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vendredi 04 décembre 2015 12:00

"A Head Full of Dreams" : Coldplay s'enlise sur un album pop sans étincelle (critique)

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
Un an et demi après l'intimiste "Ghost Stories", Coldplay renoue avec la pop décomplexée qui a fait le succès de "Mylo Xyloto". Annoncé comme lumineux et grouillant de vie, "A Head Full of Dreams" tient-il toutes ses promesses ? Critique.
Crédits photo : Julia Kennedy / Parlophone
Il y a un an et demi, Coldplay s'offrait une parenthèse mélancolique en racontant ses "Ghost Stories", le récit en filigrane de la rupture entre Chris Martin et l'actrice Gwyneth Paltrow. Un recueil de titres folk tout en délicatesse hanté par le souvenir d'un amour perdu mais truffé d'espoir, qui augurait un futur retour plus lumineux. Et c'est effectivement le cas sur "A Head Full of Dreams", célébration fantasque des mille et une aventures de la vie et des songes à l'image de sa pochette haut en couleurs. Insufflé d'une énergie funk, le premier single "Adventure of a Lifetime" laissait présager un virage intéressant à la croisée des chemins entre la pop taillée pour les stades de "Mylo Xyloto" et celle, à l'énergie plus rock, de "Viva la Vida". Hélas, au moment d'entrer dans le vif du sujet, les mauvaises surprises s'accumulent.

Des joyeuseries pop qui manquent de relief


S'ouvrant sur des cloches féeriques qui s'entrechoquent, le titre "A Head Full of Dreams" démarre sans une vraie mélodie construite, comme si un petit plaisantin avait baissé puis rallumé doucement le volume. Choix étonnant. Place alors à des guitares bondissantes et surtout à des choeurs enivrants ("Oh oh oh") qui s'inviteront tout au long de l'album. Ce n'est pas nécessairement condamnable mais simplement décevant de la part d'un groupe de la trempe de Coldplay, après 15 ans de carrière et de fabuleuses trouvailles ("Trouble", "Yellow", "The Scientist") dont on aimerait tant trouver les dignes héritiers.

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Pourquoi ça ne fonctionne plus ? La paresse, c'est là le principal reproche que l'on fait à cet opus « presque hippie » : tout y est prévisible, dépourvu de cette magie qui faisait la singularité du quatuor. Inspiré par le recueil de poèmes perses "La Conférence des oiseaux", "A Head Full Of Dreams" se révèle sur la forme plutôt agréable à écouter, enrobé de cette douce folie qui nous invite au voyage et à l'évasion par les rêves. Fluide et huilé, l'album se pose néanmoins comme une succession de pistes oubliables, de celles qu'on laisse volontiers défiler en arrière-fond mais qui échouent à offrir de vrais moments de bravoure si on les scrute plus attentivement.

Tout n'est pas à jeter : le solaire "Hymn For The Weekend", où Beyoncé s'invite telle une Muse sur une ode hédoniste, se déguste avec appétit. C'est le prochain single tout désigné. Les notes de piano de la ballade "Amazing Day" sonnent comme des coups de griffes au coeur et on aime, démesurément et passionnément, son final renversant. Cachée dans le Owl City-esque "Army of One", la piste bonus "X Marks the Spot" est, pour le coup, la preuve que Coldplay est encore capable de sortir des sentiers battus. Pour le reste, l'absence des producteurs Markus Dravs et Brian Eno, remplacés par Stargate (Rihanna, Selena Gomez), se fait sentir.

Regardez "Adventure Of A Lifetime", le nouveau clip de Coldplay :



Des invités dispensables


Passons sur l'écriture de Chris Martin, qui abuse comme on l'a dit plus haut de tics vocaux ("yeah yeah", "ouh ouh"), pour une raison toute simple : le chanteur britannique n'a jamais prétendu être un bon parolier, préférant simplicité directe à double lecture. Évoquons plutôt les guests passés en studio, plus nombreux qu'à l'accoutumée. Hormis Beyoncé, la plupart d'entre eux sont si discrets qu'on se demande s'ils n'ont pas été sollicités pour renforcer la stratégie promotionnelle de l'album. Tove Lo est reléguée au rang de choriste sur "Fun" et Noel Gallagher se contente d'un solo de guitare sur la piste de conclusion "Up&Up". Gwyneth Paltrow, elle, s'invite sur "Everglow" par quelques vocalises en écho. Quant à Barack Obama, c'est un enregistrement du Président américain entonnant l'hymne chrétien "Amazing Grace" qui est utilisé sur l'interlude "Kaleidoscope". Maigre. En définitive, "A Head Full of Dreams" n'est ni bon ni mauvais. Mais si le groupe tire sa révérence à l'issue de cet album, comme il l'a laissé supposer à longueur d'interviews, ce serait là une bien triste épitaphe.

A coups de chansons pop radio-friendly, Coldplay vise le plus large public possible mais peine à retrouver la fougue de "Mylo Xyloto" et même à passionner. Enrobé dans un joli packaging coloré, ce septième album se révèle superficiel et convenu. Décevant.

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