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dimanche 09 septembre 2018 12:39

Boulevard des airs en interview : "Le succès nous a rendu plus confiants"

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
A l'occasion de la sortie de "Je me dis que toi aussi", le quatrième album de Boulevard des airs, nous sommes partis à la rencontre de Sylvain et Florent, les deux membres principaux du groupe. Ensemble, ils nous parlent de leur nouvel album, du succès surprise de "Bruxelles", de la reconnaissance ainsi que de la prédominance du rap dans les charts français.
Crédits photo : Cédrick Nôt
Propos recueillis par Théau Berthelot.

Vous venez de sortir votre 4e album, "Je me dis que toi aussi", trois ans après "Bruxelles". Comment abordez-vous cette nouvelle ère ?
Sylvain : On nous demande souvent si on n'est pas angoissé, si on a pas trop de pression, mais on est plutôt sereins. On a fait ce qu'on aime, ce qu'on a voulu mais maintenant, ça nous appartient plus. On envoie les chansons dans la nature. C'est aux gens de s'approprier l'album ou pas.
Florent : On est super impatient. Après la tournée "Bruxelles" qui nous a menés aux Zéniths, on s'est tout de suite remis au travail et au bout de neuf mois, on a compilé ces neuf chansons, vers avril ou mai. On avait vraiment hâte de le partager car nous, on le connaît par cœur. Il est sorti vendredi dernier et on est super contents des retours qu'on a et du relais en radio.

9 mois, ça peut paraître long en studio...
Florent : Ça l'est !
Sylvain : On a pris le temps qu'il a fallu pour ces 11 chansons, afin d'être pleinement content. On a la chance d'enregistrer chez nous, donc on n'a pas de contrainte de temps ou d'argent pour louer un studio. C'est long, c'est clair, mais on avait besoin de ce temps-là pour avoir le recul sur chaque chanson. Un jour, on s'est dit "Stop, l'album il nous ressemble et il sortira comme ça" sinon c'était infini.

« Le succès nous a permis de repartir confiants en studio »
Comment avez-vécu le succès de "Bruxelles" ?
Florent : Ça fait très plaisir quand tu as puisé en toi pour faire un album que t'aimes et qui a parlé à beaucoup de monde. Ça a vraiment touché les gens, ce qui s'est vu sur les concerts puisque ça nous a permis d'allonger la tournée. On a commencé sur les clubs, les festivals puis aux Zéniths : on avait plus de moyens pour faire vivre notre spectacle. Pour nous, c'était nouveau et tout ce qui l'est est assez excitant. On l'a donc très bien vécu et ça nous a permis de repartir avec plus de confiance sur ces neuf mois en se disant "On a réussi à faire ça tout seul, y a plus qu'à rééditer l'exploit".

Comment est né ce nouvel album ? Quelle en était l'envie ?
Florent : De se faire plaisir, surtout ! Ces chansons-là nous ressemblent. C'est un bon mix entre ce que tout le monde écoute dans le groupe et chez les mixeurs. C'est un album à l'image de ce qu'on a pu écouter, capter comme nouvelles influences ou rencontres durant ces deux dernières années.

Regardez le clip de "Je me dis que toi aussi" de Boulevard des airs :


« On voulait mettre un visage sur le groupe »
Dans le groupe vous êtes sept mais vous vous montrez souvent qu'à deux. Pourquoi ?
Sylvain : De manière naturelle, c'est toujours le chanteur le porte-parole, que ce soit chez Muse ou Coldplay par exemple. On n'y peut rien. Les autres ne sont pas très fans des interviews, nous non plus, mais on assume ce rôle-là. Pour la première fois, on apparaît sur la pochette, nous deux devant et les autres membres derrière : c'est une question d'identification. Après 7 ans de carrière, les gens ont beaucoup de mal à mettre un visage sur Boulevard des airs même s'ils connaissent "Bruxelles" ou "Emmène-moi". On s'est dit qu'on n'allait pas passer notre carrière à éviter ça. Quand on écoute Vianney, Jain ou Raphaël, on met directement un visage sur une voix. On voulait tenter ça pour que cela nous soit bénéfique.
Florent : Là, on est que deux mais des fois, on peut très bien aller en promo à quatre si c'est possible. Chez Laurent Ruquier on était trois donc ça dépend vraiment de la structure d'accueil. Avec Sylvain, on y va toujours en tant que porte-parole.
Sylvain : Et puis on est les membres fondateurs, donc on connaît toute l'histoire (rires).

Les sept membres travaillent tous en studio ?
Sylvain : Non, seulement quatre ! Il y a nous deux, le frère de Florent, Jean-Noël, et Jérémie Planté, le clavier du groupe. Les autres nous rejoignent sur la tournée. Ils sont là en permanence pour la vie du groupe, pour tout ce qui se gère.

« "Nous, on s'aime malgré tout" serait le message du disque »
Les textes sont assez divers : Alzheimer, les réseaux sociaux, l'effondrement du monde… mais toujours avec un côté positif. La phrase-clé serait « tout s'effondre autour de nous, et nous on s'aime malgré tout ». C'est le message que vous avez envie de faire passer ?
Sylvain : Cette phrase est vraiment propre à cette chanson ["Tout s'effondre", ndlr] . Je n'ai pas envie de dire à tout le monde que « tout s'effondre autour de nous ». C'est une chanson d'anticipation avec un contexte écologiste dans le sens où les gens portent des masques et où la mer est dégueulasse mais la vie continue et le gens s'aiment encore malgré tout. S'il y a un message, c'est plutôt le « nous on s'aime malgré tout » : le plus important c'est l'amour !

Lionel Capouillez, qui a mixé "Racine Carrée", est aussi sur votre album. Est-ce que Stromae a aussi influencé ce nouveau disque ?
Florent : Pas que, mais ça fait partie des gens qu'on a écouté et qu'on a vu en concert il y a quelques années. C'est une des influences. Et comme on a voulu mixer ces productions modernes entendues chez Diplo ou Imagine Dragons, on s'est demandé qui avait déjà le mix entre production moderne et chanson française : c'était Lionel ! On est ravi qu'il ait travaillé avec nous sur cet album.

Vous a-t-il conseillé sur certains arrangements ?
Florent : Si on écoutait tout ce qui lui a été envoyé, ça ressemblait déjà au rendu final. Il a rendu surtout la touche technique du mixage que l'on ne pouvait pas faire tout seul.
Sylvain : Mais les arrangements, ce sont uniquement nous quatre.

Ecoutez "Allez reste", le duo Boulevard des airs / Vianney :


« Vianney, un choix hyper logique »
Vous collaborez avec Vianney sur "Allez reste". Pourquoi l'avoir choisi lui en particulier ?
Sylvain : Ça s'est fait vraiment naturellement. Vianney c'est un ami, on se voit très souvent et c'est la personne avec laquelle on est le plus proche dans le milieu. Donc ce choix est vite devenu hyper logique. On avait déjà écrit "Allez reste", quand on lui a fait écouter il a vachement aimé le résultat et on lui a proposé. On a rebossé avec lui le texte et quelques mélodies, puis on a enregistré !

Après Vianney, est-ce qu'il y a des artistes avec qui vous rêveriez de collaborer ?
Florent : Il y en a plein, dès qu'on écoute un artiste qu'on aime bien, on se dit "Ce serait pas mal de faire un truc". Au vu de nos diverses influences, si l'on collaborait avec un rappeur demain, ça n'étonnerait personne, pas plus que si Diplo remixait "Tout le temps" ou un de nos morceaux. Bon, Diplo ça peut paraître improbable mais c'est tellement disparate que le champ des possibles est immense.

« Le rap c'est la suite de la variété »
Sur "La vie est un fête", on peut remarquer l'utilisation de l'auto-tune. Pourquoi ?
Florent : C'est un choix purement artistique, on l'a utilisé à la façon d'une réverb' : ce n'est pas un effet de style pour camoufler quelque chose. On avait envie de faire ça, on voulait se lâcher.
Sylvain : Ça nous plaisait. Beaucoup d'artistes qu'on écoute en ce moment l'utilisent donc on trouve que c'est assez intéressant d'une manière artistique. On s'est beaucoup questionné sur son utilisation car pour beaucoup c'est vu comme une triche, mais on l'a laissé tout en étant content d'avoir pris ce parti-là.

Ecoutez "La vie est une fête" de Boulevard des airs :


Dans une interview, vous avez parlé de Damso comme un de vos coups de coeur du moment. Que pensez-vous de l'hégémonie du rap en ce moment ?
Florent : Le rap et l'électro aussi ! Ce sont eux qui squattent les charts du streaming. On vend moins de CD, tout le monde le sait, donc on se tourne vers le streaming et ce sont les jeunes qui en profitent le plus puisqu'ils ont un accès plus facile. Le rap a intelligemment ouvert ses frontières : quand on écoute Damso, c'est du rap mais les prods' mélangent l'électro ou de la variété. Pareil pour Bigflo & Oli qui cartonne avec "Dommage" : c'est du rap ou de la variété ? Peut-être qu'on s'en fout un peu et que les frontières se sont diminuées.

Orelsan disait justement que le rap était devenu la nouvelle variété...
Florent : Il a raison, est-ce que Soprano ou Orelsan, c'est du rap ou de la variété, on s'en fiche un peu !
Sylvain : C'est un peu la suite de la variété... tant que ça touche !

« On a aucune idée de l'impact que vont avoir les chansons »
Vos titres sont assez courts, avec des influences électro ou du moins pop/dance, qui semblent calibrés pour les radios : faire des tubes c'est votre but premier ?
Sylvain : Un tube, c'est une chanson comme "Bruxelles". Plein de gens se la sont appropriée et kiffent ça. On aime bien ce genre de truc car quand on la chante en live c'est génial. On pourrait vouloir faire 11 tubes sur un album, c'est impossible sinon tout le monde ferait ça. Quand on écrit des chansons comme "Bruxelles" ou "Emmène-moi", on a aucune idée de l'impact que ça va avoir quelques mois après. On essaie de faire ce qu'on aime, de belles mélodies, des refrains qui se retiennent...
Florent : On espère que ça plaira ! De toute façon, quel artiste fait des chansons en espérant que ça ne plaira pas ? Pas beaucoup !

On a pu vous voir récemment dans "On n'est pas couché". Certains artistes ne veulent pas y aller car ils redoutent les critiques. Vous ne redoutez pas ce genre d'émission ?
Florent : On nous a beaucoup mis en garde, on s'est bien dit qu'on allait être à la merci des critiques. Mais ils allaient nous attaquer sur quoi ? Notre musique, les paroles. Tu pourrais détester, le mec à côté pourrait aussi détester et si c'était le cas, c'est leur droit. Il y a un public, on fait nos dates et on est super heureux de ce que nous arrive. Si une personne n'aime pas, tant pis !
Sylvain : On a eu la chance de jouer un moreau en live là-bas et ils ont beaucoup aimé.

Vous êtes à l'aise avec la promo en général ?
Florent : Ça va ! Certaines critiques vont chercher dans l'histoire des mecs ou du groupe à la recherche d'une casserole qui traîne. Nous, on en n'a pas : on ne s'est pas engagé politiquement... Parler du groupe, c'est un sujet qu'on maîtrise plutôt bien. Il ne peut pas y avoir véritablement de piège.

Vous vous préparez à reprendre la route pendant plus d'un an. Comment vous sentez-vous ?
Florent : Ça nous manque !
Sylvain : Ça fait un an qu'on n'est plus en tournée. On est très heureux car l'album est presque un prétexte pour partir en tournée. On va préparer tout ça pour être prêt à reprendre la route à partir de février pendant un an, et plus si affinités. Le show va évoluer : on va bientôt annoncer les festivals puis on finira avec les Zéniths et un spectacle qui s'adaptera à chaque salle.
Pour en savoir plus, visitez boulevardesairs.free.fr, ou le Facebook officiel.
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