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« I can barely go outside, I think I hate it herе / Maybе I should think about a new career » susurre Billie Eilish dans "NDA", l'un des 16 titres de son nouvel album "Happier Than Ever". Derrière ce nom presque choisi avec ironie, la chanteuse américaine, devenue un véritable phénomène mondial grâce au tube "Bad Guy" et les 5 Grammy Awards qu'elle a remportés pour "When We All Fall Asleep, Where Do We Go?", évoque essentiellement dans son deuxième disque toute la démesure, l'intensité et le stress de sa vie à cent à l'heure sous le feu des projecteurs. C'est ce qu'elle raconte dans les colonnes de Télérama qui s'est entretenu avec la chanteuse via visioconférence, pandémie oblige. « Je parle de mon expérience, la transmets, tout comme Missy Elliott ou Katy Perry m'ont transmis la leur. Partager son vécu, tant positif que négatif, peut soulager. Je m'étonne souvent après coup de ce que j'ai réussi à exprimer. La Billie d'aujourd'hui dialogue avec celle d'hier, comme pour la rassurer » décrypte Billie Eilish, dont l'écriture très biographique est animée, sur "Your Power" ou "Lost Cause", par le souci de l'authenticité.

"J'arrive enfin à lutter contre mes complexes"

Si la popstar exorcise ses idées sombres en musique avec le renfort de son frère Finneas (« Pourquoi modifier une alchimie qui nous réussit si bien ? »), elle tient à rassurer ses fans : elle va bien. Cet exercice l'aide simplement à avancer dans sa quête, longue et périlleuse, pour être heureuse. « "Happy Than Ever" exprime surtout le sentiment, nouveau pour moi, que l'on peut atteindre un jour le bonheur. Il s'agit d'un chemin à emprunter, difficile pour tous, sur lequel on peut se perdre à tout moment. Sur la pochette, en apparence lumineuse, je pleure. Vu ce que je raconte, le titre pourrait aussi être sarcastique. Mais j'arrive enfin, après des années d'angoisses, après des années à broyer du noir, à lutter contre mes complexes, à percevoir que la vie peut être belle aussi » exprime la jeune artiste, pour qui « trouver l'épanouissement et qui on est vraiment est un travail auquel chacun doit se livrer ». La musique constitue de ce fait une échappatoire, une façon de gérer ses émotions.

"Rien n'est facile, tout est fragile"

De son rapport compliqué à la médiatisation à ses fêlures intérieures, Billie Eilish n'omet rien et dit tout à un très jeune public qui l'a érigée en modèle, dans une industrie où de plus en plus de voix s'élèvent pour parler des dangers de la notoriété sur leur santé mentale. « Rien n'est facile, tout est fragile. À commencer par l'existence » analyse-t-elle avec philosophie dans les pages de Télérama, à coeur ouvert : « Je n'ai pas été épargnée par la dépression, adolescente, et on me demande souvent conseil pour lutter contre. Je n'en ai pas. Je sais qu'il y aura toujours des hauts et des bas, mais les hauts doivent servir d'espoirs, rappeler que rien n'est immuable ». « Je trouve même réconfortant de savoir que la vie ne suit pas une trajectoire balisée et rectiligne » ajoute-t-elle avec la maturité d'une femme à peine adulte que le succès, foudroyant, a fait grandir trop vite.

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Pour Billie Eilish, qui se produira en concert à Bercy en juin 2022, écrire l'album "Happier Than Ever" a donc eu « un effet thérapeutique certain, bien plus que le précédent ». « Même si je l'ai à nouveau conçu avec mon frère, Finneas, je me suis réellement retrouvée seule, face à moi-même. Comme j'étais privée de distraction et de tout engagement professionnel à cause de la pandémie, j'ai pu mesurer tout ce que j'ai vécu et traversé depuis deux ans. Et exprimer des choses que je n'avais jamais dites ni même comprises » conclut-elle. Reste à savoir si, au beau milieu d'un été très calme et toujours marqué du sceau de la crise sanitaire, ses réflexions existentielles sauront trouver un nouvel écho.