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vendredi 20 septembre 2013 16:01

Grégoire : "Les gens un peu curieux seront surpris par mon nouvel album"

Par Jonathan HAMARD | Rédacteur
Trois ans après avoir publié son deuxième album "Le même soleil", Grégoire fait son retour avec "Les roses de mon silence", dont le premier extrait "Si tu me voyais" annonçait la tonalité éclectique. Cherchant à se rapprocher au plus près de la musique qu'il affectionne, Grégoire révèle avec ce troisième opus différentes facettes de sa personnalité qu'on méconnaissait. L'interprète de "Toi + moi" se confie au sujet de ses ambitions, de son désir de toucher le public et de ses projets de musique électronique.
Crédits photo : Florent Drillon
Propos recueillis par Jonathan Hamard.

Ton précédent album "Le même soleil" a quelque peu déçu. Sans doute trop ressemblant au premier, il n'a pas été autant apprécié. Est-ce qu'on peut véritablement parler d'une volonté de renouvellement avec "Les roses de mon silence" ?
Pas forcément une volonté de renouvellement, mais en tout cas une volonté d'évolution. Sur le deuxième, que j'adore quand même, il y avait une certaine évolution. J'ai tenté quelques trucs, mais peut-être pas autant que j'aurais voulu. Je pense que j'ai une façon d'écrire qui est la mienne maintenant, et je crois que ce n'est pas le fait de mettre plusieurs instruments qui va changer mon univers. J'ai voulu faire de la variété au sens propre du terme. Je voulais quelque chose qui soit varié, avec des guitares électriques, de l'accordéon… Je ne voulais pas m'arrêter à l'idée du guitare/voix ou du piano/voix que j'ai l'habitude de faire, et que j'ai très bien fait sur le premier album. Alors, c’est vrai, "Le même soleil" était peut-être un "premier album et demi" en fait. Je l'aime beaucoup, mais c'est vrai qu'il aurait peut-être pu être plus osé. C'est pour ça que sur le troisième, je voulais aller de l'avant, ne pas tricher et assumer à 100% mes influences, mes origines, la pop, le rock, la chanson française… et que ce soit surprenant.

C'est important de savoir surprendre son public ? Plus encore aujourd'hui qu'hier ?
Je ne sais pas si c'est important. Mais en tout cas, tous ceux qui m'ont marqué l'ont fait. Que ce soit les Beatles, David Bowie, Leo Ferré… Ils ont essayé des choses. Pour certains, ça a été un sans-faute, comme les Beatles. Pour d'autres, ça a été plus aléatoire. Je pense à tous ces artistes qui ne se sont pas contentés de faire un truc et de le refaire à l'infini. Je n'avais pas envie de tricher. Dans la vie, quand je suis à l'aise avec quelque chose, j'ai envie de voir autre chose, de découvrir. Je suis assez curieux ! J'aime tous les styles de musique. Je ne dis pas que je n'ai pas été sincère avec mon deuxième album. Je dis simplement que j'ai dû être pris dans le carcan du succès du premier.

" Je peux très bien écouter du Goldman et du Rihanna dans la même journée "
Et puis tu as aussi pris ton temps. "Le même soleil" est sorti il y a déjà trois ans…
J'ai prévenu ma maison de disques quand l'album était terminé. Je leur ai dit que j'étais prêt, qu'ils pouvaient commencer à caler une date de sortie. Je n'avais pas envie de me presser. C'était un peu comme si j'appliquais ma propre consigne.

Malheureusement, j'ai envie de dire, quand on retrouve autant de directions différentes sur un même album, même si l'ensemble est arrangé de sorte que ça rentre dans la boîte, on peut se demander si l'artiste sait vraiment dans quelle direction il va… C'est une critique à laquelle tu risques d'être confronté avec "Les roses de mon silence"...
Ça peut effectivement être une critique. Mais, très franchement, dans la même journée, je peux très bien écouter du Pink Floyd, du Goldman et du Rihanna. Je ne voulais pas m'arrêter à un seul crédo, à une seule façon de voir les choses. Parce qu'il y a plusieurs façons d'appréhender la musique.

Il n'y a pas de sous-musique ? On ne peut pas dire que les chansons de Jean-Jacques Goldman sont mieux que celles de Rihanna ?
Non. Ce n'est pas comme ça qu'il faut voir les choses. On n'écoute pas ça au même moment. J'ai envie de dire qu'on écoute Radiohead dans des moments un peu intimes, tout comme Jean-Jacques Goldman. Mais j'aime aussi beaucoup "Les Lacs du Connemara" ! Dans un mariage, c'est toujours très bien pour mettre l'ambiance (sourire). Un album comme "Abbey Road" des Beatles, où tout est ultra varié, où tu vas avoir un coup de cœur pour cinq chansons à la première écoute, tu peux finalement en aimer cinq autres dix ans après. C'est mon cas (sourire). Il y a cette idée-là avec "Les roses de mon silence". Il y a des chansons que certaines personnes vont devoir digérer. Je pense que le public qui a aimé le premier et le deuxième album aimera le troisième. Maintenant, j'aimerais que les gens aient la curiosité d'aller un peu plus loin que "Toi + moi".

" Je trouve ça beau de dire qu'on s'est servi de moi pour avancer dans la vie "
Tu crois que cette chanson t'a fait entrer dans une case dont il est difficile de sortir ?
S'il y a des gens un peu curieux, je pense qu'ils seront surpris de voir ce que je sais faire. Je pense à une chanson comme "C'est pas l'enfer". Je ne sais pas si c'est bien ou pas bien. Mais en tout cas, c'est nouveau. J'avais envie de montrer que la chanson française, c'est de la variété. J'aime ce qui est anglo-saxon, mais j'aime aussi le français. J'avais envie de mélanger les deux.

Crédits photo : Florent Drillon
L'album comporte 17 titres. C 'est long... A-t-on vraiment envie d'écouter des albums aussi longs aujourd'hui ?
J'avais envie de dire beaucoup de choses. Je pense qu'il fallait en passer par là aussi. Je trouve que les albums qui sortent en ce moment sont beaucoup trop courts. Et je trouvais ça assez logique d'offrir tout ce que j'avais envie d'offrir. L'album que je préfère de Goldman, c'est un double-CD. C'est "Entre gris-clair et gris-foncé". Quand j'aime un artiste, j'aime en avoir beaucoup. Je pensais aussi que la variété des styles me permettait de présenter une vraie palette. Sur douze titres, c'est un peu juste. Trop restrictif ! Et puis, je me mets à la place de l'auditeur : 17 titres, c'est beaucoup, mais en même temps, ça fait trois ans que je n'ai rien publié. Je n'allais pas revenir avec dix titres. Enfin, pour être très cash, vu le prix des CD aujourd'hui, ce n'est pas trop. Quand j'ai présenté mon album à la maison de disques, ils ont trouvé que ça faisait effectivement beaucoup. Je leur ai demandé combien ils pensaient vendre l'album. Ils m'ont répondu 15 euros maximum. Le calcul est vite fait. Ça fait presque un euro par titre. C'est le même prix que sur internet. Et je ne vois pas pourquoi la personne qui se déplace pour aller acheter le disque avec le livret serait désavantagée.

17, c'est aussi le nombre de chansons qu'il te fallait pour raconter une histoire. Est-ce qu'on ne retrouve pas la tienne entre les lignes ?
Cette histoire, c'est la mienne. En revanche, je suis toujours parti du principe que les chansons que j'aimais sont toujours celles qui racontent une histoire. C'est le cas de Jean-Jacques Goldman. J'ai toujours pris ses chansons comme des conseils de grand-frère. Là, j'ai voulu y mettre mon histoire, et en même temps toucher l'histoire des gens. C'est là que se trouve ma victoire. Ce que je trouve de plus beau dans mon métier, c'est quand les gens me disent qu'ils se sont rencontrés sur une de mes chansons, où qu'ils ont envoyé une de mes chansons parce qu'ils n'arrivaient pas à dire quelque chose à quelqu'un. Je trouve ça beau de dire qu'on s'est servi de moi pour avancer dans la vie. Avec "Les roses de mon silence", je voulais explorer l'avant amour, la séduction, le pendant, et aussi l'après, le manque et la rupture.
" Il est important de dire à sa femme qu'elle est belle "

Et c'est le sentiment de mélancolie qui en ressort…
Ce n'est pourtant pas un album si triste. Il n'y a que trois ou quatre chansons qui parlent de l'après. Je parle de l'enfance. On peut effectivement ressentir de la nostalgie. C'est peut-être plus ce sentiment que tu as ressenti.

Tu évoques pourtant beaucoup l'idée de l'absence...
J'aime beaucoup l'absence parce que c'est le plus compliqué à gérer. C'est dans l'absence que les chansons des autres m'ont le plus aidé. Quand j'écoutais "Ne me quitte pas", ça me permettait de me dire qu'il y avait un mec qui avait plus souffert que moi (sourire). Au final, je me disais que ce que je vivais n'était pas si dur que ça. C'est comme être amoureux de quelqu'un et être trop timide pour lui avouer ses sentiments. Il y a une sorte de jeu. C'est un moment agréable à vivre, même si on ne sait pas et qu'on s'inquiète aussi. Le plus dur, c'est vraiment l'après. Que ce soit l'après d'un couple, ou l'après de la vie, quand la personne est décédée. C'est vrai que souvent j'écris parce que ça me permet d'exorciser. J'ai eu tellement de retours positifs pour la chanson "Ta main". Alors je me dis que si une chanson comme "C'est pas l'enfer" pouvait aider quelqu'un à remonter la pente, j'en serais fier.

Écoutez un extrait du titre "C'est pas l'enfer" de Grégoire :



Est-ce que l'album "Les roses de mon silence" s'adresse aussi à ta mère et à ta femme, et par extension à toutes les femmes qui t'entourent ?
Oui. Je dirais même qu'il s'adresse à l'amour et à l'amitié. Il s'adresse aux sentiments humains. Je pense qu'il est important de dire à sa femme qu'elle est belle, qu'elle compte beaucoup pour nous. Je pense que c'est important, quand on se sépare de quelqu'un, de le faire d'une belle manière. Même si c'est difficile ! Il faut respecter l'autre. Je suis fasciné par ces gens qui, quand ils raccrochent au téléphone après avoir parlé avec leur mère, lui disent "Je t'aime". Ce qui n'est pas mon cas. Je crois qu'il ne faut pas oublier que sans nos parents, on ne serait pas là. Ce sont des personnes qui généralement veulent notre bien. Il y a des personnes qui m'ont envoyé des messages sur Facebook en me disant qu'elles avaient déjà envoyé le titre "La plus belle maman" à leur mère parce qu'elles la trouvaient belle. Cette chanson, c'est la relation de ma mère et moi, mais aussi celle de mon fils avec ma femme.

" Cet album m'a appris beaucoup de choses sur moi-même "
Musicalement, tu donnes l'impression d'avoir appris beaucoup de choses au vu de la longue liste d'instruments qui figure sur cet album…
Je dirais surtout que j'ai appris à laisser faire les choses. Que ce soit pour l'accordéon, la cornemuse… L'accordéoniste a été touché par la chanson et je l'ai donc laissé faire son impro. J'ai laissé des personnes entrer dans mon univers pour qu'elles en fassent ressortir musicalement ce qu'elles comprenaient.

Crédits photo : Florent Drillon
Cinq ans se sont écoulés depuis "Toi + moi". Tu es le premier talent révélé chez My Major Company. D'autres ne sont pas restés aussi fidèles que toi, comme Joyce Jonathan notamment. As-tu ressenti un jour l'envie ou même le besoin de quitter le label pour un autre ?
Jamais. Je ne l'ai même pas imaginé. Parce que les gens avec qui je travaille, notamment Sevan Barsikian, sont des gens qui me font absolument confiance et qui me laissent la liberté de faire ce que je veux. Ils ne m'imposent aucune règle, même vis-à-vis des radios. Ce sont des gens qui me soutiennent et qui sont derrière moi. Ce sont des amis que je peux appeler à n'importe quelle heure pour parler de quoi que ce soit, même si ça n'a aucun rapport avec la musique. C'est là où je suis né. Ils ont cru en moi.

" J'adore la chanson "Toi + moi" parce qu'elle a ouvert la porte à tout ! "
Comprends-tu le choix de Joyce Jonathan ?
Ce n'est parce qu'on signe pour un album dans une maison de disques qu'on est obligé d'y rester. Je n'ai pas signé pour un album avec une maison de disques ou un système. J'ai signé parce que Sevan Barsikian a été tout de suite convaincu après avoir simplement écouté "Toi + moi" et "Rue des étoiles". Il s'est dit à ce moment-là que ça ne lui arriverait sans doute qu'une fois dans sa vie de penser ça. Je travaille avec des personnes qui ont envie de travailler avec moi. On avance je pense d'autant mieux quand on va tous dans le même sens. Je crois que le jour où on se séparera, c'est parce qu'on pensera qu'il vaut mieux faire quelque chose de différent tous les deux. Pour l'instant, la question ne s'est pas posée. Je me sens ultra à l'aise ici. J'ai mon studio dans les locaux. C'est la famille ! J'ai un confort que je n'aurais pas ailleurs. Ce que font les autres, c'est leur choix. Tant que c'est fait respectueusement ! Même si ce n'est pas le cas, je ne m'en mêle pas.

Tu as tout de même fait une petite infidélité à ton label avec le projet "Thérèse, Vivre d'amour", produit par TF1 Musique. Qu'est-ce qui t'a motivé à travailler dessus ?
C'est ma femme qui m'a proposé de travailler sur ce projet-là. C'est elle qui en est la productrice. Elle m'a proposé d'écrire sur les textes de Sainte-Thérèse de Lisieux. Quand j'ai lu "Vivre d'amour", je me suis dit que c'était impossible de ne pas le faire. Et puis, comme je le disais, je suis très curieux et j'aime beaucoup de styles de musique. C'était pour moi l'occasion de m'investir dans quelque chose de totalement différent. Je me suis tout de suite dit qu'il fallait des pianos/voix, aller vers quelque chose de simple et serrer au maximum ces textes. C'était un challenge ! En plus de faire chanter Natasha St-Pier, qui a une très belle voix, d'avoir Anggun, Sonia Lacen et Grégory Turpin… Ce n'est pas donné à tout le monde !

Mais la critique n'a pas toujours été tendre. Certains voient dans ce projet une sorte d'opportunisme...
Pour ma part, toute cette aventure me paraît encore extraordinaire. J'aime l'idée de penser qu'on a mis en musique les textes d'une religieuse qui pensait simplement à l'amour, et que TF1 produirait sans même se poser de questions. J'ai rencontré chez TF1 des personnes qui soutiennent des projets avec beaucoup de sincérité. Il y a des coups marketing, c'est vrai. Mais pour "Thérèse", ils l'ont fait très sincèrement. Je n'aurais pas accepté de le faire dans le cas contraire. Le public a compris qu'il n'y avait aucune démarche vicieuse là-dedans.

Ça te donne envie d'écrire d'autres projets en parallèle de tes propres albums ?
Je travaille sur trois projets actuellement, mais je ne peux pas trop en parler. Il y en a pour l'Angleterre, mais on en reparlera plus tard. Ou peut-être pas (sourire) ! C'est international ! Je ne sais même pas s'il arrivera en France. J'ai un autre projet en cours qui concerne l'éducation. Je parle de l'apprentissage scolaire. Mais je ne peux pas trop en dire. Et puis il y aura quelque chose d'un peu plus personnel, qui sera électro. On verra ce que ça donne. Je ne sais pas encore. Tu sais, je n'aime pas les cases. J'aime le concept. J'adore la chanson "Toi + moi" parce qu'elle a ouvert la porte à tout !
Pour en savoir plus, visitez mymajorcompany.com/artistes/gregoire.
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