, un concept qui se décline en trois parties, avec chaque fois un interlude différent, que vous découvrirez à la sortie du disque. Et puis aussi, il y a une grande différence dans les arrangements. Le premier album sonnait très 80's, alors que pour "Au féminin", on s'est attardé sur le côté live. Il y a moins de programmations et plus d'instruments, notamment des cordes - ce qui se vérifie plus encore sur la version quatuor à cordes de "Quand revient l'été".

Pourtant, on a le sentiment que tu n'as pas vraiment pris de recul, puisque régulièrement depuis deux ans, un single parait. Il y a eu "Quand revient l'été" (Top 10 en 2007), puis "La bienvenue" (Top 9 au printemps dernier)...
C'est vrai. Et c'est à double tranchant. D'un côté, cela m'a permis de rester présente, mais de l'autre, j'aurai pu entrainer une surmédiatisation qui aurait pu m'être fatale.

Quel est ton verdict finalement ?
(rires) Ça va. Mes deux derniers singles ont été très bien accueillis. Je ne peux en soutirer que du positif.

Qu'en sera-t-il de ta version du tube de Marie Laforêt, "Viens, viens", apparue sur le Web il y a un an ?
Elle ne devrait pas figurer sur l'album. Cette reprise a été enregistrée, surtout parce que j'adore l'interprète que j'ai récemment découverte, mais aussi comme un test. Elle s'est retrouvée “leakée” sur Internet, comme c'est souvent le cas...

Concernant ce prochain album à paraitre le 23 novembre, pourquoi a-t-il pris autant de retard, on murmure que tu as perdu la moitié des bandes...
C'est vrai. Nous avons eu un problème électrique au studio, suite auquel nous avons perdu une demi-douzaine de morceaux. Il a fallu tout recommencer, mais finalement cela n'en est que bénéfique car nous avons revu les arrangements à la hausse (sourire). C'est à dire que les chansons ont eu le temps de murir, et que du coup, nous avons ajouté des sons que nous n'avions pas sur les premières versions, et cela nous a permis de les enrichir dans le bon sens. Et puis, heureusement les voix ont été sauvées ! Parce que j'avoue que j'aurai probablement eu du mal à retrouver l'émotion que j'avais ressentie lors des premiers jets.

Si "La bienvenue" a été travaillé il y a quelques mois déjà, avec notamment un clip magnifique, quel sera le premier extrait officiel de l'album ?
Probablement "Ma vie n'est pas la tienne". Je le souhaite en tout cas, nous sommes en train d'en discuter avec mon équipe. Mais il y a des chances que "M (Hey Hey Hey)" soit retenu également.

Visionnez le clip de Najoua Belyzel, "La bienvenue" :
Le player Dailymotion est en train de se charger...


Une équipe qui, comme tu le disais tout à l'heure, est la même que sur le premier album ?
Du côté artistique oui, mais pas du côté du label. Si Christophe Casanave est encore là, et heureusement car nous avançons tous les deux en binôme, j'avoue que j'ai été déçu du travail du label sur mon premier album. Après "Gabriel" (Top 3 en 2005), "Je ferme les yeux" (Top 13 en 2006) et "Comme toi" (Top 16 en 2006), j'aurai aimé bénéficier d'un nouvel extrait. Je pense que nous ne sommes pas allés assez loin dans l'exploitation de cet album. "Docteur gel" ou "Stella" (ndlr : un titre que chantait également Steeve Estatof sur son premier album - offert par Najoua), étaient des chansons qui me tenaient à cœur également, et que j'aurai aimé défendre, mais bon...

Sur ce nouveau disque, on note un invité de marque, Marc Lavoine en duo avec toi sur "Viola". Comment est née la rencontre ?
Grâce à Christophe Casanave. Marc Lavoine a de nombreuses fois travaillé avec Christophe, notamment sur "Toi mon amour", ou plus récemment sur "La semaine prochaine", "Les rêves américains", "La grande amour", "Lentement". Marc est venu rendre visite à Christophe en studio pendant que nous travaillions sur mon album. Il en a écouté des extraits et s'est gentiment proposé d'enregistrer "Viola" en duo, sans en reprendre un seul mot. Il a été touché par mon texte et ça, c'est énorme pour moi (sourire) ! Aujourd'hui c'est ma chanson préférée sur mon album, et je trouve que les deux voix amènent une autre dimension qui n'existait pas sur la première version. Et puis Marc Lavoine quand même... La gente féminine dont je fais partie ne pouvait pas rêver mieux (sourire).

Le thème de "Viola" est très dur, on a le sentiment que tu t'attardes souvent - comme sur le premier album avec "Docteur gel", ou récemment avec "La bienvenue" qui traite d'un enfant non désiré, à trouver des thèmes difficiles et novateurs à la fois...
Je ne fais que raconter en musique ce que j'ai vécu ou ce que je vois autour de moi. "Docteur gel", et ce n'est plus un secret pour personne, je l'ai vécu personnellement. Si cette chanson a pu aider, ne serait-ce qu'une seule personne, a en parler, alors c'est gagné. La pédophilie, le viol, sont des sujets trop graves pour rester sous silence. Par contre, j'ai une anecdote à propos de "Viola". En faisant quelques recherches sur Internet, je me suis rendu compte que le prénom Viola existait et que même, une certaine Viola Gregg Liuzzo, née en 1925, était une militante blanche des droits civiques dans le Michigan. Mère de cinq enfants, elle a été assassinée par des membres du Ku Klux Klan après les Marches de Selma à Montgomery en 1965. Son histoire est bouleversante. Après sa mort, elle fut le sujet d'une campagne de désinformation du FBI visant à entacher sa réputation. Le plus troublant est que je ne connaissais pas son existence quand j'ai écrit le texte de "Viola".

J'ai le sentiment qu'il y a une marge entre ce que pensent les médias de toi, et même une certaine partie du grand public qui te range aisément dans le registre de chanteuse pop/dance FM, et les idées fortes que tu véhicules réellement derrière tes ludiques mélodies. Chacun de tes textes est pensé, tu ne laisses rien au hasard ; ne penses-tu pas qu'il serait temps que les gens te perçoivent à ta juste valeur ?
Si tu le dis, merci beaucoup. De savoir que le travail que nous effectuons mon équipe et moi est bien perçu, ça me touche vraiment...

Tu m'avais dit lors de notre premier entretien, ne pas connaitre en détails le travail de Mylène Farmer, à laquelle tu es souvent comparée... Qu'en est-il aujourd'hui ? Ne tends-tu pas le bâton pour te faire battre avec un texte comme "M (Hey Hey Hey)" ?
Je suis contente que tu me parles de ça parce que je voulais remettre les pendules à l'heure à ce sujet. "M (Hey Hey Hey)" s'adresse en effet à Mylène Farmer. Mais c'est juste une manière de lui dire que je la respecte, que je respecte son travail, et que je ne la courtise pas. Maintenant, ma position n'a pas changé depuis la dernière fois, je connais la chanteuse bien sûr, mais pas vraiment son œuvre, même si j'ai eu le temps depuis de me pencher sur le sujet, notamment parce que j'utilise les mentions Tristana ou XXL dans le texte... Nous avons quelques thèmes en commun, certains arrangements, mais ça s'arrête là. Et j'en profite également pour dire combien je déteste que mes fans, comme les siens, nous opposent en permanence. Cela m'attriste plus qu'autre chose parce que nous n'avons rien demandé, elle comme moi. Tu sais, il y a même des “guéguerres” sur le Net entre nos différents fans, c'est devenu n'importe quoi et j'aimerai que ça cesse.

Avez-vous des fans en commun ?
Oui. Comme quoi on peut à la fois aimer Mylène Farmer et être sensible à mon univers. Les deux sont dissociables et compatibles à la fois, sans pour autant entrer dans des polémiques à n'en plus finir.

Ecoutez trois extraits de l'album de Najoua Belyzel :


Justement, Charts in France propose actuellement aux internautes de remixer la chanson "M (Hey Hey Hey)", et au gagnant que tu choisiras d'empocher 1 000 euros !
En effet ! Et c'est une très bonne idée. Merci à vous !

Pour finir, qui est "Jérémie" sur ce nouvel opus ?
La chanson "Jérémie" traite de la vie d'un gay bien dans sa peau, et qui donne du bonheur aux gens qui l'entourent. J'en avais assez des clichés péjoratifs sur les homos. J'ai voulu raconter l'histoire d'un p'tit gars normal finalement, un p'tit gars qui rayonne.

Avec ta grande part de fans chez les homos, "Jérémie" risque fort de devenir un hymne gay, en as-tu conscience ?
Si c'est le cas tant mieux, je ne peux en être que flattée, mais je ne l'ai pas écrit pour ça.

Merci Najoua de ta franchise !
Merci à toi aussi Thierry.
Pour participer au jeu-concours Najoua Belyzel, remixer le titre "M" et gagner 1000 euros, cliquez sur ce lien.
Pour en savoir plus, visitez najouabelyzel.com, ou son Blog officiel.
Pour écouter et/ou télécharger le dernier single de Najoua Belyzel, "La bienvenue", cliquez sur ce lien.
Visionnez le clip de Najoua Belyzel, "Quand revient l'été" (2007) :

Visionnez le clip de Najoua Belyzel, "Gabriel" (2005) :

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