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Des souvenirs pour oublier les rendez-vous manqués. En cette année noire malgré du sceau de la pandémie de Covid-19, Patrick Bruel n'a pas pu assurer comme prévu les concerts restants de sa tournée "Ce soir on sort...". S'il s'est régulièrement produit en live à la maison sur Instagram pour atténuer la déception de ses fans, le chanteur, lui-même touché par le coronavirus, se dit inquiet pour l'avenir du monde culturel. « Nous souffrons. La culture souffre. La culture souffre d'un manque de visibilité (...) Dire à des danseurs, à des chanteurs, à des comédiens, à des artistes, des artistes de rue, à des gens qui, depuis des années, donnent aux autres de la chaleur, de la raison de vivre, des mots, des phrases qui peuvent changer un destin, qu'on n'est pas essentiels, c'est stupide. Tout simplement stupide. Ce n'était pas le mot à employer » a-t-il dénoncé sur BFM TV mi-décembre, en pointant du doigt les prises de position du gouvernement, la fermeture des rayons culturels durant le dernier confinement et la non-réouverture des salles de spectacle.

"Le succès vous tombe dessus"

Si le contexte est délicat, Patrick Bruel a préféré pour les fêtes de fin d'année se remémorer les meilleurs moments de son dernier tour de chant en publiant le CD/DVD live "Ce soir... ensemble Tour 2019-2020". L'occasion pour la figure de la chanson française, qui refuse de devenir coach dans "The Voice", de faire le bilan de sa carrière dans un entretien accordé à Soir Mag. « La scène a été pour moi un révélateur » confesse celui qui rêvait de devenir footballeur avant de se faire connaître au cinéma. C'est sa première chanson, "Marre de cette nana-là", qui fera basculer son destin en 1984. « Quand on est dans cette situation très particulière - un artiste tout seul sur une scène face à des milliers de personnes - on se pose forcément des questions. Pourquoi tous ces gens se sont déplacés pour venir vous voir ?" Le succès vous tombe dessus et vous vous dites : "Ça, c'est la vraie vie. C'est là où je devais être depuis toujours" » analyse celui qui a su, en 40 ans de carrière dans la chanson et le cinéma, tisser un lien privilégié avec les Français. Sauf que derrière le strass et les paillettes, la vie d'artiste nécessite de lourds sacrifices, comme il le rappelle : « Il faut beaucoup, beaucoup de temps pour comprendre que non, ce n'est pas la réalité ».

"On peut passer par des moments dangereux"

Pour Patrick Bruel, le bonheur ne se nourrit pas des applaudissements mais d'une vie personnelle épanouie. Le chanteur de 61 ans est parvenu à trouver son équilibre dans l'amour de ses deux fils, Oscar et Léon. « La réalité, c'est quand on descend les marches et qu'il y a deux enfants qui vous attendent en bas de la scène. La vraie vie, elle est là mais avant de le comprendre on peut passer par des moments dangereux, des épisodes qui fragilisent » analyse-t-il avec du recul sur son statut de star médiatisée, en évoquant les moments de solitude qui en font inexorablement partie : « La scène vous fait vivre plus fort. Quand j'en descends, je prends vingt minutes rien que pour moi. J'essaie de me rappeler les plus beaux moments de la soirée, de les stocker quelque part dans ma mémoire, dans mon coeur. Mais c'est comme du sable, ça glisse entre mes mains » confesse l'interprète du "Fil".

Si l'essentiel est ailleurs, Patrick Bruel a conscience de sa chance, lui qui se prend des décharges d'adrénaline chaque fois qu'il se produit devant une foule en liesse. « Le public est le 12ème homme, comme pour une équipe de football. Il a un rôle à jouer dans les codes qu'on a installés depuis toujours, des codes de complicité, de participation. Il y a beaucoup de choses qu’on n’a pas besoin de se dire, qui sont là » ajoute-t-il sur Franceinfo, déjà prêt pour les retrouvailles quand la situation sanitaire le permettra : « On a envie que ça recommence ».