Crédits photo : Pochette de l'album

9ème album

Nous sommes le 12 mars 2002, il y a exactement 20 ans. Ce jour-là, Indochine publie son neuvième album "Paradize". Depuis quelques années déjà, le groupe est sur une pente ascendante. Après les échecs de "Un jour dans notre vie" puis "Wax" (90.000 et 60.000 ventes respectivement), la bande retrouve le succès avec l'album live "Indo Live" en 1997 (350.000 disques vendus) puis "Dancetaria" deux ans plus tard (120.000 ventes), dont la conception est marquée par la mort de Stéphane Sirkis, guitariste et frère jumeau de Nicola Sirkis le 27 février 1999. Une tragédie qui, comme l'avouera Nicola Sirkis, a remis un coup de projecteur sur le groupe. Désormais seul maître à bord d'Indochine, le chanteur s'enferme en studio avec Oli de Sat, ancien fan devenu producteur et désormais musicien, pour donner naissance à un projet discographique qui va rapidement devenir culte. En 15 titres, Indochine propose un disque électrique aux sonorités rock, goth et industrielles, très Marilyn Manson ou Nine Inch Nails, qui signe un véritable retour au sommet. Au menu ? Des singles destinés à devenir des tubes ("J'ai demandé à la lune", "Le grand secret") et des pépites écoutées en boucle par les fans ("Like a Monster", "Le manoir"). Epaulé à l'écriture par la romancière Ann Scott, Mickey 3d ou Jean-Louis Murat, Nicola Sirkis signe des textes tour à tour cryptiques et sulfureux, tout en rendant hommage à son frère disparu sur "Electrastar".

1,5 million de ventes

Dès sa sortie, le succès de "Paradize" est immédiat. Et surtout, il change l'image d'Indochine. Jusqu'alors souvent réduit à ses tubes des années 80, le groupe revient au coeur de l'attention médiatique, multiplie les émissions de télés et les récompenses. Un mois après sa sortie, "Paradize" s'est déjà vendu à 100.000 exemplaires. La barre des 600.000 ventes est dépassée en novembre 2002 puis le cap symbolique du million d'exemplaires vendus est atteint en octobre 2004. Aujourd'hui, les ventes de "Paradize" sont estimées à 1,5 million d'exemplaires dans le monde dont plus de 1,2 million en France. Il s'agit logiquement du plus gros succès commercial d'Indochine devant "3" (850.000 ventes) et "13" (500.000 exemplaires). Au micro de Pure Charts pour un format "Raconte", Nicola Sirkis est revenu sur le succès de l'album : « On commençait à sentir depuis "Dancetaria" que notre public s'élargissait de plus en plus, que l'injustice collée à la peau d'Indochine au niveau médiatique commençait à s'atténuer (...) "Dancetaria" a été un album incroyablement fort. On remplissait des Zénith, personne ne parlait de nous, on a juste parlé de nous à la mort de mon frère. (...) L'album était déjà un album de renaissance. On avait subi la mort, il fallait qu'on revive ».

Numéro 2 des charts

Comme beaucoup d'albums à succès, "Paradize" n'atteindra étonnamment jamais la première place des classements français. En mars 2002, l'album débarque en troisième position du Top et grimpera sur la seconde marche en mai de la même année, bloqué par "Les lettres rouges" de Lynda Lemay ! Mais le succès de l'album est indéniable puisqu'il reste classé 112 semaines dans les charts, soit plus de deux ans. "Paradize" deviendra ainsi le septième plus gros succès de 2002 derrière les albums de Patrick Bruel, Renaud, Céline Dion ou la Star Academy. Une véritable revanche pour Indochine qui, lors des NRJ Music Awards 2003 où la formation remporte le prix d'Album francophone de l'année, n'hésitera pas à lancer une petite pique aux maisons de disques : « Comme on est au marché international du disque (...) je voudrais raconter une petite anecdote : il y a 3 ou 4 ans, notre manageuse a rencontré lors d'un concert un des directeurs d'une grande station de radio FM très connue. Et quand elle lui a dit qu'elle s'occupait d'Indochine, il s'est sauvé en disant "Oh là là, ce groupe est désespéré, c'est un groupe complètement ringard, ce groupe n'a plus aucun espoir et son public est complètement dépassé" ». Ça a le mérite d'être clair !

6 singles

Véritable succès commercial, "Paradize" a donc été exploité sur la durée et aura donné naissance à six singles entre février 2002 et novembre 2003 : "Punker", "J'ai demandé à la lune", "Mao Boy!", "Le grand secret", "Marilyn" et "Un singe en hiver" auxquels s'ajoutent "Electrastar" et "Popstitute" pour défendre l'album live "3.6.3". Il s'agit donc de l'album d'Indochine qui a généré le plus de singles. Bien évidemment, le plus gros tube du disque sera "J'ai demandé à la lune", une chanson devenue un classique du répertoire d'Indochine. Pourtant, le destin de cette ballade, au départ en face B du plus rock "Punker", aurait pu être bien différent. « La maison de disques ne l'avait pas repéré, c'est plutôt les radios qui l'ont repéré. Ils l'ont passé et le public s'est emparé du dossier et c'est devenu un des morceaux les plus passés en radio à cette époque » s'est souvenu Nicola Sirkis à notre micro. Numéro un du Top Singles, "J'ai demandé à la lune" s'est depuis écoulé à plus d'un million d'exemplaires en France. "Le grand secret" est le seul des cinq autres singles à avoir également réussi à atteindre le top 10 en France.

500.000 spectateurs

Pour promouvoir "Paradize", Indochine se lance dans une longue tournée, le "Paradize Tour", qui s'étalera sur deux ans. Le groupe fragmente son tour de chant en trois actes, ce qui deviendra une habitude sur les tournées suivantes : des premiers concerts dans des petites salles avant des shows dans des salles de plus en plus grandes et imposantes. Le "Paradize Tour" donnera ainsi lieu à une centaine de dates, dans les salles, les Zénith ou les festivals, pour un total de 500.000 spectateurs. Mais le concert événement de la tournée a lieu le 3 juin 2003 : ce soir-là, Indochine se produit devant 17.000 personnes à Bercy, devenant ainsi le premier groupe de rock français à remplir la mythique salle parisienne. Un concert en forme d'apothéose immortalisé sur l'album live "3.6.3" qui vaudra au groupe son premier numéro un au Top Albums en 2004 ! « On s'est posé la question de savoir si on devait faire un seul, deux, voire trois Bercy ou un truc du style 10 jours à l'Olympia. J'ai pris la décision de faire Bercy car ce groupe méritait de le faire. Aujourd'hui, je regrette quand même de n'en n'avoir programmé qu'un seul » avouera d'ailleurs Nicola Sirkis dans le livre "Insolence rock".

Paradize +10

Indochine n'a jamais oublié "Paradize", l'album qui a reboosté son succès. Au fil des tournées, le disque sera toujours représenté à travers "J'ai demandé à la lune", bien sûr, mais aussi "Punker", "Marilyn" ou "Electrastar". En février 2012, le groupe profite du 10ème anniversaire de l'album pour publier la réédition "Paradize +10". Au programme : le disque remasterisé, un CD de remixes ainsi qu'un DVD contenant le making-of de l'album, des interventions pour ce 10ème anniversaire ainsi qu'une session live avec 5 chansons. Deux concerts sont également donnés au Zénith de Paris les 1er et 2 février 2012. Les 12.000 places s'étaient arrachées en 10 minutes et le groupe en avait profité pour dévoiler l'inédit "Kill Nico", qui sortira un an plus tard sur l'album "Black City Parade". Pour l'heure, rien n'est prévu pour célébrer les 20 ans de "Paradize"...