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samedi 30 avril 2016 14:30

Amir en interview : "L'Eurovision ne faisait pas partie de mon plan de carrière"

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Ambassadeur de charme à l'Eurovision 2016 avec "J'ai cherché", Amir a répondu aux questions de Pure Charts sur la pression, son objectif, les critiques ou encore son premier album "Au coeur de moi". Interview !
Crédits photo : Renaud Corlouer
Durant le concert "Israel Calling", au Theater Club de Tel Aviv, Amir est difficile à accaparer pour une interview tant les médias et le public se l'arrachent. Accolades, selfies, encouragements... Le chanteur, toujours souriant et bienveillant, prend le soin de répondre à chaque sollicitation. A l'issue du spectacle, Amir s'excuse gentiment de m'avoir fait attendre et m'invite à sortir de la salle pour se rendre au café d'en face pour boire un verre et dîner, en compagnie de sa petite amie. Enfin au calme, Amir répond à mes questions sur l'Eurovision avec une grande sincérité et sans détour, évoque Tel Aviv avec passion puis son premier album "Au coeur de moi", avant d'être à nouveau interrompu par des fans pour quelques échanges chaleureux. Rencontre avec un chanteur qui garde les pieds sur Terre en plein tourbillon.

Propos recueillis par Julien Gonçalves.

Tu es très demandé ce soir ! C'est pas trop compliqué de devoir répondre à tout le monde ?
Depuis le départ, j'ai conditionné ma manière de penser, à me dire que c'est grâce à ces gens-là que je suis là. Donc que je le veuille ou pas, s'ils ne me soutenaient pas, je n'aurais pas pu vivre cette fabuleuse carrière que je vis. Il faut montrer de la reconnaissance et par éducation, par nature, je ne me vois pas faire autrement que de leur donner du temps, de l'attention. Ce qu'ils me donnent quand je suis sur scène.

Surtout que ce sont toujours des mots agréables et bienveillants...
Ils sont très gentils ! C'est sûr que c'est une situation particulière quand je viens chanter en Israël, j'ai vécu ici pendant une grande partie de ma vie. Ils le savent, ils me parlent en hébreux, ça créé une sensation de convivialité.

« Plus on se rapproche de l'Eurovision, plus ça devient réel »
Et comment tu te sens à un mois de l'Eurovision ?
Alors, écoute, ça devient de plus en plus palpable. Déjà ce qu'il va se passer sur scène, on en parle de plus en plus... Si au départ, quand la chanson est sortie, on se focalisait surtout sur l'aspect titre de mon album, à quoi il va ressembler, la promo... Plus on se rapproche de l'Eurovision, plus ça devient réel. C'est pas quelque chose que j'ai l'habitude de vivre, c'est tout nouveau pour moi. Le but est de faire le maximum pour que la prestation marque les gens, qu'elle fasse un bon score mais surtout une bonne image.

Oui c'est aussi là que se situe l'enjeu pour la France cette année...
Il y a pas mal de charge sur les épaules... En plus, le fait qu'il y ait tant de positivité autour de la chanson en France, ça me donne d'un côté l'impression que j'ai quelqu'un derrière moi qui me pousse... Je ne suis pas seul. Ça me réconforte. (Il commande à boire et à manger en hébreux) Je regarde si je n'ai pas de live prévu demain, comme ça je vais pouvoir prendre une petite bière. Je ne bois jamais avant de chanter. Il n'y a rien demain et après-demain. C'est bon ! (Rires) On en était où ?

Aux personnes qui te soutiennent en France...
D'un côté ça apporte beaucoup de soutien, de confiance, de sérénité. Mais de l'autre, il y a encore plus de monde à satisfaire. C'est à double tranchant. Donc j'évite d'y penser et je me focalise sur le 14 mai.

Comment "J'ai cherché" est devenu le titre de l'Eurovision pour la France ?
C'est un peu particulier car je ne suis pas venu les chercher et ils ne sont pas venus me chercher ! C'est une rencontre totalement anodine et innocente. Edoardo Grassi, le chef de la délégation française, est l'ami d'un ami. Celui qui nous a connecté est Nazim avec qui j'écris la plupart de mes chansons dans l'album. Amicalement et humainement, avec Edoardo, ça se passe très bien, je découvre qu'il est le chef de la délégation française à l'Eurovision... C'est quelqu'un de très ambitieux, il a une vraie volonté de changer l'image de l'Eurovision en France, pour le mettre au même rang que dans les autres pays européens où il y a un engouement énorme. C'est quand même le concours musical le plus regardé au monde !

Regardez le clip de "J'ai cherché" :



Et donc comment l'idée naît concrètement à ce moment-là ?
Je l'observe, ça me fascine, ça m'intéresse. Je suis curieux car j'aime l'Eurovision. Lui, il apprend que je suis chanteur, que je suis sur le point de sortir mon single. Il s'intéresse, je lui fais écouter... Et il flashe sur le titre "J'ai cherché". Donc c'est venu d'une manière naturelle et détendue. Je suis assez surpris par la proposition au début mais je ne suis pas capable de renoncer. Même si ça ne faisait pas partie de mon plan de carrière.

Oui donc ce n'est pas une chanson formatée Eurovision comme on a pu le croire au début...
Exactement. Il y a tout un projet d'album derrière, je l'ai préparé pendant deux ans. Je ne voulais pas qu'on dise "Amir pour revenir, il a fait une chanson pour l'Eurovision". Ce n'est pas le cas. La chanson c'est la même depuis le début, en anglais et en français, sauf qu'elle durait 3 minutes 40. C'est ça qui a plu aussi... On dirait qu'elle a été faite pour ça. Et après la machine a été lancée !

« Jusqu'ici en France, il manquait quelque chose »
Est-ce que tu te dis "Il faut qu'on prouve quelque chose cette année", après les débâcles de la France ces dernières années ?
La France n'a pas de malédiction. On le répète mais non. Il se peut qu'a chacune des années, il manquait une chose... En fait, une bonne chanson de l'Eurovision, c'est une constellation d'éléments. Je ne prends pas ça comme un pari gagné, j'y travaille rigoureusement pour qu'à l'instant T le maximum de gens soient convaincus.

On a l'impression qu'avec toi, l'Eurovision en France est à un tournant, que tu incarnes un renouveau...
Je suis ravi de l'entendre car tu n'es pas obligé de le dire ! C'est tout ce que je souhaitais. Donc le voir devenir réalité, le titre qui tourne sur Virgin Radio... C'est la signature d'une ère nouvelle.

C'est vrai que quand on écoute toutes les chansons en lice pour l'Eurovision, la tienne ne dénote pas, alors que ces dernières années, la France était en décalage...
Depuis 2012, à l'Eurovision, on ne se focalise plus sur l'aspect bizarre ou clownesque. Ce qui était le cas depuis une décennie. Maintenant, on apporte une pop efficace, la plupart des titres sont en anglais, on pourrait tous les entendre en radio. Ça créé une ressemble entre tous les titres au départ c'est vrai mais d'un autre côté, les nuances et la performance feront la différence.

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Beaucoup d'artistes, comme Shy'm ou Kendji, sont frileux à l'idée de représenter la France. Certains pensent que ça peut plomber leur carrière. Tu n'as pas du tout eu ce réflexe-là toi ?
Non, j'ai préféré prendre la chose de l'autre côté. Je croyais en la démarche. Je me suis dit que si on le faisait avec conviction et amour, ça transparaîtra. C'est comme si maintenant il y avait un nouveau sélectionneur de l'équipe de France de football ! (Rires)

« La déception peut être encore plus forte »
Tu es grimpé en deuxième position auprès des bookmakers. Quand tu as appris ça, tu t'es dit quoi ?
A Amsterdam, où j'ai chanté pour un pré-événement Eurovision aussi, j'ai compris qu'il se passait quelque chose. On a reçu des ovations qui étaient particulièrement fortes. Mais il y a toujours ce danger que quand on est attendu au tournant, la déception peut être encore plus forte. Donc je préfère ne pas prendre en compte ces paris, qui ne sont d'ailleurs pas basés sur la prestation, car les mises en scène seront dévoilées en live le 14 mai en direct. Et c'est quand même un facteur hyper important. La seule chose, c'est qu'au moins le public croit au pouvoir de la chanson et en l'artiste. Ça fait plaisir !

J'imagine que tu as écouté toutes les chansons. Quel est l'adversaire que tu redoutes le plus ? La Russie, avec Sergueï qui est une machine de guerre, semble grande favorite...
Pour tout te dire... Même si je sais que c'est un favori... On ne veut pas conquérir les mêmes cœurs. Le Russe, que j'ai rencontré pour la première fois après avoir entendu beaucoup parler de lui, et de sa chanson que j'aime... Il vient pour s'amuser, prendre du plaisir. Même si sa prestation est hyper précise... On a ce côté-là, très marketisé. Il n'a pas le droit à l'erreur. Moi je suis dans une démarche plus simple et naturelle. Il y a un public pour tout. Si on considère le Russe comme mon concurrent direct, même si je crois qu'il y en a beaucoup d'autres avec un potentiel de gagner encore plus fort, on est sur une démarche artistique tellement différente que j'aurais du mal à dire qui peut l'emporter. Il a sa place, j'ai la mienne. J'ai compris en le rencontrant qu'il ne vient pas pour combattre, pas pour faire la guerre, mais au contraire pour s'amuser. C'est juste son style marketing et musical. Je trouve ça impressionnant. Je pense que c'est une pop un petit peu datée, mais qui est complètement assumée. C'est fascinant d'ailleurs. Il sait qu'il a une pop des années 2000. Les looks aussi. Mais ça marche, c'est crédible, il le fait super bien. Je lui souhaite de réussir avec ça !

« J'aurais du mal à dire qui peut l'emporter »
D'autres chansons sortent du lot pour toi?
Au départ, je ne parlais que de l'Australie, la Croatie, et l'Espagne. J'ai découvert à Amsterdam deux autres prestations redoutables d'efficacité. D'abord, l'Autrichienne Zoé, avec "Loin d'ici". Elle est super douce et super charmante, et aussi la Bulgare. (Il chante) Le titre m'a fasciné de jovialité et d'efficacité. Très bonne chanson ! Et la chanteuse est pétillante, elle est cool.

Amir reprend "Euphoria" de Loreen en acoustique :



Qu'est-ce que tu réponds à ceux qui regrettent que tu chantes aussi en anglais ?
Je pense qu'il faut comprendre que dans ce concours, la plupart des gagnants - et des concurrents tout simplement - chantent en anglais, peu importe d'où ils viennent. Il faut l'accepter. Je pense que d'avoir pris une chanson, où l'histoire est racontée en français mais qu'on garde un refrain en anglais pour les 200 millions et quelques personnes qui ne parlent pas français mais qui regardent l'Eurovision, c'est un avantage pour la France. Si les gens veulent être malins et intelligents, ils doivent comprendre que je ne dis pas qu'il faut envoyer une chanson intégralement en anglais comme tout le monde. Mais avoir majoritairement du français nous permet mine de rien de faire écouter notre langue à des gens qui ne l'auraient jamais entendu autrement.

Il y a d'ailleurs une version totalement en anglais qui est sortie...
Oui, on l'a sortie pour l'export. Figure-toi que la plupart des gens ont donné un retour très clair qu'ils préfèrent celle où il y a du français... Donc ceux qui pensent qu'on ne met pas la langue française en valeur ont tort !

« Pour me démarquer, je vais porter un string ! »
Niveau scénique, c'est souvent une prestation forte ou un personnage fort qui remporte le concours. Quand on voit que le candidat de la Biélorussie veut chanter nu avec des loups... Tu vas faire comment toi pour te démarquer ?
Aujourd'hui à la conférence on m'a demandé ce que j'allais porter mais je ne peux rien dévoiler puisque tout est secret. J'ai dit que j'allais porter un string ! (Rires) Très sincèrement, il y aura un package. Et ce sera très certainement axé sur l'élégance et le raffinement à la française. On ne va pas essayer de faire quelque chose d'excentrique, ça ne me ressemble pas !

Tu as vécu en Israël, tu as participé à l'équivalent de "Nouvelle Star", tu as sorti un album ici... Pourquoi ne pas avoir représenté Israël à l'Eurovision ? Tu aurais aimé ?
Justement, je pense que si on me l'avait proposé en Israël, j'aurais réfléchi car je suis bi-national. C'est quelque chose qui flatte quand un pays te demande de le représenter. Mais je n'ai pas de carrière musicale en Israël du tout. Je suis venu en France pour faire "The Voice" et depuis les choses ont pris cette figure-là en France uniquement. En Israël, on est resté sur "Amir le dentiste". Et je suppose qu'ils n'auraient pas proposé à un dentiste de faire l'Eurovision ! (Rires) C'est maintenant qu'ils me découvrent grâce à la chanson pour la France...

A ECOUTER - Eurovision 2016 : toutes les chansons en lice en une playlist !

Vraiment ?
Oui, c'est surprenant de voir que ma carrière se développe en Israël parce que je représente la France à l'Eurovision. D'ailleurs, cette question-là, qui vient de toi journaliste français, se répète aussi du côté israélien. On me dit "Tu es Israélien pourquoi tu es parti représenter la France ?". Mais je leur dit "Est-ce qu'il y a cinq mois quand on m'a proposé de représenter la France tu étais conscient que j'étais chanteur ?". La réponse est non ! A mes yeux, même si je suis 100% Français pour l'Eurovision, si jamais on arrive à avoir un beau score, je pense que même les Israéliens seront fiers. C'est ça qui est beau. C'est une joie qui peut se transmettre entre plusieurs nations.

C'est vrai que tous les Israéliens que je rencontre sont vraiment fiers que tu représentes la France. Ils me disent "On va lui donner 12 points !"...
Ça me fait vraiment plaisir.

« J'attends l'avis de Jenifer sur mon album ! »
Parlons de ton album "Au coeur de moi". A quoi doit-on s'attendre ?
C'est un album de pop-électro, dans la même veine que "J'ai cherché", tout en étant assez varié dans les tempos et dans les thèmes abordés. Il y a des inspirations OneRepublic, Pharrell, Bruno Mars, Sia... On est sur cette pop américaine, moderne en termes de réalisation. J'ai voulu que les textes soient très communicatifs comme "J'ai cherché", sans délaisser le côté textuel et profond. Je pense qu'une chanson n'a pas lieu d'être si elle ne raconte pas une histoire qui marque et qui émeut, et à laquelle l'auditeur peut se relier et s'attacher. C'est pourquoi on a mis deux ans à travailler cet album... Il était plus simple de faire un album avec des mélodies faciles et des textes faciles, alors on a pris notre temps pour délivrer un vrai message.

Pourquoi avoir choisi ce titre pour l'album ?
Chaque chanson dévoile un autre aspect de ce que je ressens, de ce que j'ai envie de dire des choses de la vie.

Il y a une très belle chanson sur ton père, "A ta manière".
Merci... On l'a sortie quand on m'a demandé quelle chanson je voulais offrir au public avant la sortie de l'album. J'ai choisi cette chanson-là car l'album s'appelle "Au coeur de moi" donc autant y aller jusqu'au bout. Comme premier titre, je voulais montrer la chanson la plus personnelle de l'album.

Tu as envoyé ton album à Jenifer qui était ta coach dans "The Voice" ?
Je ne l'ai pas fait car je sais que ma maison de disques l'a fait. J'attends son retour, on va voir ce qu'elle en pense !

Qu'est-ce qu'on peut te souhaiter pour la suite ? Tu t'es mis un objectif pour l'Eurovision : top 10 ? Top 5 ?
Je vais te donner un objectif beaucoup plus sérieux que l'Eurovision. C'est vrai que l'Eurovision est une étape pour moi dans ma carrière, dans laquelle je compte assurer. Mais je compte avant tout revenir en France en sachant que les Français étaient très fiers de cette prestation et qu'ils ont été bien représentés auprès de l'Europe. Mais si tu me demandes ce que je me souhaite globalement c'est que dans deux ans on refasse une interview ensemble sur le deuxième ou le troisième album. J'espère que c'est un début de chemin qui durera longtemps.

Crédits photo : Renaud Corlouer .

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