Entre Gaza et Israël, rien ne va plus et les conflits de mots sont devenus des conflits d'armes. La situation s'enlise. Et si les gouvernements trainent du pied pour entrer en action, certains artistes ont déjà pris la parole. Le 7 octobre, le groupe toulousain Zebda a délivré un titre inédit dont il a signé la musique alors qu'il a confié l'écriture de son texte à Jean-Pierre Filiu, professeur à Sciences Po et spécialiste du monde islamique. Ce dernier a d'ailleurs publié cette année un ouvrage sur le sujet, "Histoire de Gaza", aux éditions Fayard. Selon France Info TV, le groupe et le professeur se sont rencontrés en Syrie en 1998, sous le régime d'Hafez el-Assad, à l'occasion de concerts que la bande donnait à Damas et Alep, alors que Jean-Pierre Filiu était diplomate.

Le titre, non disponible sur les plateformes de téléchargement, ni même sur le dernier album de Zebda, "Second tour", est flanqué d'un clip réalisé sous la forme d'un dessin-animé qui revient sur les évènements et la vie des habitants de Gaza, régis par la guerre. Car le territoire palestinien et ses habitants sont toujours soumis au blocus israélien. Seulement, cette vidéo n'est pas du goût de tout le monde. En effet, dès parution, on pouvait lire sur le site du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) un article intitulé "Une chanson qui risque de promouvoir la haine d’Israël chez les jeunes", dénonçant la chanson "Une vie de moins".

Le premier symbole auquel s’attaque la chanson est la valeur supérieure de la vie dans le judaïsme avec le titre, "Une vie de moins", qui suggère le peu de cas que les Israéliens feraient de la vie des Palestiniens (comme si une vie de plus ou de moins ne changeait pas véritablement la donne). Ce titre désacralise ainsi l’un des principes fondamentaux du judaïsme en vertu duquel "Celui qui tue un homme tue toute l’humanité".

A chacun de se faire son avis sur la question mais les évènements actuels se chargent bien d'éclairer notre lanterne. Zebda n'a pas pour habitude de faire dans la demi-mesure. On se souvient que pour son dernier clip "Un je ne sais quoi", sorti à l'occasion des élections présidentielles, il fustigeait la campagne et le mandat de Nicolas Sarkozy. Un titre que le groupe interprète sur scène dans le cadre d'une tournée récemment passée par le Zénith de Paris, et qui l'occupera jusqu'au 14 décembre.