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Utada Hikaru • Fantôme (2016)


Mistaken

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Voici un sujet où vous pourrez partager vos impressions sur Fantôme, le nouvel album japonais d'Utada Hikaru.

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01. Michi
02. Ore no Kanojo
03. Hanataba wo Kimi ni
04. Nijikan Dake no Vacance (feat. Shiina Ringo)
05. Ningyo
06. Tomodachi (feat. Obukuro Nariaki)
07. Manatsu no Toorimae
08. Kouya No Ookami
09. Boukyaku feat. Kohh)
10. Jinsei Saikou no Hi
11. Sakura Nagashi

D'ailleurs, j'inaugure ce sujet avec ma critique personnelle!

Lorsqu’elle mit ses activités musicales entre parenthèses à la fin de l’année 2010 (peu après la sortie de son second best of et des deux concerts qui ont suivis), Utada Hikaru a surpris plus d’un fan. Avec le recul, cette annonce n’avait rien de surprenant : à plusieurs reprises, la chanteuse avait évoqué son envie de s’éloigner de l’industrie musicale nipponne afin de profiter de sa vie. Au cours des six dernières années, la chanteuse fit tout de même parler d’elle : en 2012 avec la sortie de Sakura Nagashi mais aussi à cause du décès de sa mère, son second mariage et la naissance de son premier enfant.

C’est dans ce contexte un peu particulier que sort Fantôme, son nouvel album original en japonais. Quand on regarde le titre, on comprend qu’Hikaru va évoquer le décès de sa mère sur plusieurs titres ; disparition qui l’a profondément marquée. C’est ce que démontre Ningyo, première chanson qu’elle a écrite après ce triste événement. A ce moment-là, elle ne savait pas si elle serait capable de composer, de mettre des mots sur ce qu’elle vivait. Force est de constater qu’elle y est parvenue avec brio: elle admet, via l’utilisation d’images poétiques, que ce décès la hante encore et qu’elle a eu du mal à accepter le vide généré par cette absence brutale. Pour habiller ces paroles intimistes, l’artiste compose une instrumentale pour le moins dépouillée qui s’éloigne un peu des sonorités explorées habituellement sur ses albums nippons. De loin, la chanson que je préfère sur l’album.

On retrouve cette sincérité sur les deux ballades dévoilées au printemps 2016 : Manatsu No Tooriame et Hanataba Wo Kimi No. Derrière ces paroles pour le moins classiques, on peut à nouveau y voir un lien avec la mort de sa mère : la chanteuse tente, au départ de nier l’évidence mais par la suite, elle finit par l’accepter ; mieux, à reprendre le dessus en allant de l’avant. Elle exprime aussi ces sentiments dans Michi, piste d’ouverture de l’album. Néanmoins, elle se distingue de par son instrumentale pop électro pour le moins agréable et qui a le mérite de ne pas céder totalement aux tendances actuelles ; un détail qui me permet d’apprécier ce titre à vrai dire.

Outre ce décès, les changements survenus dans sa vie personnelle ont aussi eu un impact non négligeable sur les chansons où l’artiste explore un thème phare : l’amour. Il faut bien admettre que les chansons en question peuvent surprendre car Hikaru ose aborder ce thème sous différents aspects. Ore No Kanojo, mélange improbable entre pop et jazz, est une piste où elle expose le point de vue des deux membres du couple : si les sentiments de l’homme sont plus ou moins "superficiels", ceux de sa petite amie sont en revanche plus intimes. Et le choix du français pour parler de ces derniers n’est pas anodin: c’est comme si la jeune femme avait honte de les exprimer de manière si explicite dans la langue japonaise. Honnêtement, c’est l’une des chansons que je préfère sur le disque. Tomodachi, duo avec Obukuro Nariaki, se démarque de par son texte : Utada évoque un ami gay en souffrance car ce dernier est amoureux d’un hétérosexuel. Le thème de la souffrance est également présent sur Boukyagu (feat. Kohh) : néanmoins, la chanson est plus intéressante sur le plan musical puisqu’elle mélange sonorités pop et hip-hop alternatifs. Ce mix a de quoi surprendre mais il fonctionne à merveille (elle rappelle Kremlin Dusk, mémorable piste extraite d’Exodus); de même pour le mariage des voix. Sans être aussi surprenante, Kougya No Oakami n’est pas trop mauvaise. Néanmoins, c’est la chanson la moins marquante de l’ensemble enfin… selon moi.

Il est maintenant temps de s’intéresser aux chansons restantes, du moins les plus « légères » d’entre elles. Malgré un quotidien parfois pesant, Utada démontre qu’on a souvent besoin de s’échapper ne serait-ce que quelques instants : ce sentiment est clairement mis en avant sur Nijikan Dake No Vacance, duo avec Shiina Ringo. Inutile de dire que ce duo fonctionne très bien mais musicalement, la chanson a aussi le mérite d’apporter un peu de nouveauté puisqu’on retrouve des sonorités pop/rock qui rappelle un peu les années 60. Sans être aussi marquante que sa consœur, Jinsei Saikou No Hi brille grâce aux paroles légères écrites par la chanteuse (elle évoque avec enthousiasme une future rencontre). Seul regret : cette chanson pop (qui rappelle quelque peu Keep Tryin’ à cause de son atmosphère légère et planante) est bien trop courte.

L’exploration se termine avec Sakura Nagashi, la piste de clôture. Malgré son ancienneté (elle est sortie en 2012), les paroles de la chanson prennent désormais un sens particulier : nous parvenons tous à accéder au bonheur (« Everybody finds love in the end ») malgré les événements auxquels nous devons faire face. Entre nous, je serai tenté de dire qu’elle synthétise à elle seule l’ensemble de l’album mais ce serait faire preuve de mauvaise foi. Musicalement, Sakura Nagashi illustre le petit changement opéré par Hikki : la musique est plus organique (j’entends par là qu’Hikaru utilise davantage de vrais instruments à la place de son vieux synthé) et de ce fait, plus riche.

Tout en conservant ce qui fait sa force, Utada Hikaru parvient à mettre en avant un élément non négligeable : elle a indiscutablement gagné en maturité en tant qu’artiste et femme. On se retrouve ainsi dans une situation proche de l’ère « Deep River », période synonyme de changements tant sur le plan musical que visuel. Autre élément important : malgré sa longue absence, l’artiste a réussi à conserver l’affection du public. Pour preuve, Fantôme s’est écoulé à plus de 600 000 exemplaires (750 000 en ajoutant les ventes digitales) à ce jour et ce, avec la mise en vente d’une seule édition physique du dit album

Une nouvelle question se pose : dans quelle direction va s’aventurer l’artiste ? Elle le dit elle-même : elle ne sait pas si elle proposera un disque aussi intimiste à l’avenir. Il n’y a plus qu’à attendre patiemment la suite… en espérant que l’attente ne sera pas trop longue.

Bonne lecture (et bonne découverte si vous découvrez l'album seulement maintenant). ^^

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